Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 29.03.2022 - coralie-mollaret - 3 min  - vu 877 fois

FAIT DU SOIR Au Sénégal, les entreprises nîmoises cherchent des débouchés

Le président de Nîmes métropole Franck Proust et le maire de Fimela Karim Sene (Photo : Coralie Mollaret)

Le président de Nîmes métropole, Franck Proust, accompagne une dizaine d’entreprises gardoises au Sénégal, espérant les aider à s’implanter en Afrique. 

Rares sont les élus locaux, comme Franck Proust, tournés vers les questions internationales. « Je veux démonter qu’à l’échelle d’un territoire, on peut faire des choses. Il ne faut pas attendre tout de l’État ! Nos deux pays doivent construire un partenariat gagnant-gagnant », plaide le président de Nîmes métropole. Pour l’ancien député européen, ce voyage au Sénégal est un défi. Celui de redorer l’image de la France au pays de la Teranga et d’intensifier leur coopération. Avec ses 16 millions d'habitants et ses 5% de croissance (avant la crise sanitaire), le pays représente un fort potentiel de développement.

Une dizaine d’entreprise embarquées au Sénégal 

L’Agglo nîmoise a concocté jusqu’à jeudi un programme sur mesure à une dizaine d’entreprises du territoire nîmois. Le casting inclut Phytocontrol, entreprise spécialisée dans la sécurité alimentaire. La société commence doucement à s’établir en Afrique avec l’ouverture d’un bureau à la Maison de la région Occitanie de Casablanca (Maroc). Le directeur du développement de Phytocontrol anticipe : « Le pays qui souhaite exporter ses produits horticoles va avoir besoin de répondre à plusieurs règles sanitaires. L’activité de laboratoire au Sénégal est à développer. » Basé à Vergèze, le bureau d’étude DV2E (Déchets, valorisation, environnement et énergie), lui aussi présent au Sénégal, a un peu d’avance. Il a démarré « une étude d’opportunité pour la réutilisation dans l’agriculture de l’eau et des nutriments rejetés par la station d’épuration de Fatick ». 

L’arrivée de cette délégation nîmoise à Dakar fait suite au partenariat développé avec la commune de Fimela : « C’est la suite logique de notre partenariat que nous avons réalisé sur un triptyque : solidarité, formation et développement économique. » À 150 km au sud de Dakar, Fimela a signé un accord de coopération avec Nîmes métropole, comprenant l’envoi de cinq bus, d’un minibus et d’un véhicule léger. Une première pierre au chantier de la reconquête qu’espère Le Républicain Franck Proust : « Aujourd’hui, si nous ne faisons rien, ce que nous voyons dans la mer Méditerranée va s’intensifier ! » 

Désaccord autour de l’Agence française de développement 

Ce n’est pas le seul constat que déplore Franck Proust. L’homme de Droite trouve « qu’il y a une sorte d’injustice. La France donne de l’argent à l’Agence française de développement (280 millions d’euros par an pour le Sénégal, NDLR) ! Et quand on a atterri à Dakar, on voit que l’aéroport a été fait par les Chinois et le stade par les Turcs ! » Le thème a été abordé - non sans provoquer quelques débats -, ce mardi, à l’Hôtel Lagon. Au cours de tables rondes organisées par la Région Occitanie en partenariat avec Business France, le représentant de l’AFD, Robin Camus, a contredit Franck Proust : « Ces propos sont contradictoires avec le sommet de Montpellier Afrique/France. Les acteurs africains n’attendent pas ça de nous… »

Ce mardi matin, réunion de travail entre des entreprises nîmoises, l'Agglomération et des acteurs de l'économie du Sénégal (Photo : droits réservés)

En clair, ce n’est pas parce que la France donne de l'argent à l'AFD que les entreprises françaises doivent obligatoirement en profiter. Les divergences sont surtout apparues sur le développement de la filière énergie. Aujourd'hui, le Sénégal se tourne massivement vers le gaz pour se développer. Malgré les propositions de Franck Proust, le gouvernement sénégalais n'aurait pas vraiment d'appétence pour les énergies renouvelables. « Les coûts sont élevés car les technologies, comme l’hydrogène, ne sont pas encore maîtrisées », répond Robin Camus.

Les entreprises françaises n'auront pas non plus de tuyaux pour décrocher plus facilement les marchés publics au Sénégal. « Ce sont souvent ceux qui offrent les prix les plus bas qui l'emportent », poursuit le représentant de l’AFD. « Je suis assez surpris, il n’y a pas de vision à long terme », objecte Franck Proust. Finalement, la cheffe de développement chez Business France, Souada Guindo, est de bon conseil : « Quand on veut faire des affaires au Sénégal, mieux vaut ne pas aborder les questions de religion, de politique et de ''Françafrique''. Positionnez-vous en partenaire plus qu’en apporteur de solution. » Le voyage de la délégation nîmoise se poursuivra demain avec le Forum mondial de l’eau puis jeudi, à Fimela, où le maire Karim Sene semble plus enclin à coopérer avec Franck Proust. 

De notre envoyée spéciale, Coralie Mollaret 

coralie.mollaret@objectifgard.com

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Coralie Mollaret

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