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Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 11.12.2019 - abdel-samari - 3 min  - vu 1270 fois

FAIT DU JOUR Vivadom, la bienveillance dans un quotidien difficile

Photo DR

62 ans dans le Gard et quelques rides pour Vivadom qui poursuit - non sans mal - son développement. Guillaume Natton, le directeur général, se bat chaque jour aux cotés de ses 800 salariés pour faire face au vieillissement de la population et à un marché de l'autonomie grandissant. Mais aussi pour convaincre de nouveaux salariés de rejoindre le monde de l'aide à la personne. Un travail passionnant mais éreintant. 

Vivadom est une entreprise du secteur de ce que l'on appelle l'économie sociale. "Avec des valeurs humanistes", rajoute d'emblée Guillaume Natton, le directeur général et ancien rugbyman, qui sait ô combien les valeurs ont de l'importance et pas seulement dans le sport. Avec 800 collaborateurs répartis sur l'ensemble du Gard notamment à Alès, Bessèges, Saint-Ambroix, La Grand'Combe, Générac et Nîmes et un chiffre d'affaires de 22 millions d'euros par an, l'association a très rapidement su s'imposer dans ce marché de l'aide à la personne en fort développement.

Guillaume Natton, directeur général chez Vivadom (Photo AS / Objectif Gard)

Même si depuis plusieurs décennies l'activité se porte bien, l'avenir pourrait être moins radieux. C'est pourquoi le patron de Vivadom anticipe et tente de trouver des solutions pour faire face à un personnel motivé mais isolé au quotidien. Un personnel qui aime son métier pour la très grande majorité, "un métier chevillé au corps" mais qui souffre au quotidien aussi par le métier lui-même. "Notre personnel est quasi exclusivement féminin. Pourtant, c'est un métier très physique et psychologiquement éprouvant car il ne s'agit pas que d'entretien ou de ménage. Il faut aussi faire face à un public qui peut être atteint par la maladie, agressif..."

Les auxiliaires de vie sociale et les aides à domicile ont un quotidien difficile, indéniablement. Même avant d'arriver au domicile des patients, elles doivent déjà se confronter, dans certains coins du Gard, à la délinquance rampante. Avant de prendre une grande respiration, le temps de quelques minutes, pour devenir les confidentes des patients qu'elles visitent, souvent dans la douleur.

"Depuis deux ans, nous faisons face à un phénomène que l'on n'avait pas : la démission pour épuisement au travail. Elles préfèrent travailler dans des centres commerciaux même avec des horaires compliqués", se désole Guillaume Natton.

Et comme si cela ne suffisait pas, en matière de recrutement, les difficultés sont tout aussi nombreuses. "On ne paie pas assez les gens",reconnaît le patron de Vivadom. Sans oublier que la plupart des aides à domicile sont recruté(e)s sans qualification et ont donc peu de perspective d'évolution. Soumise à une convention collective nationale, chaque augmentation de salaire a un impact sur le principal financeur. "Cela fait partie des compétences en matière d'handicap et d'autonomie du Département du Gard. L'essentiel de notre activité est donc liée. Chaque prestation est facturée au Département qui a un budget que l'on ne doit pas dépasser."

C'est donc l'État qui doit prendre la mesure de cette situation intenable. Cet été, la députée du Gard Annie Chapelier a passé une journée avec les équipes de Vivadom pour se confronter au réel et faire remonter les difficultés à l'Assemblée nationale.

Dans le rapport sur la "revalorisation des métiers du grand âge" présenté à la fin du mois d'octobre dernier à la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, Myriam El Khomri dresse un constat sans appel sur la situation des auxiliaires de vie et des aides-soignantes œuvrant à domicile et dans les établissements. L'ex-ministre du Travail, plaide pour la revalorisation du statut et des salaires des aides à domicile et des soignantes en Ehpad. Mais pour l'instant rien ne bouge.

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Guillaume Natton n'a pas d'autres choix que de prendre les devants et de diversifier son activité. "On va proposer prochainement d'autres projets au Département mais aussi aux entreprises. En attendant, nous accentuons notre développement sur les crèches d'entreprises. Nous gérons deux crèches d'entreprise, celle du centre hospitalier de Nîmes et pour l'entreprise Phytocontrole. Nous espérons en avoir d'autres prochainement..."

Le directeur général de Vivadom ne s'en cache pas : c'est aussi un moyen de conserver plus longtemps son personnel. Pour lui, une seule chose compte aujourd'hui : faire en sorte que ses salariés soient enfin reconnues : "C'est ma seule ambition. Elles sont négligées alors qu'elle sont extraordinaires."

Pour améliorer le quotidien de ses équipes, la direction de Vivadom met en place des dispositifs d'accompagnement des salariés. Formation, encadrement, soutien... Tout est réuni pour favoriser un "turn over" plus faible mais surtout offrir un meilleur confort quotidien. "Se lever le matin, faire ce qu'elles font pour le salaire qu'on leur donne, il faut être sacrément motivé. Nous devons donc mettre tous les atouts pour leur offrir un avenir plus radieux."

Avec un directeur aussi lucide et bienveillant, le personnel de Vivadom peut déjà se sentir soutenu. Un premier pas non négligeable qui, espérons le, sera suivi d'effet à Paris dans les prochaines semaines.

Abdel Samari

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