Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 05.07.2021 - norman-jardin - 3 min  - vu 6432 fois

FAIT DU JOUR La fin des tarifs genrés chez les coiffeurs ?

Les femmes payent toujours plus cher chez le coiffeur (photo Norman Jardin)

Les femmes payent toujours plus cher que les hommes. (photo Norman Jardin) Depuis quelques semaines, « Coiffure en lutte », un collectif de coiffeurs et de clients, milite pour la fin des tarifs genrés dans les salons de coiffure et la mise en place d’un tarif à la minute. Mais les professionnels nîmois rencontrés ne sont absolument de cet avis, et ils estiment la démarche irréalisable.

« Je pars du principe que pour la même chose, une femme payera toujours plus cher qu’un homme. C’est comme pour les salaires, nous sommes toujours moins payées que nos collègues masculins ». Noémie est une pétillante nîmoise de 25 ans et le combat de « Coiffure en lutte » a trouvé chez elle un écho. Le collectif, lancé sur les réseaux sociaux depuis quelques semaines, par des clients et des coiffeurs, proteste contre les différences tarifaires entre les femmes et les hommes dans les salons de coiffures et il propose un tarif à la minute. « J’aimerais par exemple que pour une coupe courte, il y ait un tarif unique pour les deux sexes. Aujourd’hui chaque passage chez le coiffeur me coûte 100€, alors je n'y vais que deux fois par an », renchérit Noémie qui se sent victime d'une injustice.

Jessica, la gérante du salon "Un instant pour soi". (photo Norman Jardin)

Mais à Nîmes, les professionnels du ciseau et du shampoing ne sont pas de cet avis. « Nous passons beaucoup plus de temps sur les coupes des femmes que sur celles des hommes. Il n’est pas réaliste d’adopter un tarif égal », explique Jessica qui gère le salon « Un instant pour soi », rue de la Curaterie. Et elle ajoute : « En revanche il faut savoir adapter le prix au temps de travail. Ce qui est injuste c’est que certains coiffeurs facturent un brushing même quand ils n’en font pas. »

«  Il est impossible de comparer les deux »

« On veut des tarifs en fonction du travail réalisé et non du genre supposé », demande « Coiffure en lutte ». Un argument balayé par Camille, le gérant du salon « L’adresse coiffure », situé rue de la Madeleine. L’ancien champion de France et vice-champion d’Europe de la discipline estime que « pour les coupes femmes, il y a un aspect esthétique et pour les hommes un côté plus pratique. Il est impossible de comparer les deux ». Les coiffeuses et coiffeurs nîmois n’estiment pas faire de la discrimination et les insinuations du collectif « Coiffure en lutte » a le don d’agacer les professionnels gardois. « Ça me choque que certains lancent ce genre de polémique. Si nous allons par-là, c’est aussi injuste pour les hommes quand un client qui à peu de cheveux paye autant que celui qui en a beaucoup », s’insurge Fanny gérante du « Le Salon », rue Notre-Dame. La Nîmoise prend le sujet en souriant et elle rajoute avec humour : « certaines femmes devraient payer plus cher, car elles sont vraiment difficiles à supporter. »

"Le Salon" est géré par Fanny. (photo Norman Jardin)

Frédéric, qui tient un salon dans la Grand-rue, compare cette situation à ce qui se passe à l'étranger .« C’est un problème très français car, par exemple, en Angleterre ce sont les mêmes tarifs pour tout le monde ». Certaines habitudes commencent tout de même à changer en fonction des circonstances. Sophie Grillot, du « Comptoir des ciseaux » (rue de la Madeleine), applique déjà des tarifs égaux dans certains cas : « Lorsqu’une fille veut une coupe à la tondeuse,  j’applique le même tarif que pour un garçon ». 

Des tarifs qui ne sont pas figés

Les coiffeurs et coiffeuses nîmois n’hésitent pas à préciser que leurs tarifs ne sont pas figés et qu’ils s’adaptent régulièrement. Quant à la démarche du collectif, elle ne semble pas préoccuper les professionnels du Gard. « Je pense que ça n’aboutira pas », estime Camille Sammut. Aborder le sujet est l'assurance de vives discutions entre amis ou en famille car il ne laisse personne indifférent. Quant à Noémie, elle n’a pas fini de s’arracher les cheveux en comparant la facture chez son coiffeur et celle de son compagnon.

Norman Jardin

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