FAIT DU JOUR Législatives : la 3e circonscription, ton univers impitoyable
Ce n’est plus une campagne, c’est un vaudeville : sur la troisième circonscription, chaque semaine réserve son lot de coups de théâtre, à deux mois des élections législatives.
Tout a commencé début mars, avec le renoncement du député sortant, l’ex-PS Patrice Prat.
La déflagration Prat
Un épisode qui en a surpris plus d’un, et qui a rebattu les cartes. Même hors Parti socialiste, même après la claque reçue par son candidat aux primaires de la gauche Arnaud Montebourg, même sur une circonscription où le Front national fait de gros scores, l’ancien maire de Laudun-l’Ardoise avait, de l’avis général du mundillo politique du Gard rhodanien, ses chances.
Le sortant parti, c’est une gauche en chantier qu’on retrouve alors au casting : les communistes et leur candidate Léa Comushian — avec lesquels Patrice Prat avait trouvé un accord — orphelins, le PS, avec sa candidate Catherine Eysseric dont on ne peut pas dire que l’enthousiasme baigne la campagne, et la France Insoumise de Geneviève Sabathé, débarrassée de cet encombrant frondeur, ex-socialiste comme elle. Mais plus qu’à la gauche, c’est à un mouvement « et de droite et de gauche », celui d’Emmanuel Macron, que le retrait de Patrice Prat semble profiter. « Le fait que je m’efface lui donne un peu d’oxygène », reconnaissait le député sortant en évoquant la candidature En Marche.
Car la rumeur dit alors que le maire PS de Bagnols Jean-Christian Rey, qui a rallié En Marche à l’issue de la primaire de la gauche, pourrait être investi. Si l’élu refuse de dire s’il a envoyé un CV au mouvement de l’ex-ministre de l’Economie, plus les jours passent, plus il semble clair qu’il va prétendre à l’investiture. Le fait que le responsable d’En Marche dans le département soit son ami et directeur de cabinet Jérôme Talon n’y est sans doute pas totalement étranger. Du côté d’En Marche dans le département, on affirme que toutes les candidatures sont directement envoyées au siège et qu’on n’a pas de possibilité de savoir qui est candidat. C’est ballot. D’ailleurs, En Marche ne se presse pas pour dévoiler ses candidats : « ce ne sera pas avant le 23 avril », nous indique une source proche du dossier. Le 23 avril, date du premier tour des présidentielles, preuve s’il en fallait du fait que le mouvement d’Emmanuel Macron est pour l’instant tout entier dévoué à son candidat à la présidentielle.
Pissas sort du bois, Rey surprend
Reste qu’un homme n’aura pas la patience d’attendre qu’En Marche daigne dévoiler son candidat. Cet homme c’est le maire de Tresques et premier vice-président du Département Alexandre Pissas. Devant la perspective de voir son meilleur ennemi Jean-Christian Rey se présenter, et de voir l’adjointe Bagnolaise Catherine Eysseric se retirer dans la foulée, il annonce le 4 avril à nos confrères de Midi Libre sa candidature aux législatives. Candidat malheureux en 2007, il avait vu Patrice Prat le doubler en 2012 pour l’investiture PS. Cette fois ci, il prend les devants et compte imposer son timing.
L’annonce provoque sa petite déflagration, et la perspective de voir un affrontement Pissas - Rey semble se préciser. Oui mais voilà : trois jours après, Jean-Christian Rey surprend et annonce qu’il ne brigue pas l’investiture du mouvement d’Emmanuel Macron. « Il faut mettre en phase les discours et les actes. Si on veut un vent frais il faut envoyer des gens nouveaux, en phase avec le territoire », nous déclare le maire de Bagnols, qui en profite pour parrainer son conseiller municipal délégué à la communication et aux nouvelles technologies Anthony Cellier, macronien de la première heure. Il ne se prive pas au passage d’envoyer un scud à son meilleur ennemi tresquois, dont il trouve la candidature « pathétique ». Une candidature qui semble perdre par la même occasion de son sens, ce qui n’est sans doute pas pour déplaire du côté de la mairie de Bagnols.
Pendant ce temps, le FN…
Pour l’heure, on ne sait donc pas qui représentera En Marche sur la circonscription. Tout juste connaît-on le nom de quatre prétendants : Anthony Cellier donc, mais aussi les maires de Laudun-l’Ardoise et de Lirac Philippe Pecout (PS) et Stéphane Cardènes (UDI) et l’entrepreneur Emmanuel Chansou. Une chose est sûre, ce candidat ambitionnera de chasser aussi sur les terres d’une droite qui part divisée, avec la candidate investie par Les Républicains Muriel Dherbecourt, élue de Castillon-du-Gard qui ne fait pas l’unanimité au sein de la droite bagnolaise, où l’UDI joue un rôle central. C’est la raison pour laquelle la centriste Patricia Garnero, première adjointe de Saint-Etienne-des-Sorts, a maintenu sa candidature malgré l’accord national LR-UDI, tout en se mettant en congé de son parti. Après tout, si les Nîmois le font sur la 1ère dans l’autre sens…
A côté de toute cette agitation, il est un parti qui fait son petit bonhomme de chemin, et dont la candidate ne souffre d’aucune contestation — il faut dire que ce n’est pas vraiment le genre de la maison. Ce parti, c’est le Front national, et sa candidate c’est Monique Tezenas du Montcel, retraitée du secteur bancaire déjà candidate aux départementales et conseillère régionale depuis fin 2015. Une élection à laquelle le FN a cartonné : au second tour, il culminait à 43 % à Bagnols, 46 % à Laudun-l’Ardoise, 48 % à Aramon et 49 % à Roquemaure, avec entre 37 et 45 % d’abstention à chaque fois. « Cette circonscription est gagnable », estime le maire de Beaucaire Julien Sanchez en s’appuyant sur ces scores.
Autant dire que la perspective de voir le FN remporter cette circonscription ne peut plus à ce stade être écartée, et il faudra probablement un large « front républicain » pour l’empêcher. Vu la configuration à deux mois du scrutin, ce n’est pas gagné.
Et aussi :
Il y en a d’autres : sont également candidats (à notre connaissance) Marie-Pierre Mercier pour Europe Ecologie les Verts, Eric Poujade pour Génération Ecologie - Parti Radical de Gauche et Thierry Barnabé pour l’Union Populaire Républicaine.
Thierry ALLARD
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