Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 08.09.2016 - coralie-mollaret - 4 min  - vu 219 fois

FAIT DU JOUR Christophe Cavard : “Je suis critique, mais je ne vais jamais à la rupture”

Christophe Cavard, député LPE (Le Parti Écologiste). Photo : Coralie Mollaret.

Revigoré par son séjour au Brésil à l'occasion des Jeux Olympiques, le député Écologistes! reprend son travail à l'Assemblée. La dernière ligne droite avant la campagne pour les Législatives 2017.

Objectifgard : C'est la rentrée. Quel est votre programme pour cette dernière année parlementaire ?

Christophe Cavard : Je vais poursuivre mon travail autour de la lutte contre la radicalisation. Le 25 août, une réunion interministérielle à Matignon nous a permis de jeter les bases de la mise en place des dispositifs concernant la prévention de la radicalisation. Tenez, un exemple : chaque département est voué à avoir une structure référente pour prendre en charge des jeunes endoctrinés. Dans le Gard, la Maison des ados a remporté l'appel à projet lancé par la préfecture.

Cette association est-elle compétente pour gérer ce type de problématique ?

Ce sont des gens volontaires avec une expérience certaine. Actuellement, la Prévention spécialisée travaille sur des contenues de formation. On débute, mais la structuration devrait se faire rapidement.

La campagne des Législatives n'est donc pas dans votre viseur ?

Pour l’instant, non. Je souhaite aller jusqu'au bout de mon mandat. Une campagne électorale n'a de sens que lorsque les citoyens sont prêts à en discuter. Or, je ne pense pas qu'en septembre ça soit le sujet principal… On y verra plus clair après les fêtes de Noël : la primaire de la droite sera passée, celle de la Belle Alliance Populaire (Parti Socialiste, NDLR) débutera. D'ailleurs pour ce scrutin interne, je soutiens le candidat écolo, François de Rugy.

Pourquoi ne pas participer à la Primaire EELV ?

Une Présidentielle ne peut pas se passer dans le débat écolo. Dans le contexte politique actuel avec la montée du FN, l'émiettement des candidatures à gauche est une catastrophe annoncée. On l'a vu en 2002 avec la candidature de Christiane Taubira et l'élimination au premier tour de Lionel Jospin !

Vous n’êtes pas en campagne, mais vous discutez avec le PS pour décrocher son soutien en 2017, n'est-ce pas ?

Ce n'est pas un secret. Je parle avec le Premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis et le Premier fédéral du Gard Jean Denat. Les investitures nationales seront validées en décembre. J'aimerais savoir si la Belle Alliance Populaire existe aussi dans le Gard... (Il sourit). 

Votre candidature fait tousser certains socialistes qui aimeraient se présenter sur la 6ème circonscription... 

En 2012, j'ai vécu la même chose et j'ai gagné face à 13 candidats dont 5 de gauche... Je ne suis pas inquiet. Seulement, soyons sur des logiques de projets et non d'ambitions personnelles. Que considèrent-ils ? Ont-ils un projet tellement différent du mien que leur candidature est justifiée. Ou alors, ils sont animés par une promotion personnelle ... Ce qui, en politique, est toujours discutable.

Justement, beaucoup vous reprochent vos changements de parti politique qui serait le moteur d'une ambition personnelle…

Oh, je sais ! Je compte écrire un livre dans lequel j'aborderai cette question. Je défie quiconque de me démontrer que j'ai dévié de mes convictions. Seulement aujourd'hui, j'estime qu'il faut passer par une logique réformiste et non révolutionnaire (Christophe Cavard est un ancien adhérent du PCF, NDLR) pour changer de société. Je combats le système libéral : la loi en faveur de l'économie sociale et solidaire et mon opposition à la loi Macron en témoignent. Il y a également la Loi de finances 2015 que je n'ai pas votée...

…C’est plus aisé de le faire en 2014 qu'en 2016, à quelques mois des Législatives et des sacro-saintes investitures, non ?

En 2014, je considère qu'on est à mi-mandat et que je peux me permettre de poser une alerte. Je suis critique, mais je ne vais jamais à la rupture. Faire cela l'année de la Présidentielle et des Législatives irait à l'encontre des intérêts de la gauche. N’oublions pas que la droite reste notre véritable adversaire…

Du coup, que pensez-vous de la démission de Patrice Prat du PS ?

Je pense que c'est une erreur. Ce n'était pas le moment. Alimenter les arguments contre son camp n'a jamais fait gagner. Je n'ai pas de leçon à donner au PS, mais je pense que malgré la rupture, il vaut mieux ne pas présenter de candidat contre lui. Dans le contexte actuel, ça n'aurait aucun intérêt. Et puis malgré sa démission, Patrice n'est pas devenu un mec de droite !

Un livre bilan en préparation 

Vous dites vouloir écrire un livre : que voulez-vous dire à vos concitoyens ?

Je souhaite faire un bilan écrit de ces quatre années passées à l’Assemblée avec un regard local sur le département. J'ai eu la chance de travailler sur des gros dossiers comme le terrorisme ou la loi Hamon, sur l’économie sociale et solidaire dont j'étais le rapporteur. D'ailleurs, ce texte a permis des avancées... 

...Par exemple ?

La fin de la mise en concurrence du secteur associatif pour les marchés publics et le développement des sociétés coopératives d'intérêt collectif. Désormais, les collectivités peuvent prendre 50 % de parts contre 20 % avant la loi. Par ailleurs, que tu es 10 000 € ou 100 € de parts, dans la gestion de la SCIC, un homme = une voix. C'est une alternative concrète au libéralisme. Ce sont des exemples dont je parlerai dans mon livre. 

Pourquoi courir un deuxième mandat ? 

J'espère aller plus loin dans certains dossiers. Si je suis réélu dans la Majorité, j'aurai déjà l'expérience. On fera le bilan, mais nous n'avons pas été bien servis sur les enjeux écologiques, notamment les questions liées à l’énergie. Aujourd'hui, la société est prête, il faut accélérer. L'économie sociale ne doit plus être une niche, mais un vrai projet politique. Les textes doivent contraindre les collectivités à travailler avec les entreprises dans ces domaines. Un exemple : les crédits de la Région devraient être orientés sur ce type d'économie et non l'économie traditionnelle... 

Ce mandat serait-il votre dernier ? 

Oui. Je défends la question du non-cumul dans le temps : deux mandats au niveau national et trois au niveau local. C’est ce que j’ai fait au Département, en démissionnant après mon élection en 2012. Je tiens mes engagements. 

Lire aussi : GARD Djihadisme : 4 clefs pour comprendre l’action du député Cavard

Propos recueillis par Coralie Mollaret

Coralie Mollaret

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