Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 19.01.2019 - kelly-peyron - 4 min  - vu 1776 fois

FAIT DU JOUR Le disque vinyle : c’est reparti pour 33 tours !

Face à face, rue des Lombards, l’Arbouse Store et Trou Noir disques croient toujours en l’avenir du vinyle !

Eric Ertlé a ouvert sa boutique le 17 novembre 2017 ( Photo Kelly Peyron )

En 2017, 3,1 millions de vinyles ont été vendus en France, soit +56% par rapport à 2016. Un regain de la galette noire qui donne de l’espoir à tous les vendeurs de disques. Dans la rue des Lombards, on n’a jamais cessé d’y croire. Pour L’Arbouse Store et Trou Noir disques, le vinyle n’a jamais disparu. 

Il y a trois ans, le disquaire historique 340 ms fermait ses portes rue Auguste Pellet. Malgré un net regain d’intérêt pour les galettes noires, ce second souffle fût fatal à la boutique. Les amoureux du disque ont dû attendre deux longues années avant qu’Éric Ertlé reprenne le flambeau et ouvre L’Arbouse Store. Par un curieux hasard, il est rejoint en septembre 2018, par Stéphane Kdadcasse et Philippe Gabreau qui ouvrent Trou Noir disques... face à sa boutique !

« Les gens ont envie d’avoir un objet dans les mains »

La boutique Arbouse Store propose tous les genres de musiques, pop/rock, reggae, variétés françaises... ( Photo Facebook Arbouse Store )

Éric Ertlé a toujours été passionné par la musique. Infographiste de métier, lorsque sa boîte a fermé il a décidé de relancer sa vie professionnelle avec quelque chose qui lui plaisait. « J’ai eu envie d’essayer ! Je me suis dit, si je le fais pas, je pourrais pas savoir ! », confie-t-il installé derrière la caisse de son magasin. Un pari risqué ? Éric comptait évidemment sur le regain du disque : « Depuis 5 ans, c’est en pleine évolution ! », affirme-t-il.

Mais comment expliquer ce nouvel intérêt pour les 33 tours ? La raison est assez simple pour le quinquagénaire : « La musique s’est dématérialisée depuis les MP3 et les plateformes de téléchargements. Maintenant, les gens ont envie d’avoir un objet dans les mains, de toucher le disque, la couverture… » Et la tendance vintage a aussi joué son rôle !

« Des jeunes viennent pour écouter les disques que leurs parents écoutaient »

Plusieurs fois par semaine, Éric publie sur la page Facebook Arbouse Store des photos de ses dernières trouvailles ( Photo Facebook Arbouse Store )

Nouvelle star des brocantes, le vintage est une tendance que l’on trouve partout. Bien plus qu’une mode, ce phénomène s’expliquerait par un besoin de retourner vers le passé, vers des valeurs meilleures. Et la galette de vinyle n’a pas dérogé à la règle : « Des jeunes viennent pour écouter les disques que leur parent écoutaient… Une fois qu’ils ont redécouvert le vrai son, ils reviennent ! » Et en effet, tous les experts vous le diront : rien ne vaut le son bien chaud et authentique d’un bon vieux vinyle !

La boutique fait pourtant face à une très grosse concurrence… Et, en l’occurrence il ne s’agit pas de la boutique voisine Trou Noir disques. Éric est très heureux qu’elle ait ouvert : « Ils sont venus me voir avant d’ouvrir. Quand un client veut quelque chose que je n’ai pas, je l’envoie en face. On se renvoie la balle ainsi. » Il poursuit, « la concurrence déloyale, ce sont les grandes enseignes comme la Fnac. Ils sont très forts. »

« Notre boutique marche bien. Pour le moment ! »

Philippe Gabreau et Stéphane Kbadcasse ont ouvert leur boutique en septembre 2018 ( Photo Kelly Peyron )

Un fait confirmé par les propriétaires de la boutique Trou Noir disques : « La Fnac détruit notre indépendance. Ils ont d’abord vendus des CD et tués les disquaires. Et maintenant que les vinyles reviennent à la mode, ils nous tuent une seconde fois », peste Philippe Gabreau, ancien vendeur de 340 ms.

Une concurrence qui ne les a pas empêchés de mener leur projet à terme. Lorsque l’historique boutique 340 ms a définitivement fermé, les passionnés de la galette noire ont dû trouver une solution pour se fournir en musique et Stéphane Kbadcasse a eu l’idée de créer des stands éphémères. « J’ai commencé par vendre des vinyles à la sortie des concerts », explique-t-il.

Peu de temps après le début de son nouveau marché, il rencontre Philippe Gabreau et un question se pose : « Pourquoi ne pas stocker les vinyles dans un endroit visible entre deux stands ? » Thomas Bérard, propriétaire de la boutique Bonjour, rue des Lombards, leur propose d’exposer leurs vinyles dans une petite pièce du magasin. « Rapidement, ça s’est transformé en petite boutique », raconte Stéphane, le groupe Noisia en fond musical. Cinq mois après l’ouverture, les affaires vont bien. « Notre boutique marche bien pour le moment ! », se rassurent-il.

« Pourquoi ça revient ? Mais ça n’a jamais fini ! »

Dans la boutique Trou Noir disques, les vinyles se vendent entre 5€ et 20€ ( Photo Stéphane Kbadcasse )

Le vinyle revient-il en force ? Pour Philippe, il n’est pas question d’effet de mode : « Pourquoi ça revient ? Mais ça n’a jamais fini, dit-il d’un ton rieur. Les gens qui aiment la musique, la vraie. Ils ont toujours écouté des vinyles ! » Il est tout de même forcé de constater que depuis quelques années, la tendance vintage a aidé le vinyle à sortir des greniers.

Lassés de la dématérialisation, les deux vendeurs sont en accord avec les paroles d’Éric. « Les gens ont envie de revenir au plaisir d’avoir un objet dans les mains. Spotify, Deezer c’est bien mais quand on veut se poser écouter de la musique, il n’y a rien de mieux que le vinyle ! », affirme Philippe.

Depuis que les 33 tours sont revenus à la mode, la FNAC surfe sur ce phénomène et remplit ses étalages de disques noirs. Le vinyle a encore de beau jour devant lui, mais l’avenir des boutiques est moins certain : « On va tout faire pour continuer à exister », conclu le sexagénaire, un fin sourire aux lèvres.

Kelly Peyron 

Kelly Peyron

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