Publié il y a 1 an - Mise à jour le 16.10.2022 - anthony-maurin - 5 min  - vu 1373 fois

FAIT DU JOUR À la rencontre des chauves-souris du Mont Duplan

Une soirée sur le Mon Duplan à mieux comprendre les chauves-souris (Photo Anthony Maurin).

L'observation à la nuit tombante. Vous apprendrez d'ailleurs que les chauves-souris sortent avant que la nuit tombe (Photo Anthony Maurin).

C'est une bien jolie et fort intéressante sortie nocturne que la ville de Nîmes proposait. Dans le cadre du Territoire engagé pour la nature, le Centre ornithologique du Gard réalisait des sorties chauve-souris en partenariat avec le CPIE du Gard et la ville de Nîmes au Mont Duplan.

Troisième et dernière soirée, après le haut de l'avenue Jean-Jaurès et le bois des noyers, place au culminant Mont Duplan. "Le soir venu, lorsque vous vous blottissez sous les draps, elles sortent enfin de leurs cachettes.

Alors que l’automne bat son plein et que la nature glisse doucement dans son sommeil hivernal, les chauves-souris s’activent de toute part. Et pour cause, elles ont bien à faire avant de tirer leur révérence jusqu’au printemps ! Durant une semaine, à la tombée de la nuit, le Centre ornithologique du Gard vous invite sur différents sites de la ville de Nîmes pour découvrir la vie et les mœurs de ces animaux particulièrement sensibles." Alléchante présentation !

C'est Lucie qui guide la dizaine de curieux désireux pour en savoir plus sur ces petits bêtes qui ont souvent hanté nos cauchemars. Pourquoi "chauve-souris" ? Elles ne sont ni foncièrement chauves, ni totalement des souris ! En fait l'étymologie vient du gaulois. Ils les appellent les chouettes-souris, en latin on les nomme alors cawa sorix puis calva sorix. La chouette est devenue chauve... Ah les langues ! Tant que nous y sommes, les chiroptères, le véritable nom des chauves-souris, sont les seuls mammifères doués du vol actif. Des mammifères nocturnes, un peu à part qui font donc partie des rares animaux qui s’orientent et chassent en utilisant les échos de leurs cris ultrasonores. En quantité, elles représentent surtout un quart des mammifères existants sur Terre.

Un petit dessin assez pourri... Celui de votre serviteur ! (Photo Anthony Maurin).

Pour voir la timidité des participants, pour débloquer les verrous à décoincer, pour faire rire ou pleurer, Lucie va chercher dans sa besace quelques feuilles de papiers et des tablettes. "Allez, dessinez-moi une chauve-souris !" Dur dur... C'est une excellente manière de voir si on connaît la bête, si on lui reconnaît physiquement des particularités. Certains voient grands, d'autres plus petits. Les dessins sont évidemment aléatoires mais le coeur y est et nul n'ose se moquer du voisin.

Lucie retourne dans son sac magique et sort un dessin grand format qui rassemble les caractérisantes d'une chauve-souris lambda. Oui, lambda car il existe près de 1 400 espèces à travers le monde. En France, nous pouvons en compter une trentaine et dans le Gard. À l'aide de son dessin fait maison, Lucie détaille la bête à ailes. Le rôle du targus dans ses déplacements, les ailes nues et hyper vascularisées qui ne sont en fait que nos mains qui ont évolué différemment, le rythme et la fréquence des ultrasons pour affiner le vol et la chasse...

Tailles réelles pour un Molosse de Cestoni et une petite pipistrelle (Photo Anthony Maurin).

Le Mont Duplan est la montagne des enfants la journée, mais en fin d'après-midi ce sont les boulistes qui en prennent le contrôle. Un joueur de pétanque s'intrigue et vient blaguer : "Qu'est-ce que vous faites ? Ah ! Faites bien attention de ne pas vous envoler ! J'adore ces bestioles, je peux venir écouter quelques minutes ?" Réponse affirmative. On parle maintenant de la reproduction. C'est via sa spermathèque que la femelle est fécondée. À la bonne période, l'été, tout est plus simple mais les premières fraîcheurs venues, elle peut ralentir le développement du foetus. Plus tard, elle allaitera le nouveau-né.

Nos chauves-souris (Photo Anthony Maurin).

"Allez, chacun de vous a une photo. Ici, vous avez les prédateurs, les proies et ceux qui ne sont ni l'un, ni l'autre. Mettez votre photo là où vous pensez qu'il faut la mettre", lance Lucie. Encore une fois, sous des airs de facilités, rien de plus dur ! Une martre, une couleuvre, un papillon, un criquet, une chouette, un chat, une demoiselle... Une fois toutes les photos posées au sol dans les diverses colonnes, place aux réponses. Peu son justifiées, on doit presque tout changer, nous sommes relativement incultes, mais c'est assumé car nous sommes justement là pour en savoir plus !

Au sol, qui est un prédateur, qui est une proie et qui n'est ni l'un ni l'autre ? Finalement, pas beaucoup de bonnes réponses pour le groupe du soir (Photo Anthony Maurin).

On passe ensuite au régime alimentaire des chauves-souris. Lucie évoque aussi les raisons de leurs vols nocturnes, détaille leur envergure, leur poids, leur manière de chasser. Pour la plus grande, le Molosse de Cestoni on parle d'un poids maximal d'une cinquantaine de grammes quand notre toute petite pipistrelle fait l'équivalent de la taille d'un pouce humain et pèse moins de dix grammes, "deux carrés de sucre." Mais que font-elles la journée ? Le public en présence pose des questions, interagit et Lucie répond sans inventer. Quand elle ne sait pas, elle prend des notes pour mieux répondre la prochaine fois.

"Les chauves-souris ont pris une place vacante dans la chaîne alimentaire, elles se sont adaptées à cela et volent la nuit pour chasser les insectes. Leur habitat ? Elles changent de gîte selon les saisons, mais en hiver elles aiment les cavités où elles se rassemblent régulièrement en colonie quand il fait entre 0°C et 10°C. Leur température corporelle descend à ce niveau, et leurs battements cardiaques ne dépassent pas les dix pulsations par minute. C'est l'hivernation."

Un pipistrelle morte, pour se rendre compte de la petitesse de la chose (Photo Anthony Maurin).

Le temps est venu de prendre la BatBox. Un petit boitier qui sert de traducteur à chauve-souris. "On se met sur la fréquence 45KH et nous allons les entendre." Et c'est le cas ! Bon, on n'entend pas les discussions et les disputes mais des cliquetis, des clapotis, des gloussements et des bruits saccadés. Le public apprécie et sourit. Mais comment sait-on que les chauves-souris émettent des ultrasons, gamme que l'oreille humaine ne détecte pas ? Une sombre mais nécessaire histoire de science durant laquelle en crevant les yeux on s'est aperçu qu'elles arrivaient quand même à voler. Ne croyez plus que les chauves-souris n'y voient rien, elles voient mais préfèrent chasser et voler en nocturne pour sans doute être plus tranquilles et sereines.

On apprendra aussi que lors des vingt dernières années dans le Gard, une seule personne est décédée des suites de la rage transmise par une chauve-souris. Étrange, mais c'est encore le cas. De là à en faire des espèces tueuses et malfaisantes... De l'autre côté de la balance, un murin, une espèce de chauve-souris dévore 6 000 insectes d'octobre à mai. Une colonie de 500 grands murins mange quant à elle une tonne d'insectes en un été ! Les chauves-souris sont nos amis si vous n'aimez guère la présence des moustiques.

La BatBox (Photo Anthony Maurin).

Mais profitez de leur présence car elle ne dure pas. Une Pipistrelle ne vit qu'entre deux et huit ans mais certaines espèces peuvent vivre jusqu'à 40 ans ! Par contre, vous pouvez essayer d'en accueillir chez vous, dans des gîtes nichoirs que réalise par exemple la société La Détournerie. Un étroit caisson sera à installer à l'abri, contre un mur. Petit rappel aux jardiniers, le guano des chauves-souris est un excellent engrais ! Mais une chose est sûre, morte, blessée ou simplement amorphe, ne manipulez pas de chauve-souris. Déjà, c'est interdit. Appelez-les et des spécialistes viendront et s'en occuperont.

Le COGard, Centre ornithologique du Gard est une association qui a pour objet, l’étude et la protection de la faune et de la flore du Gard et des régions adjacentes. Créée en 1980 par quelques passionnés d’oiseaux, l’association a grandi, a élargi son domaine de compétences et s’est dotée peu à peu des moyens et des outils nécessaires à la réalisation de ses missions. Aujourd’hui, avec 200 adhérents environ et quatre salariés permanents installés dans des locaux à Nîmes et à Saint-Chaptes, le COGard constitue un carrefour de compétences variées où chacun peut progresser et apporter sa contribution aux actions communes.

Allez, on écoute les chauves-souris (Photo Anthony Maurin).

Anthony Maurin

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