Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 06.10.2021 - anthony-maurin - 4 min  - vu 8311 fois

FAIT DU SOIR La cheville ouvrière des Franciscaines à pied d'oeuvre pour une première en Occitanie

(Photo Anthony Maurin).

Marion Di Schino, chirurgien orthopédiste qui a opéré pour la première fois en Occitanie avec une toute nouvelle méthode (Photo Anthony Maurin).

C'est une nouveauté et comme toutes les nouveautés il faut la célébrer. Surtout quand on parle d'innovation et de confort pour le patient ! Voici une première chirurgicale en Occitanie avec la pose de prothèse de cheville d'un nouveau genre au Nouvel Hôpital privé les Franciscaines. Attention, quelques images peuvent choquer.

Françoise, 73 ans et venue tout droit de Bigorre pour l'occasion. Elle avait des antécédents de fracture de la jambe depuis 20 ans. Ajoutez à cela une forte arthrose de sa cheville et la voilà sur le billard des Franciscaines, prête à vivre une expérience nouvelle. Pour en arriver là, elle a consulté le Dr Marion Di Schino, chirurgien orthopédiste qui lui a aussi fait passer un scanner il y a deux mois afin de concevoir et recevoir les guides sur-mesure qui l'aideront lors de l'opération.

L'infirmier prépare Françoise à son opération de la cheville (Photo Anthony Maurin).

"Les prothèses de la cheville sont une spécificité très nîmoise. Les Drs Asencio et Léonardi ont été les promoteurs de la technique en place aux Franciscaines. Ça fait 25 ans que nous avons le savoir-faire, c'est une sorte de chirurgie exclusive, c'est une niche mais ça rend service aux gens et ça, ça n'a pas de prix. En tout cas ça ne semble plus logique de bloquer l'articulation comme cela se faisait dans le temps... Les outils informatiques et les scanners nous permettent d'être bien plus précis dans nos coupes et d'avoir une articulation plus fonctionnelle" lance le Dr Marion Di Schino.

La boîte à outils (Photo Anthony Maurin).

Le Nouvel Hôpital privé les Franciscaines propose donc cette technologie peu utilisée en France pour la pose de prothèse de cheville. Innovante, cette technique permet de poser l’implant de la manière la plus précise possible pour une meilleure tenue sur le long terme et donc une meilleure efficacité pour le patient. Le support utilisé par le chirurgien orthopédiste pour poser la prothèse de cheville est réalisé en 3D. Après un scanner, la reconstruction virtuelle du squelette en 3D est réalisée et le positionnement optimal des implants est décidé en concertation entre le chirurgien et les ingénieurs aux Etats-Unis, qui avec les résultats de ce dernier, fabrique sur-mesure par impression 3D cet instrument de pose unique au patient. Allez, on file au bloc pour suivre sur cette opération.

(Photo Anthony Maurin).

14h17, Françoise entre au bloc. Les six personnes qui resteront tout au long de l'intervention se mettent en place, préparent le patient... L'infirmière anesthésiste est quant à elle en train de parler à Françoise. Elle lui demande si elle veut de la musique et si oui, laquelle. Ça sera du smooth jazz! Manque de bol, pas de réseau, une collègue arrive et lance la playlist avec son téléphone perso. Françoise est parfaitement consciente mais elle a le bas du corps anesthésié. Un sourire s'affiche sur son visage. L'infirmière anesthésiste restera tout au long de l'intervention, près de deux heures, avec elle. Sensible, humaine, elle est aux petits soins, Françoise ne risque rien !

(Photo Anthony Maurin).

14h43, la check list est faite. Matériel et procédures sont listés et pointés. 14h48 Marion Di Schino met les repères avant de couper. Une forte odeur de cochon grillé se dégage de la scène. Les repères sont sur les guides et les guides sur le tibia. On fait une première radio pour vérifier l'alignement. 15h15, on entend parler d'astragale. Cet os permet à votre cheville de faire la flexion plantaire. C'est un os qui est quasiment entièrement revêtu de cartilage et possède une vascularisation pauvre. Celui du jour va être ôté de son emplacement initial à 15h21.

Marion Di Schino montre le futur emplacement de l'implant (Photo Anthony Maurin).

15h23 c'est au tour du tibia d'être touché. Le Dr Marion Di Schino enlève la partie postérieure de l'os. "On a coupé un morceau assez conséquent ! Tout est calculé, maintenant la prothèse pourra être posée correctement." 15h32, même si la technologie facilite grandement la chose, "On doit toujours un peu ajuster. Là, je dois couper un millimètre de plus pour être parfaitement raccord." 15h36, les coupes sont minimalistes, tout se passe bien et à 15h42, "On racle un peu l'os pour faire des chanfreins à l'avant comme à l'arrière." C'est alors qu'on entend de nouveaux bruits. On rabote et on tape au marteau mais Françoise ne bronche pas, "elle ne gardera que les bons souvenirs !" lance l'infirmière anesthésiste.

On recoud et hop, dans des mois Françoise marchera comme il y a 20 ans !(Photo Anthony Maurin).

15h56, "On va mettre les implants définitifs après avoir lavé la zone à l'eau pour qu'il ne reste aucun éclat." Deux minutes après, on sort à nouveau les outils de barbarie aux drôles de formes, on tape fort, on bouge l'articulation de la cheville comme si de rien n'était pour s'assurer de sa bonne mobilité. Et après on dira que les femmes sont de piètres mécanos... 16h07, "La mobilité est bien meilleure ! Allez on fait une dernière radio pour vérifier et on referme." Marion Di Schino attaque la couture à 16h14 et Françoise est heureuse. Dans les vapes mais consciente. "J'ai bu, j'ai mangé, j'ai eu l'impression de marcher et j'étais avec mon mari !" 16h30, fin de l'intervention et l'infirmier met la botte à Françoise.

La botte est mise (Photo Anthony Maurin).

La botte ? Oui, pour rester immobile avant de gambader, Françoise devra porter une botte rigide pendant trois semaines. Après quatre à six semaines de rééducation intensive en centre adapté car il faut refaire du muscle et réapprendre à marcher, Françoise sera prête à partir en randonnée grâce à cette première en Occitanie.

Les impressions 3D (Photo Anthony Maurin).

Un autre extrait de l'opération (Photo Anthony Maurin).

(Photo Anthony Maurin).

Une radio, comme cela se fait plusieurs fois durant l'intervention (Photo Anthony Maurin).

(Photo Anthony Maurin).

Les outils d'un martyre qui fera du bien (Photo Anthony Maurin).

(Photo Anthony Maurin).

(Photo Anthony Maurin).

Anthony Maurin

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