Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 02.03.2020 - stephanie-marin - 4 min  - vu 662 fois

LE 7H50 de Bruno Rivier (CGT) à propos du recours au 49.3 : "Ce passage en force va exacerber les colères" 

Bruno Rivier (avec le micro), secrétaire général par intérim de l'Union départementale CGT du Gard. (Photo : Élodie Boschet/ Objectif Gard)

Lors du conseil des ministres exceptionnel convoqué samedi, et alors qu'il était question du traitement du coronavirus, le Gouvernement a décidé l'activation de l'article 49.3 de la constitution pour faire passer sa réforme des retraites. 40 291 amendements avaient été déposés avant le début de l'examen du texte en séance publique lundi 17 février. Bruno Rivier, secrétaire général par intérim de l'Union départementale CGT du Gard, répond aux questions d'Objectif Gard.

Objectif Gard : Suite à cette annonce faite par le Premier ministre, Édouard Philippe, quelle est votre réaction ? 

Bruno Rivier : Depuis le début, on a un Gouvernement qui n'est que dans des exercices de communication et qui cherche à masquer les choses. Donc, nous ne sommes que moyennement surpris sur sa façon de réagir, y compris de le faire de cette façon-là. Il y a des mois qu'ils essaient de nous expliquer que cette réforme est bonne mais ils n'y arrivent pas. Ils coupent le sifflet au Parlement alors que par ailleurs ils n'ont jamais été en capacité de répondre à des questions simples : qu'est-ce qu'une retraite à taux plein ? Et quand est-ce qu'on pourra partir avec une retraite à taux plein ?

C'est profondément scandaleux de faire ça un samedi soir et d'utiliser cette épidémie pour essayer de masquer les choses. Parallèlement, on parle beaucoup de l'épidémie mais on parle peu de la lutte des personnels des hôpitaux, des personnels urgences qui ont un manque de moyens criant et qui sont rentrés dans la lutte sur la question des retraites.

Et sur le fond, alors que le Premier ministre assure que le texte sur lequel il engage la responsabilité du Gouvernement n'est pas le texte initial, quel est votre sentiment ?

Je trouve que c'est un signe de fébrilité, de faiblesse de la part du Gouvernement d'y aller comme ça. Quand vous avez une réforme qui est bonne et qui est partagée par les partenaires sociaux, par une majorité de la population, vous n'y allez pas comme ça. C'est la preuve que cette réforme, comme on le dit depuis le début, est mal ficelée, qu'elle n'est pas aboutie. À tel point que le Gouvernement est incapable de l'expliquer, d'en discuter. Ils ont fait pareil avec les partenaires sociaux et les 250 réunions, selon eux, de négociation qui étaient en fait des réunions d'information. Nous leur avions apporté beaucoup de propositions, ils n'en ont pris aucune.

Le Gouvernement a fui le débat avec les représentants des salariés, maintenant, il fuit le débat avec les politiques. Tout simplement parce qu'il a peur que ça lui desserve dans la séquence politique à venir. Ils ont fait le mauvais calcul, ils le verront d'eux-mêmes.

Mais rien n'est joué parce que la loi va partir au Sénat avant de revenir aux députés. La seule porte de sortie du Gouvernement, c'est de retirer sa réforme et de retourner à la table des négociations pour qu'on puisse améliorer le système actuel. On a un Gouvernement et des gouvernements passés qui, depuis des années, suppriment des recettes de nos retraites sur la protection sociale. Et aujourd'hui, ils osent nous dire qu'il faudra dépenser moins !

Les réactions de l'opposition (la Droite, Les Républicains, et les trois groupes de Gauche à l'Assemblée, Parti socialiste, La France insoumise et le Parti communiste français) ne se sont pas faites attendre avec le dépôt de motions de censure. Du côté des syndicats, comment s'organise la riposte ?

Ce passage en force va exacerber les colères. On a toujours 76% des Français qui sont favorables à une retraite à 60 ans à taux plein ; avant pour les travaux pénibles. Et on a plus de 60% des Français qui disent que cette réforme est mauvaise et ils ont raison.

Un certain nombre de militants et de salariés a déjà commencé à répondre à cette attaque samedi soir. Il y aura une autre réponse unitaire(*) ce soir avec un rassemblement à 18 heures devant la préfecture du Gard à Nîmes, un autre en sous-préfecture d'Alès, un autre devant la mairie de Bagnols-sur-Cèze. Sachant qu'on a une manifestation départementale qui est programmée le jeudi 5 mars à 14h30 aux Jardins de la Fontaine à Nîmes et que nous avions envisagé le 19 mars de mener d'autres actions.

En ce qui concerne la CGT, on a communiqué avec nos syndicats ce week-end en leur disant que pour ceux qui n'ont pas besoin de préavis de grève - puisque dans le privé il n'en a pas besoin -, qu'ils ne se privent pas de faire des mouvements de grève spontanés ce lundi matin, ponctuels ou fractionnés, pour pouvoir répondre à ce que vient de faire le Gouvernement.

Propos recueillis par Stéphanie Marin

*Réaction des organisations syndicales départementales FO, Solidaires, FSU, CFTC, FA, CGT et UNL : "Le projet de retraites par point de Monsieur Macron et son gouvernement est minoritaire dans le pays, combattu par les syndicats représentant l’immense majorité des travailleurs concernés avec lesquels ils n’ont jamais voulu négocier, retoqué par le Conseil d’État, refusé par toutes les organisations politiques sauf LREM, qui voit toutefois des défections de plusieurs de ses parlementaires. Et voilà maintenant que ses initiateurs refusent même le débat et le vote à l’Assemblée Nationale en voulant utiliser une des dispositions antidémocratiques de la Constitution de la Ve République, l’article 49 alinéa 3. C’est le passage en force à tous les étages ! C’est la méthode de l’absolutisme ! Nous ne pouvons pas accepter cela."

Stéphanie Marin

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