Publié il y a 1 an - Mise à jour le 20.06.2022 - coralie-mollaret - 4 min  - vu 3164 fois

FAIT DU JOUR Législatives : percée historique de l’extrême-Droite dans le Gard

Yoann Gillet, Nicolas Meizonnet, Pierre Meurin, Pascale Bordes (Photo : droits réservés)

Dans la droite ligne des résultats de la Présidentielle, les Gardois ont élu quatre députés Rassemblement national (RN) sur les six circonscriptions du département. L’union de la gauche, la Nupes, obtient un député. Seul rescapé de la majorité présidentielle : le député MoDem, Philipe Berta. 

Celle là, la majorité présidentielle ne l’avait pas vu venir. Ce dimanche soir au second tour des élections législatives, le Président Emmanuel Macron n’aura pas de majorité absolue à l’Assemblée nationale. Compliqué pour faire adopter les réformes et notamment la première : le projet de loi pour l’amélioration du pouvoir d’achat. « Les résultats de ce soir, c’est d’abord la défaite d’un homme : Emmanuel Macron », commente l’adjoint nîmois Les Républicains, Frédéric Pastor, sur le plateau de Bonsoir Le Gard.

Une défaite qui signe la victoire de l’extrême-Droite à l’échelle nationale. Le parti de Marine Le Pen fait élire environ 90 députés, soit plus que les meilleures projections qui accordaient au mouvement 60 parlementaires. Cela faisait 36 ans que le Rassemblement national n’avait pas de groupe au Palais Bourbon. Cette croissance passe par le Gard où les candidats RN ont déboulonné plusieurs députés sortants. Une ascension dans la droite ligne des résultats de la Présidentielle sur le territoire gardois. Au soir du second tour, Marine Le Pen y est arrivée en tête dans le Gard avec 52 % contre 48 % pour Emmanuel Macron. 

Les députés Dumas et Cellier déboulonnés

Dans le Gard, la campagne de l’entre-deux-tours a clairement démontré que le "front républicain" a vécu. Sur la première circonscription, force est de constater que les électeurs de la Nupes ne se sont pas mobilisés pour sauver la députée sortante Françoise Dumas face à son rival RN, Yoann Gillet. Députée depuis dix ans, la présidente de la commission Défense à l’Assemblée récolte 47,99 % contre 52,01 % pour le frontiste Yoann Gillet qui signe sa première victoire électorale. En retard au premier tour, la "macroniste" n’a pas suffisamment mobilisé à Nîmes pour compenser la poussée de l’extrême-Droite à Beaucaire et dans les villages environnants. « C’est le fruit d’une implantation locale qui se voit à travers les élus municipaux. Ça montre que quand nous sommes aux responsabilités, ça fonctionne et les Gardois en redemandent ! », savoure Yoann Gillet.  

Après 10 ans de mandat, la députée de la 1ère circonscription a perdu son mandat (Photo : Nicolas Dhombres)

Sur la troisième circonscription, grosse surprise avec l'éviction d'Anthony Cellier. La député sortant lui non plus n'a pas réussi à rattraper son retard face à Pascale Bordes : il récolte 48,68 % contre 51,32 %. Sa rivale n'avait pas forcément parié sur sa victoire : « Je suis un peu surprise, je remercie tous mes électeurs. Ma porte est ouverte, je serai la députée de tout le monde, en particulier des oubliés ». Du côté du co-référent Renaissance Jérôme Talon, c'est la stupeur : « Travailler sur le fond ça ne suffit pas, le travail n’a pas payé. S’il n’a pas payé c’est qu’il y a autre chose. » Seul rescapé de la majorité, le député MoDem Philippe Berta sur la 6e circonscription - qui l'emporte avec 52,17 % contre 47,83 % pour Nicolas Cadène de la Nupes - prend la défense de ses ex-camarades : « C’est très frustrant de voir des gens perdre alors qu’ils ont fait exister le Gard… Françoise Dumas, présidente de la commission Défense et Anthony Cellier qui a fait un travail remarquable autour de l’énergie. À un moment donné, c'est la politique politicienne qui l'emporte. » 

Front républicain : les digues ont sauté

Dans ce scrutin surprenant, l'inconnu de la 4e circonscription et nouvel arrivé sur ce territoire, Pierre Meurin a battu le candidat Nupes, Arnaud Bord : 54,49 % contre 45,51 %. Le nouveau député - qui a décidé de s'installer sur la circonscription - analyse : « Il s’est passé quelque chose lors de cette campagne. J’ai fait un gros travail de remobilisation et j’ai apporté une touche personnelle. En réalité les électeurs ont compris les enjeux après 5 ans de mandat d’Emmanuel Macron et les dangers d’une extrême-Gauche radicale. » Pour son rival socialiste et élu d'opposition de la ville d'Alès, la défaite est amère : « L'élection de quatre députés RN dans le Gard n'est pas une surprise, ça couvait... On avait réussi à le contenir un moment. Sauf qu'aujourd'hui, les digues ont sauté : en cette période de sécheresse, c'est la grande inondation. Sur la 4e circonscription, les citoyens qui votent à droite ont fait gagner le Rassemblement national ce soir. » 

Le député RN de la deuxième circonscription du Gard, Nicolas Meizonnet (Photo : droits réservés)

Sur la deuxième circonscription, ça fait longtemps que la digue est poreuse, si elle n'avait pas déjà sauté. Le député sortant Nicolas Meizonnet a enregistré le meilleur score des candidats RN avec 56,65 % des voix contre 43,35 % pour le candidat Ensemble Yvan Lachaud. « C’est le résultat d’un travail mené sur le terrain pendant 2 ans et demi, mais aussi un désaveu massif de la politique menée par Emmanuel Macron qui s’est fait mettre en minorité par le peuple français », réagit l’intéressé. Comme Arnaud Bord sur la 4e circonscription, son rival Horizons Yvan Lachaud pointe du doigt la Droite républicaine sans la nommer  : « À force de dire que l’on ne prend pas position, voilà ce qui nous arrive et c’est dramatique pour notre pays ! »

5e : la Nupes triomphe du RN

Dans sa poussée électorale, le RN a été battu sèchement sur la 5e circonscription par le candidat Nupes, Michel Sala. Le maire de Saint-Félix-de-Pallières récolte 53 % des voix contre 47 % pour le candidat RN, Jean-Marie Launay. « Si nous sommes contents, nous avons une inquiétude face à la montée du Rassemblement national. Il faut une réponse encore plus ferme de la Gauche (...) Le prévisions donnent la Nupes comme la première force d’opposition de l’Assemblée nationale. La satisfaction c’est de voir qu’Emmanuel Macron n’a pas la majorité (absolue, NDLR) à l’Assemblée nationale », commente Michel Sala. Les jours qui arrivent en diront plus sur la manière dont Emmanuel Macron s'accommodera de cette nouvelle situation politique.

Coralie Mollaret (avec Th.A)

coralie.mollaret@objectifgard.com

Coralie Mollaret

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