Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 29.03.2022 - coralie-mollaret - 8 min  - vu 1073 fois

FAIT DU SOIR Nicolas Meizonnet, député RN du Gard : « Je n’ai jamais considéré Éric Zemmour comme un adversaire »

Le député RN de la deuxième circonscription du Gard, Nicolas Meizonnet (Photo : droits réservés)

Le député RN de la deuxième circonscription du Gard, Nicolas Meizonnet (Photo : droits réservés)

Nicolas Meizonnet a terminé le mandat de député de Gilbert Collard sur la 2e circonscription du Gard, après l’élection de ce dernier au Parlement européen. Aujourd’hui, le candidat brigue un nouveau mandat sur son nom aux Législatives de juin. Sera-t-il le seul candidat d’extrême-Droite ? Rallié à Éric Zemmour, son ancien mentor Gilbert Collard pourrait jouer les trouble-fêtes. Entretien. 

Objectif Gard : Vous avez été élu député en 2020 suite à l’élection de Gilbert Collard au Parlement européen. Serez-vous candidat à votre succession en juin prochain ?

Nicolas Meizonnet : Bien sûr, je serai candidat ! J’ai pris mes fonctions dans un contexte un peu particulier, vous le savez, pile au moment de la crise sanitaire. Il a fallu être « sur le pont » tout de suite. Je dois dire que mes expériences antérieures d’élu départemental et de collaborateur parlementaire m’ont été très utiles. Je connais les spécificités de mon territoire de Petite Camargue, j’y suis né, je connais ses habitants. Je veux pouvoir continuer à les défendre dans ces moments difficiles que nous traversons.

« À l’Assemblée, on me surnomme le Camarguais ! » 

Quel bilan faites-vous de ces deux années passées à l’Assemblée nationale ? 

Ça a été deux années de travail intensif où j’ai eu à cœur de participer à la totalité des débats parlementaires les plus importants, ce qui m’a valu de figurer parmi les 150 députés les plus actifs sur cette période. En même temps, j’ai assuré une présence continue en circonscription. Il y a qu’un malheur, c’est que la gouvernance Macron a fait preuve d’un mépris total à l’égard du travail parlementaire des députés, quelle que soit leur couleur politique. Certains ont eu le courage de le dénoncer, comme ma collègue qui appartenait à la majorité Annie Chapelier.

Vos adversaires, notamment le candidat Les Républicains Frédéric Touzellier, assure que vous n’avez rien apporté au territoire, ni à ses habitants. A-t-il raison ? 

Vous savez, c’est assez classique en campagne électorale de dire de celui dont on veut prendre la place qu’il n’a rien fait, rien apporté. C’est un argument un peu paresseux qui permet de ne pas se pencher réellement sur le travail effectué : 57 questions écrites, 55 propositions de loi, 889 amendements, 347 rendez-vous en deux ans. Et puis il y a aussi tout ce que l’on fait au quotidien pour les gens : aider à trouver un logement, accompagner les gens qui ont été frappés par les inondations, faire avancer les dossiers d’allocation pour adulte handicapé, etc. À la fin, ce sont toujours les électeurs qui jugent !

Quelle est la chose dont vous êtes le plus fier durant ce mandat ? Et, a contrario, le moins fier ? 

C’est évidemment le fait d’avoir pu porter les idées de milliers de Gardois en désaccord avec la politique du Gouvernement, étant le seul député du Gard n’appartenant pas à la majorité. J’ai ainsi pu faire entendre leur voix sur de nombreux sujets : immigration, insécurité, pouvoir d’achat, mais aussi sur des problématiques plus locales. Bien sûr, j’ai eu à cœur de défendre nos belles traditions camarguaises. Là-bas, on me surnomme le Camarguais ! Enfin, la défense de nos libertés en votant contre le pass sanitaire et vaccinal. En revanche, ce dont je suis le moins fier, c’est de voir que Macron bénéficie d’une certaine popularité malgré le mal qu’il a fait à notre pays. On a encore du boulot !

Quels dossiers comptez-vous défendre à l’Assemblée nationale, si vous l’emportez en juin prochain ? 

Au plan national, il y a trois urgences : la fin totale et définitive du recours au pass vaccinal, le référendum visant à stopper l’immigration et des mesures urgentes sur le pouvoir d’achat. Puisque nous remporterons l’élection présidentielle, nous le ferons. Localement, il faut avancer sur les questions d’assurance pour les manadiers et la protection de nos traditions camarguaises, sur les difficultés que rencontrent les pêcheurs du Grau du Roi sur les jours de sortie en mer et les coûts du gasoil.

Vous avez récemment perdu les élections départementales. Cette défaite n’est-elle pas un handicap pour votre réélection ? 

C’était un contexte un peu particulier, je vous le rappelle, avec une abstention massive, inédite. Faire 49% et être en tête dans 7 communes sur 10, dont Vauvert, n’est pas déshonorant. En 2017, on gagne cette circonscription grâce au score que l’on fait à Vauvert, alors même que Gilbert Collard avait perdu deux ans plus tôt les élections municipales à Saint-Gilles. Chaque élection est différente ! La politique, c’est l’école de l’humilité. Il faut savoir tirer les leçons de ses défaites.

« Marion Maréchal ne se présentera jamais ici ! » 

L'ancien député Gilbert Collard, dont vous étiez l'attaché parlementaire puis le suppléant, a quitté le Rassemblement national. Il a rejoint le parti d’Éric Zemmour. Quelles relations entretenez-vous avec votre ancien mentor politique ? 

Je n’ai pas eu l’occasion de lui reparler depuis qu’il a quitté le RN et Marine Le Pen pour rejoindre Éric Zemmour. En vérité, il ne m’a pas prévenu, j’ai découvert cela comme tout le monde, le jour venu, dans les medias.

Avez-vous été tenté, vous aussi, de rejoindre Éric Zemmour ?

Non. Pour autant, je n’ai jamais considéré Eric Zemmour comme un adversaire, plutôt comme un concurrent. Nous partageons de nombreux constats et son programme sur les questions migratoires et sécuritaires est sensiblement identique au nôtre, ce qui me fait m’interroger sur le sens de sa candidature et sa réelle plus-value dans cette campagne. Tous les indicateurs, absolument tous, montrent aujourd’hui que la seule candidate en mesure de rivaliser avec Emmanuel Macron au second tour, c’est Marine Le Pen. Les Français doivent se rassembler autour de sa candidature. Marine, c’est le vote utile !

Gilbert Collard aimerait que Marion Maréchal se présente sur la 2e circonscription du Gard. Cela vous fait-il peur ? 

Ça me fait sourire ! Marion ne se présentera jamais ici, encore moins face à moi. Elle sait que je suis un élu enraciné, un enfant du pays qui défend les mêmes idées qu’elle, à quelques nuances près. Elle a beaucoup de respect pour mon travail. Nous nous connaissons très bien et depuis longtemps vous savez…

Avez-vous encore des contacts avec Gilbert Collard ? Pensez-vous que ce sera lui finalement le candidat d’Éric Zemmour ? 

Je n’ai aucune information, mais je trouverais cela pour le moins curieux. Il y a trois ans, il avait exigé auprès de Marine Le Pen une place au Parlement européen car il disait « s’emmerder » (sic) à l’Assemblée nationale. Mais il peut avoir encore changé d’avis, je ne suis pas dans sa tête.

Aux législatives, deux candidats de la Droite nationaliste ne risquent pas de vous faire perdre l’élection ? 

Il y a bien sûr un risque. Et je vois une vraie contradiction entre le fait de prétendre vouloir faire l’union des Droites ou de la famille nationale, et présenter un candidat face à moi, député sortant de cette même famille, prenant ainsi le risque de tous nous faire perdre et de faire élire le candidat de Gauche ou le candidat macroniste. Je peux vous dire, d’après les retours que j’ai, que cela choquerait même des militants et cadres de Reconquête ! qui ne le comprendraient pas.

Le résultat des élections législatives est corrélé au score de la Présidentielle. Emmanuel Macron fait figure de favori, encore plus depuis la guerre en Ukraine. L’élection n’est-elle pas pliée d’avance pour le RN ? 

Vous savez, un combat n’est pas terminé tant que la cloche n’a pas sonné. Tout peut basculer dans une élection comme celle-ci. Aujourd’hui, les Français ont les yeux rivés sur la guerre en Ukraine. On ne peut pas prévoir ce qui se passera dans 8 ou 15 jours. En 1995, à quelques semaines du premier tour, tout le monde avait la certitude que Balladur serait élu haut la main. Il a été battu. Rien n’est jamais plié. D’ailleurs, les Français n’aiment pas qu’on leur dise ce qu’ils ont à faire et ils n’aiment pas qu’on leur dise que c’est joué d’avance. Nous sommes un peuple très politique qui à tout moment peut surprendre.

« Cela fait des années qu’au RN,

nous défendons la souveraineté de la France »  

La campagne présidentielle sera certainement éclair, marquée par l’indépendance, la souveraineté de la France. Que propose le RN sur cette thématique ?

Ça fait des années qu’au RN nous parlons de souveraineté et tout le monde nous riait au nez. Or, depuis la crise sanitaire, chacun a pu constater que nous n’étions plus auto-suffisants. Nous l’avons vu pour les tests, les masques, les vaccins. Même pour le doliprane. Et aujourd’hui, la crise Russo-Ukrainienne vient révéler notre dépendance à des puissances étrangères sur les hydrocarbures ou les matières premières comme le blé. Si nous ne changeons pas de modèle, nous allons dans le mur. Au RN, nous défendons le localisme : produire au plus près du consommateur. Sur l’énergie, il faut réaffirmer notre volonté d’indépendance en misant sur le nucléaire. 

Quel dossier comptez-vous porter à l’Assemblée nationale ? 

À l’Assemblée, je défends la souveraineté de la France en matière de Défense. Je pense qu’il faut rejeter tout projet militaire transnational comme une « armée européenne », c’est une chimère. Preuve en est : l’Allemagne va débloquer 100 milliards d’euros pour son armée nationale et achète des avions américains. Il faut également quitter le commandement intégré de l’OTAN qui nuit à notre indépendance et ne nous permet plus d’avoir la voix diplomatique que nous avions. Cela nous a rendus inaudibles sur la crise Ukrainienne.

Quelles sont les principales mesures que propose le Rassemblement national en terme de pouvoir d’achat ? 

Le pouvoir d’achat est une composante majeure du projet présidentiel de Marine Le Pen. Pour cela, les leviers qu’elle propose sont divers et touchent plusieurs aspects du quotidien des Français. Par exemple, abaisser la TVA sur les énergies à 5,5% (contre 20% aujourd’hui) permettrait de gagner entre 8 € et 10 € par plein d’essence, d’abaisser la facture de gaz, de chauffage et d’électricité. Elle propose de supprimer la redevance télé (138 €), la nationalisation des autoroutes pour diminuer les prix des péages… C’est tout un paquet de mesures qui redonnera environ 200 euros par mois aux Français. 

La dette et le déficit de la France ont augmenté en raison de la crise sanitaire. Ces prochaines années, il va certainement falloir faire des économies. Que propose le RN en la matière ? 

En effet, Emmanuel Macron aura été le Président du déficit et de la dette, une dette qui s’est creusée de près de 700 milliards d’euros en 5 ans et dont un tiers seulement est imputable à la crise Covid. Marine Le Pen devra remettre de l’ordre dans les finances publiques, mais sans que cela ne pèse sur le portefeuille des Français. Il faudra donc faire des économies sur les dépenses que nous jugeons injustifiées. C’est le cas de l’immigration dont Marine Le Pen a chiffré les économies possibles à 80 Mds d’euros sur le quinquennat, la lutte contre la fraude sociale (20 Mds) et fiscale (100 Mds). Marine Le Pen a annoncé la création d’un ministère exclusivement dédié à la lutte contre toutes les fraudes.

Un second tour Emmanuel Macron/Marine Le Pen se profile. En quoi cette présidentielle sera-t-elle finalement différente de 2017 ? 

Emmanuel Macron ne profite plus de cette « virginité » que l’on pouvait lui accorder en 2017, bien qu’il fut ministre de François Hollande. Il est désormais porteur d’un bilan peu reluisant, et c’est un euphémisme, qu’il va devoir assumer : 1,5 million d’immigrés supplémentaires, un déficit abyssal de la balance commerciale, la dette dont nous avons parlée… Durant ces 5 dernières années, il n’a eu de cesse de diviser les Français, de les traiter avec mépris, de les jeter les uns contre les autres. Alors que Marine, elle, s’est employée à bâtir un projet rassembleur, qui ne souffre ni d’excès ni de faiblesse, et qui peut nous permettre de renouer avec une France apaisée et unifiée.

Propos recueillis par Coralie Mollaret

Coralie Mollaret

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