Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 12.04.2017 - thierry-allard - 4 min  - vu 1595 fois

CÔTES DU RHÔNE 2016, "un grand millésime" qui s’exporte trop peu

Le président d'Inter Rhône Michel Chapoutier (à G.) et son délégué général Eric Rosaz, mardi matin au Palais de Papes d'Avignon (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Le Palais des Papes d’Avignon, une moquette épaisse, des propos traduits simultanément en anglais : l’interprofession des côtes du Rhône avait mis les petits plats dans les grands à l’occasion de sa conférence de presse annuelle, qui se tenait mardi matin durant Découvertes en vallée du Rhône.

Et cette fois-ci, point de polémique sur fond d’escroquerie pour le Carré du Palais voisin, mais un point sur le millésime 2016 et la situation économique du vignoble de la vallée du Rhône.

Rouge en hausse, blanc et rosé en baisse

« 2015 était un grand millésime, 2016 aussi, lance le président de l’interprofession Michel Chapoutier en guise d’introduction. Et contrairement à d’autres régions viticoles qui disent ça chaque année, chez nous c’est vrai ! » Côté chiffres, la récolte est dans la moyenne, à 3,06 millions d’hectolitres, un poil au dessus de 2015 et ses 3,03 millions. Une production constituée « à 81 % de rouge, 13 % de rosé et 6 % de blanc », explique le nouveau délégué général d’Inter Rhône Eric Rosaz, le tout à 8 % en bio, un chiffre stable. Seulement voilà, si la récolte augmente légèrement en rouge, avec + 4 %, elle chute de 12 % sur le rosé et de 7 % sur le blanc.

« Ce sont des tendances épisodiques, un réajustement », estime Michel Chapoutier. Reste que la tendance n’est pas tout à fait la même sur les blancs et les rosés : « la baisse en blanc, c’est purement une adaptation aux prix du marché, mais à terme on est vers une tendance à la hausse », explique le président, arguant de la politique de « prémiumisation » des côtes du Rhône qu’il conduit, « qui signifie se priver de certains gros volumes » en délaissant les entrées de gamme. En revanche, sur le rosé, la tendance est un peu plus inquiétante : « on ne sait pas si on est face à une tendance de fond ou une logique de mode, on va rester vigilant. » En clair : la perspective de ne pas arriver à écouler l’entièreté de la production d’un vin qui ne se garde pas longtemps conduit les producteurs à y aller mollo sur le rosé, faute d’une tendance consolidée.

Et dans les vignes ? Sur le terrain, tout va bien : « pour la première fois depuis 2011 les surfaces revendiquées sont en hausse de 1 %, on retrouve un peu de potentiel avec 620 hectares de nouvelles plantations déposés et 3 000 hectares en restructuration », se félicite Eric Rosaz.

« On est trop en retard sur l’export »

Côté ventes, « une bouteille des AOC de la vallée du Rhône est dégustée toutes les 12 secondes dans le monde », lance le déléguée général. Dans le monde, enfin principalement en France : les deux tiers de la production sont consommés à domicile, et un tiers part à l’exportation. Et quand elles sont exportées, les bouteilles de côtes du Rhône ne vont souvent pas très loin : « les deux tiers de l’export sont vers la vieille Europe, on doit aller chercher des marchés de grand export qui ne représentent que 10 à 11 %, note Michel Chapoutier. On est trop en retard sur l’export. » Si on rajoute à cela une baisse de 2,5 % des exportations, il serait tentant de noircir le tableau. « C’est une tendance globale des vins français », estime Eric Rosaz, quand Michel Chapoutier affirme que cette baisse était « anticipée et prévue. » Un effet de la « prémiumisation », là encore.

Les principaux amateurs de côtes du Rhône restent les Britanniques (18 % de l’export), suivis de près par les Belges (17 %) et les Etats-uniens (14 %). Le Canada et la Chine figurent également en bonne place, et la Suède progresse de 26 % en un an. Autant que la baisse de l’Allemagne, pendant que les exportations vers le Royaume-Uni baissent de 10 %. Dans ce contexte, l’avenir reste à l’exportation pour Eric Rosaz : « il faut consolider l’Europe, développer le grand export et aller chercher de nouvelles destinations. » Sont cités : la Norvège, la Pologne, la République Tchèque, Hong-Kong, Taïwan, Singapour et l’Océanie.

Pour y parvenir, les vins de la vallée du Rhône peuvent compter sur leur qualité perçue : 89 % des consommateurs estiment la qualité des vins rhodaniens comme bonne à excellente, loin devant les Bordeaux ou le Languedoc (Agrex 2016). Autre levier : l’œnotourisme. « On va développer la capacité de réception chez le vigneron », lance le président avant d’aborder le Carré du Palais, côté projet, « un lieu d’accueil qui va essayer de capter les touristes, les sensibiliser pour les envoyer après dans les vignobles. »

Enfin, pour en revenir au vin en lui même, terminons par ce petit conseil de Michel Chapoutier : « le millésime 2016 va très vite partir, il n’y en aura pas pour tout le monde. » Un amateur de vins averti en vaut deux.

Et aussi :

Et le Gard dans tout ça ? : notre beau département est le deuxième producteur de la vallée du Rhône, derrière le Vaucluse (875 000 hectolitres contre 1,19 million pour nos voisins d’outre Rhône). Les AOC de la vallée du Rhône représentent 32,4 % de ses surfaces viticoles.

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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