Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 27.03.2022 - anthony-maurin - 6 min  - vu 1623 fois

FAIT DU JOUR Promenade en Vaunage et moulins de Calvisson, duo gagnant pour une sortie sportive

Quelques moulins, un peu de sport et une vue imprenable sur la Vaunage et plus encore (Photo Anthony Maurin).

La vue sur Calvisson (Photo Anthony Maurin).

Les beaux jours reviennent et il est temps de s'approprier de nouveau les paysages que nous offre notre département. Défilé reliant Nîmes à Sommières et alliant collines et plaine, la Vaunage a une topographie spéciale.

C'est à Calvisson que nous nous arrêtons un instant. Enfin, prenez plus qu'un simple instant si vous voulez pleinement vous régaler. Ici, l'Homme travaille la terre depuis plus de 27 siècles. Il y travaille la vigne aussi, encore. Les collines environnantes sont d'ailleurs encerclées par la culture viticole et les axes de communication tissent une toile appropriée à de nombreuses randonnées plus ou moins faciles d'accès.

Au départ du village, l'ascension offre déjà une belle visibilité (Photo Anthony Maurin).

Entre les chemins de terre de type DFCI, les balades clés en main dont les parcours sont à découvrir facilement et la voie verte qui sillonne le secteur, vous trouverez sans aucun doute une sortie à la hauteur de vos ambitions.

Les chemins sont relativement accessibles et fort bien entretenus (Photo Anthony Maurin).

Justement, prenons de la hauteur avec une visite qui nous amènera jusqu'à la cime du Roc de Gachone. Bon, vous n'allez pas gravir l'Everest, non, loin de là... Vous allez juste vous essouffler un tantinet pour arriver fraîchement à 167 mètres d'altitude ! Cette sortie au coeur d'un secteur aménagé pour les balades printanières vous suggèrera de belles petites histoires.

La signalétique permet de bien appréhender les lieux (Photo Anthony Maurin).

Avant de grimper, posez la voiture (ou votre moyen de transport) à Calvisson, au coeur du village ou aux abords de la voie verte, au parking par exemple. Si vous choisissez la première option, vous découvrirez la beauté d'un village blotti contre les flancs de sa colline. Intéressons-nous rapidement à l'histoire de Calvisson.

Les premiers vestiges du château (Photo Anthony Maurin).

La présence la plus ancienne reconnue au village est son cimetière de Canteperdrix, datant du néolithique. Le site est classé Monument Historique depuis 1913 et présente plusieurs pièces souterraines datant de la fin du troisième millénaire avant notre ère. Des cendres accompagnées de pointes de flèche ont été découvertes avec des hachettes polies ainsi que quelques objets d’ornement que vous pouvez voir au Muséum d’Histoire Naturelle de Nîmes. Avec les romains se matérialise une voie qui était déjà usitée mais qui reliait la Nîmes d'alors à Lodève.

Le parcours de santé entoure la tour (Photo Anthony Maurin).

Pour rester en ville, passez devant l'église saint Saturnin, déjà mentionnée en 1016. Une partie du monument médiéval fut abattue, et l’autre partie fut conservée et soutenue par des contreforts. Elle tomba en ruine après la révolution. Temple de la raison en 1794, temple protestant en 1810, l’église est rendue aux catholiques en 1816. Elle est inscrite aux Monuments historiques depuis 1949. Passez devant le marché couvert, les Halles.

L’actuel bâtiment des halles date de 1895, cependant un édifice antérieur construit en 1646 en pierre existait au même emplacement. Enfin, la mairie. L’actuel bâtiment fut érigé en 1848 sur l’emplacement de l’ancienne Maison consulaire. La cloche qui est placée dans son campanile était celle du temple de la Calade de Nîmes mais elle a été refondue en 1661. Elle était destinée à l’église sainte Eugénie de Nîmes, mais elle y fut refusée.

Joli cadre et souvenirs mémoriaux de la région (Photo Anthony Maurin).

Allez zou, on grimpe ! Calvisson a également abrité quelques célébrités du Moyen-Âge. En 1304, le roi Philippe le Bel fait de Guillaume de Nogaret le seigneur de Calvisson et de la Vaunage. Il prend alors possession de la demeure royale de Calvisson, un château construit au cours du XIe siècle mais qui fut démantelé avec les Guerres de religion. À ce sujet, court détour, en 1704, le camisard Jean Cavalier et ses troupes y résidèrent une dizaine de jours.

Les meules de l'ancien moulin sont bien visibles (Photo Anthony Maurin).

Revenons à la bâtisse, dont on peut encore déchiffrer, au sol, quelques marques visibles. En 1714, un moulin à blé fut construit à son emplacement, au centre du château et ce dernier a été transformé en mausolée. C'est la tour que vous voyez quand vous suivez le chemin qui mène au "château." Comme en témoigne l'urne funéraire placée en son sommet, cette tour fut ultérieurement transformée en sépulture et demeure aujourd'hui encore un lieu de mémoire familiale.

La vue sur Calvisson et le socle du premier moulin disparu (Photo Anthony Maurin).

Une fois le site du château atteint vous avez plusieurs possibilités. Un parcours de santé y est installé. Le site est bien entretenu, des tables vous permettent de pique-niquer sans problème, les arbres vous dissimulent du soleil ardent et le calme ajoute un certain charme à ce cadre. On sait qu'en 1322, le château comportait deux tours et couvrait plus de 2 000m². Légende urbaine, un souterrain existerait entre château et village...

Le moulin principal, ébréché (Photo Anthony Maurin).

Les habitants de Calvisson avaient pris pour habitude, depuis le XVIe siècle, de venir "piller" les ruines du château. La disparition de ce patrimoine était une menace très réelle. Des travaux de recherche ont été entrepris en novembre 2013 pour la sécurisation et à la mise en valeur des vestiges du château. D'ici, vous voyez loin, très loin ! Mais plus loin sur les sentiers de la balade vous verrez plus loin encore. Prenez le temps de vous imaginer les habitants de l'époque, songez à la vie, dure et âpre d'antan et savourez le moment !

La vue sur Calvisson et la plaine, au fond, la Méditerranée (Photo Anthony Maurin).

Si vous grimpez c'est pour passer du temps au château mais c'est surtout pour voir les moulins. La Vaunage est réputée pour son vin, son huile d'olive et ses moulins. C'est des moulins, au sommer du Roc de Gachone que vous aurez, à moindre coût car la cime ne s'élève qu'à 167m (168 selon une table d'orientation), une vue tout simplement imprenable car à 360° sur la plaine entière. Gachone ? C'est de cette particularité que le lieu tire son nom. L'agaissoun ou agaichoun, les mots qui ont donné Gachone, représentent un endroit élevé où la vue porte loin.

Belle vue avec à droite, l'oppidum de Nages, autre site à visiter sans hésitation (Photo Anthony Maurin).

C'est ici que vous trouverez quatre moulins dont un, celui de la Farinière, a été détruit en 1838 par une tempête. Construit en 1720, il doit son nom à l'un de ses propriétaires. Hélas, vous n'en verrez que le socle qui s'avance tel un promontoire parsemé d'iris sur la plaine qui regarde en direction de Nages.

La table d'orientation (Photo Anthony Maurin).

Le deuxième, réparé en 1928, porte la table d’orientation. Il est doté d'un bel escalier métallique qui se love autour du cylindre en pierre. Empruntez-le et restez le plus longtemps possible devant la table d'orientation. De Nîmes à Bayonne, la visibilité est large. De Nages au Pic-Saint-Loup la vallée du Vidourle défilera sous vos yeux. Derrière, les Cévennes, face à vous, la mer Méditerranée. Ce "moulin ébréché" ou "moulin municipal" selon les sources, fut restauré au début du XXe siècle, sous l'impulsion du fameux docteur Farel (1845-1925) "fervent admirateur de ce site" qui y a fait installer la table d'orientation.

Le moulin pointu depuis le moulin ébréché (Photo Anthony Maurin).

Passons au troisième moulin, le moulin pointu, appelé "signal de Cassini". En effet, le moulin pointu fut choisi par le célèbre géographe César François Cassini de Thury comme point géodésique, un point de repère pour l'établissement de la première grande carte de France. En 1880, il devient le mausolée de deux amis aveugles, son toit en bois étant remplacé par une couverture conique en pierres calcaires.

Le moulin ébréché depuis le moulin pointu (Photo Anthony Maurin).

Enfin, le quatrième et dernier a été récemment consolidé mais demanderait une restauration. Le "Moulin de l'ouest", nommé ainsi par sa position par rapport aux trois autres, porte l'inscription 1774. Cela indique simplement sa date de construction.

Le moulin pointu perce le ciel. Son histoire prend tout son sens (Photo Anthony Maurin).

Avant le XXIe siècle, les Gardois qui grimpaient le Roc de Gachone pouvaient voir non pas trois mais huit moulins fonctionnels dont la farine se retrouvait un peu partout sur le territoire. mais le nombre de moulins à Calvisson a toujours varié au gré de l'histoire. Selon des recherches récentes, un moulin à vent situé sur le Roc de Gachone serait cité dès le début du XIIe siècle, ce qui en ferait l'un des plus anciens d'Europe.

Le moulin de l'ouest (Photo Anthony Maurin).

Simple rappel que vous pourrez retrouver sur la colline, le principe d'un moulin à vent est d'utiliser l'énergie éolienne pour mettre en mouvement une meule. Tous les moulins à vent de la région sont des moulins-tours, dont la capelade (les ailes, le toit et l'arbre moteur) était mobile, de façon à être orientée en fonction du vent, grâce à un gouvernail extérieur ou une crémaillère à l'intérieur. Le mécanisme varie légèrement selon les moulins. On sait par exemple que le moulin de l'ouest avait ses meules à l'étage et non pas au rez-de-chaussée comme c'est parfois le cas. En général, un moulin peut fonctionner avec un vent de 15 à 50 km/h seulement donc autant vous dire que l'emplacement offrait de belles dispositions naturelles !

À l'intérieur du moulin de l'ouest, ses meules sont visibles à l'étage (Photo Anthony Maurin).

Au XVIIIe siècle, le village en aurait donc compté huit moulins à vent et neuf à eau ! Pour bénéficier du terrain venteux, d'autres moulins animaient sans aucun doute les hauteurs de la Vaunage tandis que les principaux cours d'eau offraient de l'énergie hydraulique.

Anthony Maurin

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