Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 30.06.2017 - anthony-maurin - 5 min  - vu 312 fois

FAIT DU JOUR En immersion dans les Grands Jeux Romains

Un esclave heureux de l'être! (Photo Tony Duret).

Pour la première fois de leur histoire les Grands Jeux Romains accueillaient, parmi les rangs de ses reconstitueurs, un journaliste en immersion. Le temps d'un week-end prolongé, place à l'histoire, au spectacle et aux rencontres humaines d'exception.

Tout est parti d'un pari un peu fou mais bigrement excitant. Un café en compagnie de Michael Couzigou, directeur des Arènes pour le compte de Culturespaces, des mots en l'air, un partenariat bien réel et zou, c'est parti, on se lance dans la bataille des Grands Jeux Romains 2017! Pour la première fois de son histoire, l'événement accueille un journaliste en immersion pour quatre jours de reconstitution historique de renommée internationale.

2017, année celtique pour les GJR. Afin de coller un tantinet à l'image souhaitée, je me laisse pousser barbe et cheveux (dans l'anarchie la plus totale) pour avoir une drôle de bouille antique qui est finalement fort sympathique à arborer...

Entrée sur la piste des arènes (Photo NB).

Si on pousse encore un peu plus, on tombe sur mon nom, Maurin. Les descendants des armées d'Hannibal (édition 2015 des GJR) restés dans nos contrées auraient pris ce nom. Pour le prénom, convenons-en, Anthony n'est pas super méridional. Une tignasse blonde, une barbe rousse, des formes généreuses, un nom du sud, allez comprendre le concept! Je suis Nîmois et enraciné dans le quartier depuis plusieurs siècles au vu de l'arbre généalogique... De là à dire que les Celtes sont mes ancêtres directs, il n'y a qu'un brin d'ADN! Logique, donc, que je ne me sente pas dépaysé face à cet événement qui rassemble chaque année des dizaines de milliers de personnes dans l'amphithéâtre bimillénaire.

Esclave de haute lignée

Ensuite, il fallait qu'on me trouve un rôle... Pas facile. Grassouillet, peu adapté au combat rapproché, à la force extrême et à l'exposition musculaire et huileuse, je ne veux pas gêner. Mais à quelle sauce vais-je donc être relooké (reluqué)? Il ne faut pas faire capoter le spectacle sous des prétextes fallacieux. Ludovic Moignet, haut dignitaire du venu du nord, a une idée qui en déclenche immédiatement une seconde dans ma caboche. "Esclave" qu'il me dit. Quitte à se mettre au service d'une cause, autant aller jusqu'au bout de l'idéal. "Esclave des trois jeunes guerrières (Jenny, Max et Raph) de la garde rapprochée de Boudica", la reine celte qui est la star de l'édition 2017, je suis en bonne place! Trois guerrières, une reine, sa remplaçante en cas de blessure, un général qui fait aussi office de druide, bref, le pressentiment est bon mais je ne connais encore ni les uns ni les autres.

Un druide sur un char, un esclave en souffrance (Photo SC).

Première rencontre, premiers jeux. La veille de la première représentation est venue l'heure de la répétition générale. Un grand brouillon dessiné à main levée puis affiné au millimètre sur le sable de la piste par les ingénieurs historiques. Ensuite, on va forcément boire un coup. Sous les costumes impeccables, un homme et des femmes comme les autres. Décevant? Non, rassurant! Avec leur net penchant pour l'histoire et ses variations énigmatiques, le week-end s'annonce coloré et convivial. En plus, mon petit groupe vient de la Somme et fait les beaux jours du parc historique de Samara (sans rire allez y faire un tour, ça vaut franchement le détour).

Maintenant, comment rendre compte de cette expérience. Un article, c'est logique. Mais il faut quelque chose de plus vivant encore, une petite vidéo. Les reconstitueurs n'ont pas le droit de filmer mais Michael Couzigou nous propose de porter une caméra miniature très appréciée des sportifs. Dissimulée sous mon costume et grâce aux mains de fées de la couturière de l'aventure, la caméra "poitrine" est invisible aux yeux du public.

Mentula es, pour les intimes seulement

Braies, lacet en laine, tuniques en lin, chaussures, armes, boucliers... Tout est reproduit à l'identique. Même mon petit nom! Mentula es... Pour les latinistes décomplexés, lisez Tête de nœud. Esclave je suis, esclave je reste. Le temps d'un clin d’œil et d'un regard dans le miroir, je fais un voyage à travers le temps. Surtout quand je sors des arènes costumé et que je croise des "civils" souriants. Non je ne suis pas encore fada, je suis un esclave celte! Les défilés dans les rues, en matinée avant les spectacles, sont un pur bonheur.

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Le spectacle. Dans les allées sombres et cachées des arènes circulent des centaines de petites fourmis qui vont et viennent costumées mais sans antenne mais qui entendent la foule bouillonner. Si les reconstituteurs se connaissent et ont reçu le script du show, de mon côté, c'est la grande découverte. Je perçois les responsabilités de chacun et les passions communes. Oui, certains rôles sont plus importants que d'autres mais pour exister, ils ont besoin... des autres. C'est une chose à laquelle on ne pense que rarement mais qui saute aux yeux quand on est un tout petit rouage de ce vaste mécanisme. L'entraide est réelle, si un accessoire manque à l'appel, tout le monde se connecte pour trouver la solution de remplacement. Le problème de l'un est celui de tous. J'aime ça, l'appartenance à cette grande famille.

Dans le grand bain, le show, c'est chaud

Samedi 29 avril, journée ensoleillée et premier jour de spectacle. Petit couac, la caméra est restée à la maison, ça tombe bien, on se sert de cette journée inaugurale de mise en place pour se repérer dans l'espace et le temps. 500 reconstituteurs, des arènes bondées, un public bouillant et un script suivi au pied de la lettre sauf pour notre joyeuse troupe d'élite qui rentre du mauvais côté de la piste! Et oui, c'est aussi ça les GJR. L'impression est grandiose. Une arrivée sous les vivats du public, le bruit, la précipitation raisonnable, la précision des enchaînements, les changements de décors et de tenues. Au final, le spectacle semble plaire aux gradins et les reconstituteurs sont heureux de ce premier jour.

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Dimanche 30 avril, deuxième tournée et pas de soleil! Un temps celtique, nuageux et frais, un régal pour nous autres qui souffrons des rayons solaires. Pour moi, le meilleur des trois spectacles. Solennité et dynamisme. La pluie est de passage en matinée et les galères sont restées à quai. Le spectacle y gagne peut-être en vélocité. La bataille finale de cette journée purement nordique demeure un grand moment qui virevolte encore dans ma tête.

Lundi 1er mai, retour du soleil et de la chaleur. Croisé par hasard aux abords des arènes mon grand-père me fait l'incroyable surprise de venir assister au show depuis les gradins, c'est le seul instant où je ressens une quelconque pression. De toute façon, parmi les reconstituteurs, le lundi est le jour de la famille. Des dizaines de parents sont venus zyeuter leurs congénères costumés. Je ne déroge visiblement pas à la règle. Vous l'aurez compris, je ne ressors pas indemne de cette très courte immersion. Je ne suis pas fleur bleue mais je me souviens avec une certaine douceur de ces moments rares.

Merci, évidemment!

Un grand, non, immense merci à Michael Couzigou et aux équipes de Culturespaces qui ont permis de m'intégrer au spectacle dans les meilleures conditions possibles. Merci à Mike, Eric Teyssier, Eric Dars... A Ludo, Raph, Jenny, Max, Jo, Lisa, à Quentin Uriel de K-Prodz qui a réalisé la video et qui attend encore mon coup de fil, aux Limitis qui furent d'extraordinaires compagnons et bien sûr à Jeanne, ma reine!

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Une immersion à retrouver en vidéo : 

Anthony Maurin

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