Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 25.12.2021 - stephanie-marin - 5 min  - vu 8235 fois

FAIT DU SOIR Anissa Sadaoui, la réussite comme cerise sur le gâteau

Anissa dans sa pâtisserie à Nîmes, nous présente sa bûche signature inspiré de son gâteau l'Éphémère. (S.Ma/ObjectifGard) - Romain CURA

Cette Nîmoise, ancienne candidate du concours culinaire de M6 Le Meilleur pâtissier, invente des gâteaux 100 % gourmandise et 0 % sucre. Associée à Bastide médical, elle vend ses douceurs à faible index glycémique dans une boutique sur l’ancienne route de Générac. Son rêve : ouvrir des magasins franchisés partout en France.

Un dessert sans sucre présenté dans la pâtisserie d'Anissa. (Crédit photo : Anissa Pâtisserie)

« Il était une fois. » Cette expression introduit traditionnellement les contes de fées. Et ce n'est pas un hasard si nous ne résistons pas à la tentation de l'employer dans ce cas précis pour brosser le portrait d'Anissa Sadaoui, 33 ans. La Nîmoise d'adoption - elle est originaire de Grenoble - vit un véritable conte de fée notamment dans sa vie professionnelle depuis six ans. Alors, il était une fois une jeune femme que rien ne destinait à une carrière de pâtissière mais qui pourtant a réussi à se faire un nom, enfin un prénom, dans le milieu en ouvrant en 2019 sa première boutique à Nîmes baptisée Anissa Pâtisserie.

« Je ne savais même pas ce qu’était une génoise »

Tout a commencé un après-midi du printemps 2015. Anissa reçoit un message signé d'une responsable de casting de l'émission culinaire Le Meilleur pâtissier. Séduite par les créations que la jeune femme poste régulièrement sur les réseaux sociaux, elle lui propose de candidater pour la saison 4. « Ma première réaction a été de dire non. J'étais débutante. Je ne faisais de la pâtisserie que depuis cinq mois. Mais lorsqu'elle est revenue à la charge un peu plus tard, sur les conseils de mon compagnon et de ma famille, j'ai accepté », se souvient-elle. Anissa n'avait rien à prouver après tout. « Et puis j'avais envie de découvrir l'envers du décor, les coulisses de l'émission », ajoute-t-elle. Alors cette maman de deux petites filles s'est lancée dans l'aventure, sans grande confiance en elle, persuadée d'être éliminée dès la première épreuve. « Rendez-vous compte, à ce moment-là, je ne savais même pas ce qu'était une génoise », s'amuse la Nîmoise.

Anissa sur le plateau du Meilleur Pâtissier. (Crédit photo : Lou Breton / M6)

Mais justement, elle a profité de cette expérience pour améliorer sa technique, se nourrissant de tous les conseils du duo désormais célèbre, le chef Cyril Lignac et la bloggeuse Mercotte, le jury du concours depuis sa création. Elle n'en a pas perdu une miette. « Je pense qu'ils se sont pris d'affection pour moi. Le meilleur conseil qu'ils m'ont donné, c'est de me former une fois l'émission terminée », rapporte la finaliste du Meilleur pâtissier, saison 4.

Des gâteaux 100% gourmandise, 0% sucre

De retour sur les terres nîmoises, après avoir quitté les plateaux de télévision parisiens, Anissa s'est inscrite à l'institut régional de formation des métiers de l'artisanat du Gard pour décrocher un CAP Pâtisserie. Et là... « Vous avez un nouveau message ». À l'autre bout du fil, Dorothée Bravard, directrice de la division diabète chez Bastide Médical propose à la pâtissière de participer à des foires et des congrès. « Sans trop savoir pourquoi, j'ai accepté », lâche-t-elle. Le flair, certainement car c'est lors d'un de ces congrès dédié au diabète qu'Anissa a eu l'idée de créer des gâteaux 100% gourmandise, 0% sucre. Une arme redoutable pour vaincre la frustration que peuvent ressentir les personnes diabétiques ne serait-ce qu'à la simple évocation du mot gâteau.

Anissa a eu l'idée de créer des gâteaux 100% gourmandise, 0% sucre. (Crédit photo : Anissa Pâtisserie)

Selon l'International Diabetes Federation, en 2019 plus de 4,5 millions de personnes en France sont diabétiques et environ 1 million d'entre elles l'ignorent. Son diplôme en poche, c'est elle qui cette fois-ci décroche son téléphone pour proposer à Dorothée Bravard son concept de pâtisseries sans sucre. Bastide Médical suit la Nîmoise qui pâtisse sans relâche pour trouver les recettes ad hoc. Elle remplace les produits raffinés (sucre, farine) par des matières premières plus saines et proscrit totalement le saccharose, joue avec les températures de cuisson. Un véritable laboratoire de recherches s'organise accompagné par une diététicienne spécialisée du centre hospitalier universitaire de Nîmes, afin de réaliser des pâtisseries originales, élégantes et surtout gourmandes. Quel challenge ! Rejointes par Alain Chartier, meilleur ouvrier de France, en 2017 les deux partenaires lancent, sous caution médicale, une gamme de chocolats à index glycémique très faible. Pour la vente de ces produits, tout se passait alors sur internet.

Depuis le Meilleur pâtissier, je me suis trouvée »

Mais deux ans plus tard, toujours associée à Bastide Médical, fruit d'un travail de longue haleine, Anissa ouvre sa boutique de pâtisseries sans sucre le long de l'ancienne route de Générac à Nîmes. Le succès est au rendez-vous pour la pâtissière qui a su... sortir du moule avec un concept qui ne séduit pas seulement les personnes diabétiques qui ne représentent que10% de sa clientèle. Les goûts des Français changent et le sucre, comme le sel d'ailleurs, a perdu de son prestige à leurs yeux. « Jamais je n'aurais pu imaginer une telle chose. J'ai fait les bonnes rencontres au bon moment, mais je me suis accrochée, je me suis battue pour y arriver. » N'y voyez aucune prétention, mais un peu de fierté bien placée récompensant son investissement, ses sacrifices.

Elle ne les regrette pas. « Depuis le Meilleur pâtissier, je me suis trouvée, révélée. Je me suis découverte combative, prête à ne pas compter mes heures pour atteindre mes objectifs, à aller au front quand c'est nécessaire. C'est un peu comme si j'avais changé de personnalité. Avant, un rien m'angoissait. Aujourd'hui j'ai confiance en moi. Je me sens plus forte. Et cela, je le dois à l'émission. Elle vous booste, vous force à avoir confiance en vous pour parvenir à gravir les échelons

Son rêve : des boutiques franchisées un peu partout en France

Dans son laboratoire où elle compose ses créations magnifiques et délicieuses, derrière son comptoir ou face à son ordinateur, Anissa est devenue une véritable pâtissière et entrepreneuse. Inspirée par la success story de Bastide Médical, elle rêve à l'ouverture de boutiques franchisées un peu partout en France. Ce ne sera pas du tout cuit et il lui faudra travailler encore et encore. Mais déjà une deuxième boutique est sortie de terre à Alès. Le conte de fée n'est donc pas terminé.

Le mot de Mercotte

Chaque saison, Mercotte terrorise les candidats du Meilleur pâtissier avec ses épreuves techniques. Et elle y prend un malin plaisir en plus ! Anissa n'y a pas échappé et s'est pris de plein fouet quelques critiques, toujours constructives, de la part de la pâtissière amatrice émérite. « J'ai beaucoup aimé Anissa pour sa volonté, sa persévérance, confie Jacqueline Pin alias Mercotte. Honnêtement, je pensais qu'elle ne resterait qu'une ou deux semaines. Mais elle s'est accrochée, elle est pugnace. C'est une personne mignonne, attachante. »

(Crédit photo : Lou Breton / M6)

La blogueuse n'a pas beaucoup de relation avec les anciens candidats, « mais Anissa m'a contactée et m'a parlé de ce projet qu'elle avait avec Bastide Médical ». Et cette dernière de poursuivre : « Elle était un peu inquiète. J'ai trouvé que l'idée était géniale et je l'ai encouragée à aller au bout. Je n'ai pas pu me rendre à Nîmes mais je suis Anissa sur les réseaux sociaux. J'ai vu à quel point elle a progressé. Vous savez, les candidats amateurs qui deviennent des professionnels sont plutôt rares. La pâtisserie, c'est un vrai métier, un vrai savoir-faire, ce n'est pas seulement faire des gâteaux dans sa cuisine, pour ses proches. Alors quand ils réussissent, comme c'est le cas pour Anissa, c'est d'autant plus méritoire. »

Stéphanie Marin

Stéphanie Marin

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