Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 08.10.2018 - abdel-samari - 3 min  - vu 618 fois

LE 7H50 d'Olivier Noblecourt : "Plan pauvreté : l'État va apporter de l'oxygène au Gard"

Dans le cadre du déplacement prévu ce lundi à Nîmes, Olivier Noblecourt, délégué interministériel à la prévention et à la lutte contre la pauvreté, est l'invité du 7h50 de ObjectifGard.
Mr Olivier NOBLECOURT, Délégué interministériel à la prévention et à la lutte contre la pauvreté des enfants et des jeunes.

Il a rendez-vous avec Denis Bouad, le président du conseil départemental du Gard, pour contractualiser les grandes lignes de la stratégie pauvreté du département, le Gard faisant partie des 10 territoires démonstrateurs de France.

Objectif Gard : Le Président Emmanuel Macron a présenté les grandes lignes du plan pauvreté. Pouvez-vous nous dire en quoi ce plan sera plus efficace que les plans présentés jusque-là par les gouvernements successifs ?

Olivier Noblecourt : Ce qui caractérise la stratégie en premier lieu concerne la politique de prévention de la pauvreté des jeunes enfants ainsi que l'investissement social en faveur du retour à l'emploi. Le premier enjeu c'est donc de lutter contre les phénomènes dont la construction a lieu dès le plus jeune âge, notamment en fonction de l'origine sociale. Jusque là, les gouvernements ont plutôt pratiqués une politique curative, bien trop tard pour agir durablement. Aujourd'hui, on ne peut plus se satisfaire d'une politique qui ne soit que financière. Nous le faisons avec l'augmentation de la prime d'activité mais notre objectif principal est le retour vers l'emploi en accompagnant ceux qui en sont le plus éloigné.

Pour y parvenir vous misez sur la formation ?

C'est un des leviers pour permettre le retour vers l'emploi. Des emplois non pourvus mais aussi des emplois adaptés au monde économique d'aujourd'hui et de demain. Mais notre plan de lutte contre la pauvreté c'est aussi de permettre d'accompagner chacun pour qu'il puisse être dans les meilleures dispositions sociales, lutter contre les difficultés médico-sociales, les addictions...

Pourquoi avoir choisi le Gard comme l’un des 10 territoires démonstrateurs de la stratégie pauvreté ?

Le département était volontaire pour participer à cette expérimentation. Je voudrais d'ailleurs rendre hommage à Denis Bouad, très engagé sur la question de lutte contre toutes les pauvretés. Par ailleurs, le Gard est une terre contrastée avec des ensembles urbains comme Nîmes, Alès ou encore Bagnols-sur-Cèze dont les poches de pauvreté sont nombreuses. Mais c'est aussi un territoire qui présente un milieu rural en grande précarité. Il présente différentes formes de carences sociales et économiques avec, par endroit, un caractère particulièrement aigu.

Concrètement, quelles seront les premières mesures mises en place sur le département et à partir de quand ?

Ce que nous souhaitons, c'est d'aller le plus vite possible. Ce lundi, nous allons travailler pour une contractualisation avec le Département du Gard afin de démarrer l'expérimentation dès le 1er janvier 2019. Nous monterons en charge progressivement mais l'enjeu est l'effectivité immédiate. Ce projet repose sur quatre thématiques principales qui doivent, à travers leurs résultats, nous éclairer pour généraliser au niveau national. Nous avons un premier sujet qui concerne les droits essentiels des enfants autour de la santé, l'alimentation et le logement. Ensuite par ailleurs l'aide sociale à l'enfance. Nous ne pouvons plus accepter qu'un quart des enfants soit sans domicile fixe. Nous devons sortir du schéma de cumul des difficultés. La troisième thématique concerne l'accès au droit et l'accompagnement social. Comment connaître ses droits et y accéder. Enfin, le dernier volet a pour but de trouver toutes les solutions d'accompagnement vers l'emploi des allocataires du RSA (Revenu de solidarité active). Il faut un état des lieux précis de la situation de chaque allocataire afin d'établir une feuille de route sur ce public cible pour un retour vers l'emploi le plus rapidement possible.

Denis Bouad, le président du conseil départemental du Gard, tire régulièrement la sonnette d’alarme sur le manque de ressources pour financer le RSA. Il est d’ailleurs extrêmement timoré à engager le Gard sur votre projet pilote en raison du pacte financier imposé par l’État. Comment le rassurer ?

Je viens avec de bonnes nouvelles et des solutions financières. Nous allons contractualiser avec des propositions claires qui seront financées à l'euro près mais qui appelleront des résultats. Il n'y a pas de choses cachées. Ce sont des moyens supplémentaires mais avec une exigence essentielle : nous devrons mesurer rapidement l'impact des solutions mises en oeuvre. Que les choses soient claires : ce département est volontariste et il doit à la fois tenir ses engagements financiers via le Pacte financier imposé par l'État. Nous ne sommes pas là pour mettre en difficulté mais pour apporter de l'oxygène. Tout est question d'équilibre.

Votre volonté est d’instaurer un Revenu universel d’activité. Finalement, ce projet défendu par Benoit Hamon lors de la présidentielle 2017 prend tout son sens ?

Il diffère fortement. L'esprit des propositions de Benoit Hamon lors de la Présidentielle était déconnecté du travail. Nous sommes dans le constat inverse : on souhaite apporter l'autonomie à chacun pour accompagner son projet de vie et son retour à l'emploi. Regardez le financement de la Sécurité Sociale. Il est aujourd'hui intimement lié au travail. Nous souhaitons de la même façon conquérir l'autonomie. Pour cela, nous proposons un Revenu universel d'activité qui offre à tous un socle social permettant un épanouissement personnel plus juste, plus incitatif au travail. Ce n'est pas un revenu d'assistance financé par l’impôt mais bien un modèle contributif lié directement au travail.

Propos recueillis par Abdel Samari

Abdel Samari

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