AU PALAIS Le verre d’eau qui accuse…
- Votre adresse actuelle ?, demande le président en début d’audience.
- Je ne la connais pas vu que j’ai déménagé, répond Mehdi.
Ce jeune homme de 20 ans, célibataire, sans enfants et en formation dans une boulangerie, a une mention au casier judiciaire pour une tentative de vol. Cette semaine, il comparaissait devant le tribunal correctionnel de Nîmes pour vol aggravé sous la menace d’une arme en l’occurrence une bouteille.
Le 16 février 2015, à Nîmes, il aurait menacé un septuagénaire avec cette bouteille pour obtenir son code de carte bleue. Mais les faits sont flous : la victime recevait à son domicile beaucoup de jeunes du quartier. Rien ne prouve que Mehdi faisait partie des agresseurs ce jour-là, bien que son ADN ait été retrouvé sur un verre. Ce dernier s’explique :
- J’avoue être allé chez cette personne. J’ai bu un verre d’eau que j’ai reposé dans son lavabo. Et je suis reparti.
- Pour quelle raison allez-vous boire un verre d’eau chez ce Monsieur ? Surtout au mois de février où il ne fait pas spécialement chaud, interroge le président Jean-Pierre Bandiera.
- J’avais envie de boire !
Tout simplement ! Mehdi poursuit :
- Cette personne, elle est gentille, elle est vraiment formidable. Je ne peux pas violer l’intimité de quelqu’un. Mais pour moi, elle se trompe : elle m’a déjà vu mais pas le jour des faits.
Pour le procureur, il n’y a pas de doutes possibles : Mehdi a commis les faits et mérite un an de prison. L’avocat du prévenu, Maître Carmelo Vialette, n’est pas du même avis. Il s’attache à démontrer que l’ADN indique seulement que son client a bien bu un verre chez la victime. Et que le septuagénaire n’est pas vraiment formel sur la présence de l’auteur présumé. Alors que la plaidoirie plutôt convaincante de l’avocat se termine, Mehdi est invité à prendre la parole en dernier. En voulant faire bonne impression, il met à mal tout le discours de son conseil :
- Je tiens à m’excuser auprès de cette victime !
Un dernier mot étonnant de la part d’un innocent… Le président Bandiera relève aussitôt :
- Vous vous excusez des faits ?
- Euh… non, je m’excuse… Voilà…
Au bénéfice du doute, le tribunal prononce une relaxe. Mehdi s’en sort bien et pourra reprendre sa formation dans une boulangerie.
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