L’Agglo du Gard rhodanien organisait ce mardi une matinée dédiée à l’insertion par l’activité économique, ici des chantiers d’utilité sociale. L’occasion de réunir les partenaires et surtout de constater que l’insertion par l’activité économique c’est du concret. 

L’entrée du village de Gaujac, au sud de Bagnols, doit beaucoup aux chantiers d’utilité sociale de l’association Passe murailles, cofinancés par l’Agglo, le Département et les services de l’État. Désormais, à l’entrée du village, on retrouve un terre-plein en pierres sèches avec du gazon et un pressoir, symbole de l’histoire viticole du village. Juste derrière, un abribus lui aussi en pierres sèches a remplacé l’ancien en tôle. 

« C’était la première fois que nous avions affaire à un chantier de ce type et nous avons été très surpris de la qualité de la réalisation », note le premier adjoint de Gaujac, Ulric Belangere, avant d’affirmer que ces réalisations sont « très appréciées par les villageois ». La maire de Carsan, Brigitte Vandemeulebroucke, est quant à elle une habituée des chantiers d’utilité sociale. Les premiers remontent à 2014. 

« Le chantier d’insertion nous a aidé à refaire notre salle du conseil municipal, et nous y avons refait appel pour refaire des petites murettes, réhabiliter la source du village et un escalier », liste l’élue qui vient de voir un chantier réhabiliter une salle du sous-sol de la mairie. 

Autant d’exemples qui résument la philosophie de ces chantiers : « être gagnants pour tout le monde », souligne le président de l’Agglo du Gard rhodanien, Jean-Christian Rey. L’Agglo co-finance chaque année les chantiers d’utilité sociale sur son territoire, permettant de faire de l’insertion et d’aider les communes à réaliser leurs projets, « et c’est un sujet qui fait l’unanimité », souligne-t-il. Pas toujours évident dans l’assemblée… 

Au Département aussi. « Nous finançons 370 000 euros sur les dispositifs globaux d’insertion par l’activité économique », pose Fabienne Poilleux, directrice adjointe de l’animation et du développement social territorial au conseil départemental. Parmi ces actions, on retrouve donc les chantiers d’utilité sociale, aussi appelés chantiers d’insertion, qui ont pour but « de redynamiser les bénéficiaires, les accompagner dans l’élaboration et la consolidation de leurs projets au travers d’un support d’activité », ajoute-t-elle. 

« Un super tremplin »

Dans le Gard rhodanien, 40 postes sont financés sur ces chantiers chaque année. « Sur ces postes, nous avons eu 81 personnes en 2021 dont près de 30 % de femmes », précise Nelly Viala, directrice adjointe de Passe murailles, qui fait partie des deux structures d’insertion par l’activité économique a être conventionnés sur le territoire de l’Agglo. L’association voit les chantiers comme « une étape pour aller vers un projet professionnel et construire la suite », ajoute-t-elle, tout en précisant que la motivation prévaut sur les compétences. 

L’encadrement est donc primordial pour sortir des projets de qualité, que ce soit dans le bâtiment et les espaces verts, les deux principaux secteurs d’activité. Les principaux mais pas les seuls. « Depuis 2019 nous avons lancé une activité de production de supports graphiques à Bagnols, avec 9 postes », précise Nelly Viala. Cette activité a permis de réaliser le magazine municipal de Codolet, les affiches des Journées européennes du patrimoine de Cavillargues ou encore de revoir l'ergonomie du site internet de Saint-Geniès-de-Comolas. 

« Je suis dans mon élément. Je veux me lancer dans le graphisme depuis longtemps », commente Laura, qui fait partie de l’atelier. À l’issue du chantier d’utilité sociale, la jeune femme veut se lancer comme infographiste à son compte. Claire, qui a intégré le chantier le mois dernier, est ravie « d’acquérir des connaissances » et se verrait bien se lancer dans l’audiovisuel. Sur ce chantier numérique, le taux de sorties positives est de 80 %. Sur les autres chantiers, ce taux est d’un peu plus de 50 %. 

Des résultats encourageants, qui incitent l’État a mettre le paquet avec le Pacte ambition pour l’insertion par l’activité économique, lancé en 2019. « En 2019 il y avait 140 000 bénéficiaires au niveau national. L’objectif est d’être à 100 000 bénéficiaires de plus en 2022 », explique Sabrina Toussaint de la direction départementale de l’emploi, du travail et des solidarités. Les services de l’État envisagent de conventionner avec une troisième structure sur le territoire. 

À Gaujac, Xavier Duret était « très ému. Ça me touche d’être là aujourd’hui ». Le quinquagénaire, qui a connu la galère, a repris pied lors du chantier d’utilité sociale. « Ça a été un super tremplin. Je ne me suis pas senti jugé. Ça m’a aidé à avancer, à y croire et à me débarrasser de mes peurs », poursuit-il. Il a désormais lancé son auto-entreprise dans le domaine de la gestion du stress et est reparti de l’avant. 

Cette belle expérience, il l’a, avec ses compagnons du chantier, gravée dans la roche en insérant une pierre en forme de coeur dans la maçonnerie de l’abribus. Histoire de ne pas oublier l’aventure humaine qui a cimenté ces pierres. 

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com