Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 24.07.2022 - norman-jardin - 3 min  - vu 10230 fois

FAIT DU SOIR Nîmes : l’enfer des travaux de la rue Clérisseau pour Pascale, Sam et les autres

Sam et Pascale sont excédés par les nuisances des travaux rue Clérisseau (photo Norman Jardin)

Sam et Pascale désignent le trottoir qui sera bientôt refait dans leur rue (photo Norman Jardin) Depuis plusieurs jours, le quotidien des riverains de la rue Clérisseau, à Nîmes, est rythmé par les nuisances des travaux de voirie. Bruits matinaux, poussières et odeurs se sont ajoutés aux incivilités quotidiennes. Certains d’entre eux veulent désormais quitter le quartier.

« Je suis à bout et je cherche à partir ! » Pascale n’en peut plus. Elle n'habite dans la rue Clérisseau que depuis décembre 2021, mais elle veut déjà quitter son logement. Il y a plusieurs causes au désarroi de la Nîmoise, mais la principale est le chantier actuel devant son appartement. La ville de Nîmes a entrepris des travaux de rénovation de la voirie le 4 juillet dernier et ils doivent durer jusqu’au 12 août. Depuis, le quotidien des riverains s’est dégradé : « Les travaux débutent dès 6h15. Toutes les nuits de ma compagne sont gâchées par le bruit. Mon sommeil est complètement décalé », se désole Sam, qui est lui aussi nouveau dans le quartier.

« Je ne dors que trois heures par nuit »

Pour Pascale, il est devenu difficile de trouver le sommeil : « Je ne dors que trois heures par nuit ». Les nuisances des travaux ne sont pas uniquement sonores. « Quand les travaux ont débuté, j’étais en train de travailler et, d’un coup, tout s’est mis à vibrer. Impossible de continuer mon activité. Les vibrations du chantier ont même fissuré un de mes murs », assure Carole qui regrette de ne pas avoir été informé : « À aucun moment la ville n’a communiqué pour nous prévenir ». Les fortes vibrations, Pascale les ressent dans son logement : « J’ai des cadres qui se sont décrochés à cause des vibrations, le plancher vibre également. »

La rue Clérisseau est en travaux jusqu'au 12 août (photo Norman Jardin)

« Quand on étend du linge, il faut le relaver car la poussière se dépose dessus. »

Au bruit, il faut ajouter un autre désagrément qui s’invite dans le quotidien des habitants de cette longue rue au nord du centre-ville nîmois, parallèle au boulevard Gambetta : « Sur ma terrasse, il faut perpétuellement nettoyer car il s’y dépose une épaisseur de poussière. Quand on étend du linge il faut le relaver car la poussière se dépose dessus », s'agace Pascale qui rencontre le même problème que Sam. Il y a donc du bruit, de la poussière, mais aussi une forte odeur. « Les murs sont fortement imprégnés d’une odeur comme de la chaux et ça ne part jamais », s’inquiète Sam qui passe son premier été rue Clérisseau.

L'arrêté municipal affiché rue Clérisseau (photo Norman Jardin)

« C’est du gaspillage d’argent public »

Mais ce qui agace le plus les riverains, c’est qu’ils ont la conviction que ces travaux ne s’imposaient pas. « Ces trottoirs avaient déjà été refaits il y a quelques mois, ça ne se justifie pas de les casser à nouveaux alors qu’il y a des rues dans Nîmes qui sont en mauvais état. On s’en fiche d’avoir un nouveau revêtement sur le trottoir », souligne Pascale. Sam est du même avis : « C’est du gaspillage d’argent public. Ils refont à l’identique sauf le revêtement ». 

De son côté, la municipalité justifie les travaux : « On fait une continuité comme dans la rue d’Aquitaine avec des trottoirs de qualités aux normes, car nous voulons que le quartier Gambetta soit traité comme le cœur de la ville. Certes il y avait eu des abaissements pour la mobilité réduite mais cela ne concernait pas l’ensemble des trottoirs », explique Richard Flandin, l’adjoint délégué aux Aménagements urbains, à la voirie, à l’éclairage public et au plan lumière.

Le chantier de la rue Clérisseau (photo Norman Jardin)

« Si je sors après 21h, mon fils vient avec moi et j’ai un taser »

Celui qui est aussi président du conseil de quartier Costières ne cache pas sa surprise face aux plaintes des riverains : « Je suis étonné car ce sera super chouette et beau. Je n’ai pas eu de retour de leur part et je pense que 90 % des habitants de la rue sont contents. » Si la situation est devenue difficile à supporter pour les riverains c’est parce que le travaux s’ajoutent aux incivilités quotidiennes. « Il y a les automobilistes qui roulent vite, la musique à fond et puis il y a parfois des bagarres. J’ai signalé à la police municipale une voiture tampon, mais personne ne réagit. Le quartier est à l’abandon », se désole Pascale qui ne se sent pas en sécurité : « Si je sors après 21h, mon fils vient avec moi et j’ai un taser ».

Sam, quant à lui, constate le sans-gêne de certains Nîmois : « Régulièrement, je retrouve des canettes devant ma porte et c’est moi qui ramasse ». Dans quelques semaines, les riverains de la rue Clérisseau auront un trottoir tout neuf. Mais pour Pascale, Claire, Sam et les autres, l’été 2022 restera celui des odeurs, de la poussière et du bruit.

Norman Jardin

Norman Jardin

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