ÉDITORIAL Près de soixante ans après la guerre d’Algérie...
Près de soixante ans après la guerre d’Algérie, le Sénat a voté ce mardi en faveur d'un projet de loi pour tenter de ''réparer'' les préjudices subis par les harkis et leurs familles. Un texte qui fait écho au discours du président de la République, Emmanuel Macron, le 20 septembre dernier où il avait tout simplement demandé « pardon » à ces Algériens ayant combattu aux côtés de l’armée française, mais qui furent « abandonnés » par la France. Le texte reconnaît enfin les conditions indignes réservées aux harkis et à leurs familles, qui avaient fui l’Algérie après l’indépendance et s'étaient retrouvés dans des camps de fortune. Le projet de loi, s'il est adopté par les deux chambres, prévoit donc une réparation pécuniaire pour le préjudice subi. Est-ce suffisant ? Probablement pas mais cela contribue au moins à rendre de la dignité là où les forces dirigeantes de l'époque en ont manqué. Beaucoup. Emmanuel Macron ne souhaite pas s'arrêter en si bon chemin dans sa quête de reconnaissance mémorielle pour les mauvais agissement passés. Et cela à du sens et redonne ses lettres de noblesse à la politique. Il envisage à présent un geste envers les rapatriés d'Algérie en particulier sur la fusillade de la rue d'Isly à Alger, dans laquelle des dizaines de partisans de l'Algérie française furent tués par l'armée en mars 1962. Comme le souligne la députée Françoise Dumas à la sortie de cette rencontre, elle qui était aux côtés du chef de l'État durant ce moment avec des rapatriés d'Algérie, "reconnaître la vérité, toute la vérité de notre histoire à tous, pour avancer ensemble." Car ces plaies anciennes sont encore dans la mémoire collective. Et les laisser encore sous le tapis en ces temps où le nationalisme tente de s'emparer de notre histoire commune, c'est finalement donner raison à ces oiseaux de mauvais augures. Emmanuel Macron a parfaitement compris l'enjeu. Et ne se laisse pas dépasser par un calcul politique misérable ou des critiques à l'orée de la Présidentielle. Il suit son cheminement pour lever tous les tabous de cette guerre d'Algérie qui a laissé des traces des deux cotés de la Méditerranée. Une étape essentielle de sa présidence qui aura connu pas mal de bas mais aussi quelques hauts...
Abdel Samari