Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 22.06.2020 - coralie-mollaret - 5 min  - vu 2349 fois

NÎMES MÉTROPOLE Franck Proust, son projet pour l’Agglo

Franck Proust (Photo Anthony Maurin).

Franck Proust, premier adjoint à la ville de Nîmes (Photo : Romain Cura)

Fonds de concours, police intercommunale, conservatoire... Le premier adjoint à la ville de Nîmes et candidat à la présidence de Nîmes métropole expose son projet. Un projet qu'il pourra développer si la liste du maire de Nîmes arrive largement en tête au second tour des Municipales, dimanche.   

Objectif Gard : Avec le maire de Saint-Gilles, vous êtes deux candidats en lice pour la présidence de l’Agglo. Une situation inédite à Nîmes métropole, non ? 

Franck Proust : Sur les 105 élus communautaires, la ville de Nîmes en a 52. Tous ne sont pas issus de la majorité puisque l’opposition est aussi représentée, selon le résultat du second tour des Municipales. Donc oui, la situation est particulière et rien n’est joué. Le fait que l’on ait eu pendant six ans le principal opposant au maire de Nîmes, a changé la donne. 

« Nîmes métropole est une aventure collective » 

Au centre, Eddy Valadier, maire de Saint-Gilles avec Franck Proust à gauche (Photo : Coralie Mollaret / Objectif Gard)

Effectivement, les élus des villages ont compris qu'unis, ils pouvaient faire barrage aux décisions de Nîmes, la ville centre. 

Cette élection n’est pas un combat entre Nîmes et les autres communes. Le débat n’est pas là. Nîmes métropole est une aventure collective. L’enjeu de ce scrutin est de savoir quelle vision porte chaque candidat. Surtout qu’avec la crise du covid-19, les recettes fiscales de l’Agglo qui dépendent de l’activité économique (contribution économique territoriale, versement transport) vont diminuer. Il va falloir aller chercher l’argent là où il est, notamment auprès de l'Europe. 

En la matière, votre concurrent Eddy Valadier n’est pas très mauvais puisque beaucoup de ses investissements sur Saint-Gilles ont été subventionnés. Qu’est-ce qui vous distingue de lui ? 

Eddy Valadier est un ami, je connais tout son parcours politique. Aux Municipales de 2014, on a même fait en sorte qu’il devienne maire, en demandant à Alain Gaïdo (candidat Parti socialiste) de se retirer pour battre Gilbert Collard( Rassemblement national). Moi, l’Agglo m’a toujours intéressée. Je suis élu local depuis 30 ans : j’ai été maire (par intérim), adjoint, député européen… J’ai une expérience, un réseau au niveau national et international. C’est une plus-value pour porter des projets comme la création d’un hub européen sur la gestion des risques. 

Vous parlez souvent de ce projet d’hub. De quoi s’agit-il concrètement ? 

On est un territoire où les risques incendie, inondation et nucléaire sont réels. Nous devons défendre auprès de l’Union européenne le fait que Nîmes soit définitivement un hub européen. Ce titre permettrait d’obtenir des crédits et de pouvoir répondre à des appels d’offres dans d’autres pays européens pour accueillir des avions de la sécurité civile portugaise ou espagnole, par exemple. On irait éteindre les feux de toute cette zone ! Cela permettrait aussi d’investir dans la recherche pour créer des outils performants qui ne répondent pas qu’au territoire de Nîmes métropole. Ce développement d’activités irriguerait toute notre Agglo. 

Transports et fonds de concours

La gare de Marguerittes se trouve sur la ligne de la rive droite du Rhône que la Région a décidé de réactiver (Photo : Coralie Mollaret)

Aujourd’hui, plusieurs maires craignent qu’en votant pour vous, les grands projets et autres investissements se retrouvent concentrés sur Nîmes. 

Tous ne partagent pas cette idée. D'ailleurs à l’époque de Jean-Paul Fournier, il y a eu des équipements structurants, comme la salle de spectacle Paloma, située à la sortie Est de l’autoroute, près de Marguerittes. Alors, on me parle beaucoup des fonds de concours. Ces subventions représentent entre 7 et 8 M€. On ne risque pas de les enlever aux communes surtout avec la baisse des aides de l'État. Moi, je propose a minima de garder cette enveloppe et de confier ce dossier à un maire d'un village qui aurait une vice-présidence dédiée. On fixera avec les maires trois ou quatre priorités dans lesquels rentreront 80% de ces fonds. Ça peut être le financement de fenêtre de la mairie ou d’une école relevant de la transition énergétique.

Concernant la politique des transports, l’une des principales compétences de Nîmes métropole, quels sont vos projets ? 

Je ne connais pas un maire, y compris celui de Nîmes, qui soit satisfait de la politique des transports ! Si je suis élu président, je lancerai un audit pour prioriser les besoins. Je pense toutefois à plusieurs choses comme la poursuite de T2. Nous devons aussi réfléchir à la gare de Marguerittes qui pourrait devenir une plateforme multimodale avec la remise en service de la ligne de la rive droite du Rhône. Le projet Tram'train pour désengorger la Vaunage est aussi intéressant. Quant aux zones d’activités économiques, elles doivent être mieux desservies avec un point d'arrêt au plus proche d'elles. Il faudra peut-être ajouter des parkings, des garages à vélos... Enfin, il y a impérativement le projet de la troisième voie reliant la gare Nîmes-Pont du Gard à Nîmes-centre à réaliser. 

Un mot aussi sur la gare de Nîmes-Pont du Gard et sa zone d’activité économique Magna Porta... 

Une gare est un outil en faveur du développement économique du territoire. Or, pendant six ans, il ne s’est rien passé sur Magna Porta. Il n'y a eu aucune volonté politique pour implanter un parc thématique sur la romanité. Aujourd’hui, il faut lancer des appels à projets aux concepteurs de parcs avec le foncier disponible et la thématique. Entre Walibi et PortAventura, il y a un espace à occuper ! Le seul handicap, c’est la surface du projet. Donc, tout projet qui vise à mordre sur la surface actuelle la condamne. J’ai rien contre l’agriculture, bien sûr qu’il faut la développer, mais une "Maison des terroirs" peut très bien se faire ailleurs. 

Un pacte de gouvernance avec les maires

Concernant les maires de Nîmes métropole, que leur proposez-vous si vous devenez président ? 

Plusieurs éléments ressortent de mes entretiens avec eux. Sur l’urbanisme, certaines communes ont conclu des conventions avec l’Agglo pour l’examen des permis de construire. Or parfois, il y a un manque de réactivité dans l’instruction de ces permis. Pour améliorer le service rendu aux usagers, je propose si je suis élu de créer une délégation aux relations avec les usagers. On pourrait également réalisé un audit pour voir s’il n’y a pas de problème d’organisation dans ce service. 

Quelles ont été les autres doléances des maires ? 

La création d’une police intercommunale : aujourd’hui dans beaucoup de petites communes, c’est le maire qui est en charge d’aller dire à son administrés qu’il n’est pas en règle avec l’urbanisme. Ça devient de plus en plus compliqué. Pour l’organisation des fêtes votives, si les mairies organisent elles-mêmes leurs fêtes, un tiers du budget part dans le gardiennage. L’idée serait de développer une brigade volante de policiers dans les quatre coins de l’Agglo qui, en complément des gendarmes, pourraient intervenir dans les transports et l’urbanisme.

Certains élus aimeraient que l'Agglo prenne en charge certains équipements communaux, utilisés également par des habitants des villages alentours. C'est le cas par exemple des médiathèques ou piscine. Qu'en pensez-vous ? 

C'est tout à fait possible. Ça concerne aussi les équipement qui parfois ont été surdimensionnés, comme la salle des fêtes de Saint-Anastasie. Là, l’Agglo pourrait prendre en charge une partie du fonctionnement, développer de nouvelles activités telle que la location de salle et bénéficier en retour d'une partie des recettes. L'Agglo pourrait aussi relancer des projets structurants comme un conservatoire intercommunal. En lien avec la salle de spectacle Paloma, cet équipement pourrait accueillir la résidence d'artistes. Un projet réfléchi avec le maire de Saint-Gervasy en charge de la Culture, Joël Vincent. 

Enfin, la semaine dernière, le maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier, a encore dit que les maires n’avaient pensé qu’à leurs intérêts ces six dernières années. Il ne vous aide pas vraiment dans cette campagne ? 

Jean-Paul Fournier n’est pas contre les fonds de concours puisqu’il les a créés lorsqu’il présidait l’Agglo. […] En tout cas moi, j’attacherai une importante attention à développer des projets intercommunaux auxquels les élus peuvent s’identifier. Cela permettra de reconnaître l’utilité de l’Agglo. Parce que ces six dernières années, il ne s’est pas passé grand chose à Nîmes métropole.   

Propos recueillis par Coralie Mollaret 

coralie.mollaret@objectifgard.com 

Coralie Mollaret

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