À l'initiative des médecins généralistes nîmois, la CPTS (Coopération professionnelle territoriale de santé) de Nîmes vient d'être créée. Le but est de réunir tous les professionnels de santé de la ville pour trouver des solutions afin de pallier la baisse de la démographie médicale. 

Inquiets de l'avenir, les professionnels de santé de Nîmes travaillent à la création de la CPTS Nemausa (Coopération Professionnelle Territoriale de Santé de Nîmes). Une CPTS regroupe les professionnels de santé d’un même territoire qui souhaitent s’organiser, à leur initiative, et se coordonner pour améliorer la prise en charge des patients dans un souci de continuité et de qualité des soins. L’objectif est de travailler de manière plus mutualisée pour palier la baisse de la démographie médicale et soignante dans les territoires. Une tendance nationale et Nîmes n'y échappe pas.

Sur les 180 généralistes installés dans la cité des Antonin, 80 sont âgés de plus de 60 ans et sont donc susceptibles de faire valoir leur droit à la retraite dans les cinq ans à venir. Sauf que la balance ne va pas s'équilibrer pas du côté des arrivées. Que ce soit pour des questions de foncier ou de circulation, Nîmes n'attire pas les futurs médecins préférant plutôt s'installer dans la campagne environnante. Cela signifie donc à court terme que les généralistes vont voir leur patientèle largement augmenter et qu'ils ne pourront pas répondre à toute cette demande.

Sans oublier ceux qui décident de quitter la ville en cours d'exercice et de dévisser leur plaque. Même son de cloche chez les spécialistes : sur les 400 implantés dans la capitale gardoise, 150 ont plus de 60 ans. Alors pour faire face à cette problématique, les médecins généralistes veulent agir en créant cette CPTS pour imaginer des solutions innovantes pour améliorer la prise en charge des nîmois. Pour trouver les bons remèdes, il faut d'abord dresser le bon diagnostic sur ce territoire. Ainsi, vendredi dernier, 37 professionnels (médecins, pharmaciens, podologues, dentistes, infirmiers, sage-femme...) se sont réunis au Mas Merlet pour écrire ensemble ce futur projet de santé.

"Phase de promotion auprès des confrères"

"On est dans une phase de promotion auprès des confrères pour qu'ils comprennent l'intérêt d'adhérer au projet. Car pour nous, le but est d'avoir l'adhésion la plus importante possible de la part de tous les professionnels de santé nîmois", détaille Nicolas Gouin, président de la CPTS Nemausa et généraliste rue Roussy depuis 15 ans. De cette réunion, plusieurs missions ont été établies : la prévention, la mise en place d'un parcours pluriprofessionnel, l'accès aux soins non programmés et l'accès au médecin traitant. L'objectif est de pouvoir maintenir une qualité de soins malgré l'augmentation du nombre de patients et aussi ne laisser personne sur le carreau. Certaines personnes ne disposent pas de médecin traitant.

D'autres concertations sont prévues pour élaborer un plan avec la volonté de mettre en place les premières actions courant 2022. Concrètement, cela doit par exemple aboutir à une mutualisation des tâches administratives permettant de libérer du temps de consultation supplémentaire si précieux. "Cela avait été un temps évoqué mais sans jamais se réaliser, c'est de permettre aux pharmaciens de pratiquer davantage de vaccins. On pourrait le mettre en place mais sans non plus perturber les ego de certains médecins, présente comme exemple Nicolas Gouin, l'élargissement de la téléconsultation est aussi une solution".

Un rôle important dans le centre de vaccination

Une CTPS Nemausa qui doit s'adapter au territoire nîmois avec une patientèle plutôt précaire qui s'illustre avec un taux de CMU (Couverture maladie universelle) plus important que la moyenne nationale. Une association soutenue par les organismes du secteur comme l'ARS (Agence régionale de santé), la Sécurité sociale ou encore l'URPS (Union régionale des professionnels de santé). Une organisation de professionnels de santé qui a joué un rôle important dans la structuration du centre de vaccination situé à la salle des Costières. La parfaite entente entre agents administratifs, médecins et infirmiers a d'ailleurs été saluée par le grand public, notamment sous la houlette de l'infirmier Jean-Pierre Pontier.

"On va avoir un regard sur tout ce qui peut être un frein à l'amélioration des soins sur le territoire", assure ce dernier également investi dans ce vaste chantier qui en appelle aussi au concours de la municipalité pour inciter et faciliter l'installation de nouveaux médecins. "On est conscient que tout ne va pas se faire un jour", assure Nicolas Gouin qui reste optimiste. Et dans cette transformation à venir concernant la prise en charge des soins, le patient aura bien évidemment un rôle à jouer et devra certainement changer ses habitudes.

Corentin Corger