Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 08.04.2021 - boris-de-la-cruz - 3 min  - vu 2815 fois

ASSISES Amnésie sur les coups de couteau et quête de vérité pour la famille de la victime

Les avocats des parties civiles, maîtres Fiol, Matler, Darrigade, et El Bouroumi, et l'avocat général Damien Kincher (robe rouge)

Badre Fakir a été assassiné en 2015. Sa femme Catarina et ses deux fils Jordan et Mickaël sont renvoyés devant la Cour d'Assises du Gard pour ce crime.

Au deuxième jour d'audience, la famille de la victime a tenu à s'exprimer, tandis que la mère de famille accusée qui a avoué avoir drogué et étranglé le père de ses enfants est amnésique sur les coups de couteau.

Amnésie autour des coups de couteau

« Vous avez reconnu, madame Castro, lui avoir remis un médicament qui va conduire à son évanouissement. Vous indiquez ensuite que vous l’étranglez ? » interroge le président de la cour d'assises Eric Emmanuelidis. La mère de famille, inconnue de la justice jusqu’à cette terrible affaire, ne se souvient pas avoir poignardé son compagnon. Effet post-traumatique?

« J’ai fait les choses par automatisme et par peurs. Je ne me suis pas réveillée un matin en me disant je vais faire ça. Les coups de couteau étaient là… Jordan était dans sa chambre et Mickaël n’étaient pas là. Par déduction, je sais que ce n’est pas eux », indique l’accusée pour dédouaner ses enfants. « Et puis, malgré tout ce que l’on a vécu, ils avaient trop de respect pour leur père pour faire ça ». Cinq ans et demi après les faits, l’ancienne assistante maternelle est toujours amnésique. « J’ai toujours des trous noirs, c’est un traumatisme. Je pense que c’est le choc » et de donner un autre exemple de sa mémoire défaillante : « Il avait les mains attachées (ndlr: son compagnon Badre), à un moment j’ai coupé le Serflex mais je n’en ai pas le souvenir, je me souviens d’être allée dans la cuisine chercher le couteau », poursuit cette accusée, maman de quatre enfants.

Un peu plus tard, le docteur Mounir Benslima indique :" la cause du décès est liée à une axphysie mécanique majeure", un étranglement donc. Pour l'expert nîmois, l'agonie de la victime a duré moins de deux minutes et les coups de couteau ont été donnés du vivant de Fakir Badre. Mais selon le patron de l'unité de médecine légale du CHU de Nîmes, sans les coups de couteau, la victime serait quand même décédée.

Photo archive, le docteur Mounir Benslima, patron de l'unité de de médecin légale du CHU de Nîmes • Anthony MAURIN

Une quête de vérité pour la soeur de la victime

La famille de la victime a été entendue par les jurés gardois et les trois sœurs dans des témoignages émouvants ont souhaité remettre les pendules à l’heure après deux jours d’audience. « Ils essaient de se défendre et d’échapper à la prison, ils veulent sauver leur peau. On entend des horreurs depuis deux jours. Vous auriez pu faire des films, c’est digne de Spielberg," s’insurge Sarah, la petite sœur de Badre Fakir, en visant dans son attaque son « ancienne » famille, la compagne de son frère et ses deux neveux accusés de l’assassinat. « On entend beaucoup de choses négatives de gens qui ne connaissaient pas Badre. Un peu de respect », poursuit-elle en larmes. « On n’a jamais dit que mon frère était un ange ».

« Il avait la violence avec lui sur la fin ? », interroge le président Emmanuelidis. « Il avait la dépression avec lui », reprend Sarah.

Mon frère dans cette histoire c’est la victime

« Pour moi, c’est une quête de vérité. J’ai besoin de savoir, c’est ma vie, mon cœur. C’est des gens avec qui j’ai mangé, dormi. C’est ma famille, ou c’était ma famille je ne sais plus », complète Hanane, une autre sœur de la victime en regardant ceux avec qui elle a pris tant de repas de famille.

« Mon frère dans cette histoire c’est la victime. On a appris beaucoup choses dans ce procès, des mensonges aussi. Mais il ne faut pas oublier que c'est mon frère qui a été assassiné », glisse une troisième sœur avant de retourner s'asseoir dans la salle des Assises.

Le procès continue ce jeudi...

Boris De la Cruz

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