Il est l’un des hommes forts de l’Armée en France. Le général, commandant de la 6^e BLB, Jean-Christophe Béchon, est en poste depuis cet été. Quelques mois après son installation, il évoque les enjeux de ses missions.

« Vous voyez, ici, c’est le souvenir. Cette division date de la Première Guerre Mondiale », souligne-t-il d’emblée en arrivant dans la grande salle de l’État-major. Né en 1968, le général de brigade Jean-Christophe Béchon est un saint-cyrien qui a effectué l’essentiel de sa carrière au sein de la Légion étrangère. Cambodge, Kosovo, Afghanistan, Tchad… Il connaît.

« Je suis Auvergnat, natif de Clermont-Ferrand. J’ai servi à Orange mais je suis heureux ici ! Il fait bon vivre. C’est une belle ville et les Nîmois sont des gens fiers. Quand je me balade en ville et que je marche dans l’Écusson, je suis agréablement surpris par le mélange des générations. On sent une identité forte ici », note celui qui est officier général depuis l’été 2018 et qui a pris son deuxième poste depuis.

Un cador prend la tête de la 6e BLB

Avant d’arriver à Nîmes, il a commandé le 1^er Régiment étranger de cavalerie à Orange puis a servi dans le domaine politico-militaire au cabinet des trois derniers Premiers ministres en poste. Il a aussi dirigé le centre des hautes études militaires à l’École militaire où il s’occupait de former des officiers. Officier de la Légion d’honneur et de l’ordre national du Mérite, titulaire d’une Croix de la valeur militaire, il est marié et père de quatre enfants.

Si la 6^ème Brigade légère blindée ne s’est installée à Nîmes qu’en 1984, son action est large. Deux centres de Cadets de la défense ont été créé en 2019 dans le Gard. L’âge moyen de la brigade est de 27 ans. Avec environ 4 000 militaires, Nîmes est une des plus grosses villes de garnison en France. « L’engagement militaire n’a nul autre pareil. Le "plan famille" nous aide à améliorer la vie des militaires. Ici, le logement est un peu compliqué mais nous prévoyons prochainement des nouveautés. Ce plan sera un axe d’efforts en 2020 » ajoute Jean-Christophe Béchon.

En 2020, la 6^ème BLB va déployer plus de 3 500 militaires sur trois continents pour des missions de quatre à six mois. Les opérations Barkhane, au Mali, et Chammal, au proche et Moyen-Orient, en tête de gondole. Mais ils seront aussi en Guyane, au Liban, à Djibouti, au Gabon, au Sénégal, en Côte d'Ivoire, aux Émirats Arabes Unis... Pour la seule ville de Nîmes, un millier de militaires s’apprête à partir en opération extérieure.

7 500 militaires sous ses ordres

« C’est un moment important pour nous. L’Armée connaît beaucoup de turn-over car une armée engagée est une armée jeune. Les ressources humaines sont primordiales », assure le général Béchon qui, malgré son emploi du temps, aime prendre quelques minutes pour marcher en centre-ville et découvrir un département qu’il ne connaît que très peu.

Le commandement de la base de défense Nîmes-Laudun-Larzac, celle qui est gérée par le général Béchon, s’établit sur quatre départements et compte 71 formations et près de 7 500 militaires. En tant que délégué militaire du département, le général Béchon est l’interface entre l’autorité civile et l’autorité militaire. Il conseille le préfet dans le domaine militaire et représente l’officier général de la zone qui est basé à Marseille. Sa mission est double car il doit promouvoir l’image et le rôle des armées sur le territoire mais doit aussi faire face aux menaces et aux risques afin de conduire un éventuel engagement militaire.

"Vite, fort, loin", telle est la devise de la 6^ème BLB qui est spécialisée dans l'amphibie. « J’ai quatre grandes fonctions à ce poste. J’ai le commandement de la 6^ème BLB, le commandement de la base de défense, je suis le délégué militaire du préfet et je m’occupe de la place de Nîmes au ministère des Armées » affirme le nouveau patron.

Un poids économique fort dans la région

Il doit préparer ses régiments au départ en opération en créant une synergie. L’Armée de terre a des cycles de deux ans. Cette année, la 6^ème BLB en termine avec l’entraînement et portera les couleurs de la France sous le feu de nombreux théâtres extérieurs. Mais aussi à l’intérieur de nos frontières avec l’opération Sentinelle par exemple.

Revenons aux 7 500 hommes et femmes répartis dans sept régiments. Quatre de la Légion étrangère, deux dans la Marine et un de spahis. De Fréjus en passant par Nîmes, Laudun, Canjuers, Valence et le Larzac, la 6^ème BLB dispose de 200 véhicules d’avant blindés "infanterie", de 25 véhicules de haute mobilité, de 100 blindés de combats d’infanterie, de 24 canons d’artillerie, de 20 véhicules d’avant blindés "génie", de 20 engins de génie et de 72 AMX 10 Rc (petit char). En 2020, les nouveaux Griffons, véhicules de 25 tonnes vont remplacer ceux présents depuis les années 1980.

Le budget d’une telle base de défense est de 10 millions d’euros sur les quatre départements mais le lien de la Brigade envers le monde économique local est d’une autre importance. Le poids économique de l’Armée à Nîmes est de 40 millions d’euros par an. On estime à 10 000 le nombre de personnes affiliée à l’Armée, militaires actuels, anciens, familles… Et rien que pour Nîmes, on parle de 15 millions d’euros annuels d’investissement dans les infrastructures. Ces travaux sont réalisés par des entreprises locales.

Le camp des garrigues et la rocade nord de Nîmes sont-ils un problème ? « J’ai pris acte des choses. Le dossier est porté par le Département et les dialogues sont établis. Nous sommes attentifs à la préservation du camp pour l’entraînement mais le tracé est consensuel donc c’est un sujet réglé ! », affirme le haut gradé nîmois.