Publié il y a 10 ans - Mise à jour le 18.12.2013 - tony-duret - 3 min  - vu 805 fois

FAIT DU JOUR Meurtre d’Océane : l’émotion et la condamnation

Erika, la maman d'Océane

Lors de la deuxième et dernière journée du procès de Nicolas Blondiau, 27 ans, les jurés de la cour d’assises du Gard ont condamné le meurtrier d’Océane à une peine de prison à perpétuité, soit 30 ans incompressible. Retour sur une fin de procès éprouvante.

Toujours aussi pâle, toujours ce regard glacial qui fait froid dans le dos, Nicolas Blondiau s’avance lentement dans le box. Il s’approche du micro et ouvre cette deuxième journée d’audience. Ses explications sont attendues. Voilà deux ans, un mois et dix jours que les parents d’Océane, Erika et Jimmy, veulent comprendre le calvaire qu’a enduré leur fille. Deux ans, un mois et dix jours qu’ils attendent une explication qui ne viendra pas : « J’ai pas réalisé ce que j’avais fait, commence Nicolas Blondiau. J’ai eu une sorte de pulsion, une pulsion meurtrière ». Quand la présidente Geneviève Perrin entre dans les détails, aborde l’horreur de son crime, l’accusé n’assume pas. Il ne se souvient plus. Il réécrit l’histoire, improvise, fuit. « Vous dites ce qui vous arrange finalement », résume la présidente. Lassé par ses « trous de mémoire », par ses absences, le père d’Océane explose : « T’es en train de nous saouler, t’es une loque humaine », crie-t-il en quittant la salle d’audience. Malgré l’incident, Nicolas Blondiau ne varie pas dans sa défense hasardeuse. Quand le Procureur général Michel Desplan lui demande s’il a violé sa victime, il jure que non. Et cinq minutes plus tard, après une suspension d’audience, il se ravise et reconnait les faits avant de lâcher péniblement : « Je regrette ».

« Océane aurait fêté ses dix ans »

La suite de cette matinée d’audience est marquée par la plaidoirie très émouvante de Maître Béatrice Lobier-Tupin. L’avocate des parents d’Océane reprend l’intégralité des faits, démonte la défense de l’accusé et fait vivre la mémoire de la petite victime. En fixant Nicolas Blondiau dans les yeux, elle lâche : « Océane aurait fêté ses dix ans si vous n’aviez pas croisé sa route ». Blondiau n’en mène pas large. Le Procureur général, lui, demande aux jurés de ne pas oublier la souffrance d’Océane au moment de prononcer leur verdict. Comme si après deux jours de procès aussi terribles, ils pouvaient oublier…  Il se lance alors dans son réquisitoire : « Je requiers la stricte application de la loi. Je requiers le prix du sang versé par Océane, le prix de la vie enlevée à Océane. Je requiers la réclusion criminelle à perpétuité. Je requiers une peine incompressible ». Il requiert la perpétuité réelle, une peine prononcée seulement à trois reprises dans l’histoire judiciaire : pour Michel Fourniret, Pierre Bodein dit « Pierrot le Fou » et Christian Beaulieu (ce dernier a vu sa condamnation réduite en appel).

Jimmy, le père d'Océane

« La peine des morts-vivants »

Il faut l’admettre, la tâche qui attend les avocats de l’accusé, Maître Bourgeon et Maître Cabanes, est compliquée. Ils ont la pudeur et l’intelligence de ne pas revenir sur les faits, de ne pas faire revivre les dernières minutes d’Océane à ses parents. Mais Maître Bourgeon n’entend pas pour autant abandonner la partie et tient à ce que son client soit condamné pour ce qu’il a fait. Pas plus, pas moins. « Je demande une sanction en adhésion avec ses actes et pas une peine sous le coup de la colère ». Puis elle s’épanche sur les sentiments de Nicolas Blondiau, ce que lui-même n’a jamais pu faire durant ce procès : « Il culpabilise. Il a conscience du mal qu’il a fait ». Quand vient son tour, Jean-Pierre Cabanes ne tourne pas autour du pot : « Le vrai débat, c’est sur la peine de sûreté. C’est sur la perpétuité réelle demandée par le Procureur général. C’est la peine des morts-vivants », conclut-il. Nicolas Blondiau sera bien le quatrième « mort-vivant » de France puisqu’après trois heures de délibérations, les jurés l’ont condamné à 30 ans de prison incompressible. Une décision qui a fait le bonheur des parents d’Océane qui, bien que séparés dans la vie, se sont longuement enlacés après l’énoncé du verdict. Jimmy, le père, est souriant : « La justice a été faite et bien faite. L’important est qu’il ne ressortira pas. Aujourd’hui, notre petite fille est vengée ! ». Du côté de l’accusé, Maître Cabanes annonce qu’il fera appel dès ce matin pour son client dont « la seule perspective qu’il a est de mourir en prison ». Océane, elle, n’a eu aucune perspective.

Tony Duret

tony.duret@objectifgard.com

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