FAIT DU SOIR Fusillade au Mas de Mingue : "On se croyait à la guerre"

Des impacts de la rafale mortelle tirée hier soir au Mas de Mingue
- Photo Corentin CorgerDes habitantes témoignent après la mort d'un homme hier soir dans le quartier nîmois.
Depuis quelques jours, Nîmes connaît un regain de violence. En cause : très probablement les trafiquants qui ont décidé de mener une nouvelle bataille sanglante dans cette guerre incessante liée au trafic de drogue. Une lutte qui continue de faire des victimes collatérales. Hier soir, au Mas de Mingue, un homme d'une cinquantaine d'années a été tué. Son profil semble, à ce stade de l'enquête, très éloigné du monde des stupéfiants. "Il venait souvent à cet endroit et vendait des melons", explique une habitante. Un autre homme, âgé d'une trentaine d'années, a été blessé aux bras et évacué aux urgences sans que son pronostic vital ne soit engagé.
Ce vendredi matin, plusieurs habitantes se sont rendues au centre social Jean-Paulhan, situé à quelques mètres du lieu du drame. La ville de Nîmes y a mis en place un accueil d’appui psychologique avec des entretiens individuels d’urgence. Les cas les plus lourds ont été transmis à la cellule d’urgence médico-psychiatrique du Gard. Car cette fusillade s'est déroulée en présence de nombreux habitants du quartier autour de 21h30, à l'heure où les familles en profitent pour sortir prendre l'air quand la chaleur retombe enfin. "On se croyait à la guerre, je tremble encore", confie un témoin de la scène (voir vidéo ci-dessous).
"On n'est pas passé loin du carnage. Cinq minutes après le drame, les fidèles sortaient de la mosquée. C'est du terrorisme, cette situation n'est pas normale", a tenu à rappeler François Courdil, adjoint délégué aux Centres sociaux, devant les habitantes présentes. Ce dernier a accompagné Franck Proust (voir vidéo ci-dessous), premier adjoint, afin d'échanger avec ces mères de famille forcément inquiètes. Et surtout, aborder des solutions pour tenter d'éradiquer ce fléau qui ne touche pas que Nîmes.
"Il y avait à ce moment-là dans la rue, des enfants, des mamans, des personnes qui n'ont rien à voir avec le trafic et qui veulent juste vivre tranquillement", ajoute le président de la mosquée du mas de Mingue, Mohamed Amar. "Je suis choqué, nous sommes choqués. Il y a un mort et un blessé, mais il y aurait pu avoir un véritable carnage si ces individus avaient atteint les enfants qui jouaient juste derrière", ajoute-t-il en demandant au préfet du Gard de venir dans le quartier pour se rendre compte de la situation. "Nous attendons de la réactivité de la part des autorités", complète le responsable cultuel. "On a été choqué de voir sur les réseaux sociaux un feu d'artifice et des célébrations à Pissevin alors qu'un homme était mort", s'insurge une résidente. Dans leur requête, ces habitantes réclament de "taper sur les consommateurs, on voit même des mamans en poussette venir acheter".
"Une guerre continuellement alimentée par de nouveaux réseaux"
Reste le problème du trafic de stupéfiants dans la ville du Nîmes et sur certaines places fortes dans les quartiers populaires. "Une guerre qui est continuellement alimentée par de nouveaux réseaux, par ceux qui veulent prendre la part du gâteau, par des jeunes qui voient les aînés se remplir les poches facilement ou par ceux qui sortent de prison et qui veulent redevenir les rois du quartier et surtout des trafics", souligne un enquêteur gardois.
Parfois, ce sont des gens extérieurs aux quartiers qui sont recrutés pour mener le trafic ou plutôt pour faire les basses besognes comme vendre sur les points de deal, surveiller le point de deal. De plus en plus "de travailleurs" extérieurs au département sont "employés" par les gangs. Un "travail" de petites mains, de plus en plus risqué, car les armes de guerre parlent.
Ce drame survenu hier soir avec la mort d'un homme probablement totalement extérieur au trafic n'est pas malheureusement le premier. Mais au Mas de Mingue, comme dans d'autres quartiers populaires nîmois touchés par ces violences, certaines personnes ont peur et réfléchissent à partir pour leur sécurité.