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Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 18.06.2018 - elodie-boschet - 4 min  - vu 1428 fois

FAIT DU JOUR Annie Chapelier : « je ne veux plus de cette politique à l’ancienne »

Un an après son élection, Annie Chapelier dresse le bilan de sa première année de mandat. Photo Élodie Boschet/Objectif Gard

Le 18 juin 2017, Annie Chapelier, infirmière-anesthésiste de profession, était élue députée de la quatrième circonscription du Gard. Un an après, celle qui n’avait jamais fait de politique revient sur sa première année de mandat avec le franc-parler qui la caractérise.

Objectif Gard : Quel parcours en un an ! Vous souvenez-vous encore de votre vie d’avant ?

Annie Chapelier :  Évidemment ! Je travaillais environ 45h par semaine à l’hôpital Carémeau de Nîmes et, le reste du temps, j’allais à l’université Paul Valéry, à Montpellier, pour suivre un master d’anthropologie. Pour tout vous dire, je n’ai jamais été dans une situation installée. Je suis partie et revenue trois fois à l’hôpital, notamment pour vivre à Mayotte ou faire le tour du monde… Professionnellement parlant, je suis quelqu’un d’instable. Je ne fais jamais plus de trois ans quelque part.

Du coup, député pendant cinq ans, ce n’est pas trop long pour vous ?

(Elle sourit) Cette fois, je vais faire une exception…

Une année s’est écoulée depuis vos premiers pas à l’Assemblée Nationale. Quels souvenirs en gardez-vous ?

Dès le début, il y a eu une grande collégialité entre tous les nouveaux. Ça nous portait d’être tous derrière Macron. J’ai été épatée par la qualité du casting, avec des niveaux de compétences incroyables. Après, l’apprentissage du rôle de député n’est pas si compliqué que ça. C’est un vocabulaire à acquérir, mais ce n’est pas la mer à boire. Le travail d’un maire est infiniment plus complexe.

Justement, à votre retour en circonscription, comment se sont déroulés vos premiers rapports avec les élus et la population ?

Je partais du néant, ne connaissant personne, hormis le maire de mon village, Moussac. À ce jour, j’ai rencontré les deux tiers des maires. Ce que j’ai remarqué, c’est que certains sont très amers, voire acides, avant la rencontre. Et ça change très vite. Si bien que j’ai reçu plein de compliments.

Le fait d’être une femme a-t-il été un handicap ?

Cela complique les choses. Quelques personnes, largement minoritaires, ont des attitudes extrêmement machistes, à la limite de la puérilité.

Si notre mémoire est bonne, les débuts ont également été compliqués avec le maire d’Alès, Max Roustan…

Ne m’en parlez pas ! J’ai complètement renoncé à obtenir un rendez-vous avec lui. Il a pris au sérieux une rumeur selon laquelle j’allais me présenter à la mairie d’Alès en 2020 ! Je lui ai répété et encore répété que ce n’était pas dans mes projets et il a fini par me croire. Aujourd’hui, nos relations sont cordiales et je crois qu’il a compris que j’étais la députée de la quatrième circonscription.

C’est déjà un premier pas ! Et avec les autres députés gardois, les rapports sont-ils meilleurs ?

Ça dépend avec qui. Avec Anthony Cellier et Philippe Berta, ça se passe très bien. Françoise Dumas est toujours à l’étranger et Olivier Gaillard est un peu machiste sur les bords. Au final, on n’arrive pas à travailler en commun. Ce n’est pas faute de les relancer régulièrement, mais il y a deux groupes et celui formé par Olivier et Françoise, c’est typiquement cette politique à l’ancienne dont on ne veut plus.

« Personne n’est irremplaçable »

Revenons sur cette première année de députée. Quels dossiers vous ont marqués ?

C’est difficile de n’en citer que quelques-uns car notre fonction nous amène à nous intéresser à tout. J’ai beaucoup travaillé sur la relation entre la France et le Canada, notamment sur le CETA, le traité international de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada. Pour nous, c’est essentiel car nous avons besoin d’un ami en Amérique du Nord. Il s’agit par ailleurs d’un accord commercial énorme. Je me suis également penchée sur la question du droit des femmes, mais aussi sur la carte judiciaire, les conflits sociaux, les Ehpad ou encore le monde de entrepreneuriat que je trouve très actif sur Alès.

Ça en fait des occupations… Est-ce la raison pour laquelle on vous reproche d’être absente sur le terrain ?

C’est sûr, je suis plus souvent à Paris qu’en province. Il faut savoir que ceux qui me reprochent de ne pas être sur le terrain, me reprochent aussi de ne pas être à l’Assemblée. Mais dans les faits, sur les cinq dernières semaines, j’ai fait plus de 100h par semaine. C’est un rythme de dingue. Je suis sur les rotules. Quant à mon absence, ce n’est bien évidemment pas mon intention, mais il ne peut pas en être autrement.

Si l’on résume, en un an vous êtes passée des couloirs de l’hôpital Carémeau à l’avion présidentiel (relire ICI). Êtes-vous fière de votre parcours ?

La fierté ne m’a jamais traversée l’esprit. En revanche, mes enfants et mes parents sont très fiers de moi.

Au point de repartir pour un tour ? Et même si vous avez toujours dit que vous ne feriez qu’un seul mandat…

En aucun cas, je ne resterai... Ceux qui veulent faire croire aux électeurs qu’il faut plusieurs mandats pour réaliser des choses se trompent. Et puis, je suis carpe diem (*). Je n’aime pas être dans une zone de confort. J’ai cinquante ans et il y a encore tellement de choses que j’aimerais faire dans ma vie. Des infirmières-anesthésistes comme moi peuvent très bien devenir députée et passer le relais. Personne n’est irremplaçable.

Tony Duret & Élodie Boschet

Carpe diem est une locution latine extraite d'un poème d'Horace que l'on traduit en français par "cueille le jour présent sans te soucier du lendemain". 

Elodie Boschet

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