Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 21.04.2022 - corentin-migoule - 5 min  - vu 1234 fois

FAIT DU JOUR Une nouvelle pelouse pour l'OAC qui entend renouer avec son glorieux passé

La technique de Jérémy Balmy (de dos) s'exprimera encore davantage sur la nouvelle pelouse de Pibarot. (Photo Corentin Migoule)

Avec dix points d'avance sur son dauphin agathois à six journées de la fin, l'Olympique d'Alès en Cévennes (OAC) ne devrait plus tarder à atteindre son objectif : monter en National 2. S'ils goûtent avec plaisir cette embellie sur le plan sportif, joueurs, dirigeants et supporters du club apprécieront sans doute la réhabilitation de la pelouse de Pibarot, actée par une municipalité bien décidée à accompagner ce retour en grâce du ballon rond en Cévennes.

Irrésistible à l'extérieur depuis le début de la saison (9 victoires, 1 nul), l'OAC, qui n'a perdu que trois fois en 20 journées, l'a fait à chaque fois à domicile (Rodez II, Agde et Narbonne ont gagné à Pibarot). Des défaites à l'issue desquelles la presse (souvent) et les joueurs (parfois) ont pointé du doigt l'état de la pelouse alésienne, lequel est pour le moins imparfait. Et s'il est coutume de dire que "le terrain est le même pour les deux équipes", il est un peu plus handicapant pour celle qui prend le jeu à son compte.

C'est bien souvent le cas des hommes de Stéphane Saurat, lesquels démarrent chaque rencontre dans leur antre avec le statut de favoris et celui d'équipe à battre. Dans ce contexte et alors que les adversaires des Bleus font souvent le choix de leur laisser le cuir pour opérer en contre, les qualités techniques indéniables des Jérémy Balmy, Lucas Franco et consorts se sont souvent heurtées aux faux-rebonds du rectangle vert de Pibarot qui n'a, depuis bien longtemps, plus l'apparence d'un billard.

Coût de la pelouse : 500 000 euros

C'est peut-être avec la crainte que l'avance des leurs au classement ne s'amenuise et que la montée ne leur échappe que les dirigeants cévenols se sont faits de plus en plus pressants durant l'hiver afin que la municipalité, propriétaire du stade, s'empare du sujet. Alerté, le premier adjoint à la mairie d'Alès, Christophe Rivenq, a répondu favorablement aux requêtes des Oaciens en intégrant la réfection de la pelouse de Pibarot au budget de la collectivité.

Et si une pelouse hybride a un temps été envisagée, cette option a rapidement été écartée, jugée trop onéreuse. "Toutes les études ont montré que l'entretien de ce genre de surface était complexe et très cher puisqu'il fallait compter 300 000 euros par an", avertit le dernier nommé, qui a finalement tranché pour une pelouse traditionnelle. "L'appel d'offres est en cours. On commencera les travaux le plus tôt possible", prévient le président d'Alès Agglomération, à qui revient la maîtrise d'ouvrage sur ce dossier en compétence partagée avec la Ville qui va financer (coût estimé à 500 000 euros).

Alors que la perspective d'une montée de l'équipe première à l'échelon supérieur n'a jamais été aussi concrète, Christophe Rivenq écarte l'hypothèse d'une réhabilitation enclenchée sur la seule base de résultats sportifs enthousiasmants : "Il y a un moment où il faut refaire les pelouses, surtout quand il y a des champignons. On a pris la décision de la changer il y a quelques temps, montée ou pas montée, même si les bons résultats ont forcément accéléré les choses."

30 ans après

Près de 30 ans après avoir été refaite en intégralité en 1993 à l'occasion des Jeux méditerranéens, la pelouse de La Prairie se refera donc une beauté durant l'été. Ce qui ravit évidemment les supporters alésiens, Laurent Ivaldi en tête. "La mairie envoie un signal fort quand on sait le coût que ça représente pour une commune de 40 000 habitants", a-t-il exprimé sur le plateau de Bonsoir le Gard dans un débat l'opposant à Jérôme Arpinon.

Puisqu'il militait de longue date pour la réfection du pré de Pibarot, Philippe Mallaroni, manager général de l'OAC, accueille aussi la nouvelle à bras ouverts : "Avec une belle pelouse, on peut imaginer l'organisation de matchs amicaux de gala pour faire une belle fête du foot. Jusqu'à présent, ça me paraissait très difficile. De nouvelles opportunités vont s'offrir à nous !"

Pragmatique, le directeur sportif Jean-Marie Pasqualetti y voit surtout le moyen de répondre à une contrainte : "C'est toujours plus agréable de jouer sur une belle pelouse, mais au-delà de savoir si on va modifier notre philosophie de jeu ou pas, il faut savoir que plus on monte de niveau, plus le degré d'exigence des instances du football en matière de cahier des charges pour la pelouse s'élève."

Une relocalisation inévitable

Une précision qui a son importance quand on sait que les Oaciens vont devoir s'exiler ponctuellement. En effet, le chantier au stade Pierre-Pibarot, dont le lancement est espéré pour le mois de juillet, devrait rendre la nouvelle pelouse impraticable jusqu'au début de l'hiver. "Inévitablement, il faudra choisir une option de relocalisation pour les quatre ou cinq premiers matches à domicile de la saison. C'est une contrainte à laquelle on est content de devoir faire face dans la mesure où nous avons réclamé une nouvelle pelouse", relativise Philippe Mallaroni.

C'est pourquoi, si par on ne sait quelle tragédie l'OAC venait à ne pas monter en fin de saison, les Cévenols auraient la possibilité de débuter l'exercice 2022/2023 sur le synthétique de Saint-Jean-du-Pin, homologué pour le National 3. Mais l'éclairage du stade de la Plaine de Plos ne l'est pas, ce qui obligerait le club à programmer ses rencontres à domicile en journée. En revanche, dans le cas d'une montée en National 2, ce qui reste à ce jour l'éventualité la plus plausible, les Oaciens seraient contraints d'effectuer leur début de saison ailleurs qu'à Alès, puisqu'aucun autre stade de la ville que Pibarot n'est habilité à recevoir des rencontres sportives de ce niveau. À l'heure où nous écrivons ces lignes, le stade Pautex d'Uzès semble tenir la corde pour accueillir les "exilés" mais la direction alésienne, qui préfère s'assurer de "finir le travail en championnat", précise que "rien n'est tranché".

Une fois changée, le rectangle vert alésien devra être entretenu s'il convoite la même longévité que son prédécesseur. Pour le préserver avant les matches, l'équipe première du club devra envisager d'aller voir ailleurs durant la semaine. "Pibarot c'est la première étape. Il faut aussi que l'idée de la municipalité, à terme, ce soit de parfaire tous les terrains de la ville pour qu'on puisse s'entraîner dans de bonnes conditions", milite donc Jean-Marie Pasqualetti.

L'OAC bientôt centenaire

Chaque chose en son temps, mais on ne doute pas que l'idée fera son chemin le moment venu dans la tête des élus locaux qui sont de plus en plus nombreux à garnir la tribune les soirs de match. Le signe, sans doute, d'une attractivité retrouvée pour l'OAC. C'est en tout cas ce que croit Laurent Ivaldi, membre du Kop cévenol héritage : "On a vécu une traversée du désert à partir du dépôt de bilan en 2003. On a perdu des générations de supporters pendant ces 20 ans de purgatoire. Mais ça va mieux depuis que le club, il y a deux ans, a annoncé un projet ambitieux (Cap 2024, Ndlr) qui consiste à placer l'OAC en National d'ici deux ans."

Et bien qu'on ne reverra sûrement jamais 17 000 personnes investir les buttes de La Prairie pour encourager les Cévenols comme cela avait été le cas en 1987 lors de la demi-finale de Coupe de France opposant Alès à Bordeaux, l'OAC, qui fêtera ses 100 ans d'existence l'an prochain, a les moyens de remplir davantage la tribune de Pibarot (3 800 places) qu'il ne l'a fait cette saison. Avec l'arrivée des beaux jours et la disparition du pass sanitaire depuis plusieurs semaines, les trois dernières rencontres à disputer à domicile constituent autant d'occasions de voir jouer les Bleus en les poussant vers la montée. "Le foot est un sport collectif. J'ai l'habitude de dire que c'est un bien public que chacun s'approprie un peu. Ce n'est pas pour rien que les supporters disent "on a gagné". Chacun y va de sa partition et les supporters ont évidemment leur importance", conclut Philippe Mallaroni en guise d'invitation.

Corentin Migoule

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