GARD Vendanges 2017 : petit rendement, graves conséquences !
Les raisins de la colère ? Un peu partout dans le Gard, les vendanges ont commencé et les premiers résultats laissent présager des pertes de rendement importantes de l'ordre de 20 à 35%. Si la qualité devrait être au rendez-vous, le Syndicat des vignerons gardois (SVG) réclame d'ores et déjà une augmentation du prix de l'hectolitre aux négociants et aux centrales d'achat. À défaut de quoi, ils se disent déterminés à reprendre les actions coup de poing visant la grande distribution...
C'est à Montagnac, à mi-chemin entre Alès et Nîmes, dans les locaux de la coopérative locale que les vignerons du SVG avaient donné rendez-vous à la presse pour faire le point sur la récolte qui a débuté et les revendications qu'ils souhaitent soumettre rapidement aux négociants, aux centrales d'achats et aux grandes surfaces.
Concernant la récolte le millésime 2017 sera "qualitatif plus que quantitatif", déplore d'ores et déjà le responsable du syndicat, Xavier Fabre. "Après analyse des premières parcelles vendangées ici et là, on envisage des pertes de production de l'ordre de 20 à 35% au moins", poursuit-il. En cause ? Le coup de froid du dernier week-end d'avril dernier, qui avait provoqué un arrêt de sève et provoqué énormément de coulures, et la sécheresse estivale. Cette année, on escompte une récolte d'environ 10 millions d'hectolitres. Un chiffre à mettre en regard des 13 millions récoltés régulièrement ces dernières années.
Le vin espagnol et les grandes surfaces dans le collimateur
Cela étant, et même s'il reste à certains du vin des années précédentes à vendre, le manque à gagner est considérable pour les quelques 2 000 exploitants gardois qui avait vu dernièrement leur situation s'éclaircir un peu. "Nous allons attendre la fin des vendanges et ensuite nous allons reprendre nos discussions avec les centrales d'achats, les négociants et la grande distribution", reprend Xavier Fabre. "Nous exigerons que les grandes surfaces référencent des vins languedociens et français dans leurs rayons. Et ils les paieront le juste prix. Ceux qui les produisent crèvent de faim ! Pour compenser les pertes de rendement il faut que l'hectolitre nous soit payé 100 euros."
Et pour l'heure, le compte n'y est pas. "Actuellement, on tourne en moyenne à 75 euros. Cette augmentation ne pèsera pas sur le prix de la bouteille : cela représente tout juste 11 centimes", détaille celui qui est à la tête de 350 adhérents et d'une vingtaine de caves affiliées au SVG.
Reprise des opérations coup de poing à la rentrée ?
Et pour se faire entendre, les vignerons n'hésiteront pas à réitérer leurs opérations coup de poing dans les hypermarchés de la région. "Certains ne nous ont pas bien compris. Nous reviendrons les voir...", menace clairement Xavier Fabre qui regrette en parallèle que les plaintes déposées auprès des services de la répression des fraudes soient restées lettre morte : "Personne n'a été convoqué et il n'y a pas eu de sanctions contre ceux qui trichent sur l’étiquetage et la provenance des vins qu'ils commercialisent."
Quant aux réponses données par le Ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, sur la question posée par la député du gardoise Annie Chapelier (*) concernant les vins espagnols et de la concurrence déloyale qu'ils génèrent, les syndicalistes ne sauraient s'en satisfaire et le dialogue risque rapidement de tourner ...vinaigre ! : "C'est du foutage de gueule ! (sic) Il ferait bien de prendre un conseiller viticole. Il n'a rien compris à nos problématiques. On lui parle vin du Languedoc il répond vin bordelais ! Nous l'invitons à venir nous rencontrer et se rendre compte sur place. Et s'il ne veut pas venir, c'est nous qui nous déplacerons au ministère !" Attendre et voir...
Philippe GAVILLET de PENEY
philippe@objectifgard.com
(*) Reprenant l’étendard brandi par la députée gardoise, deux sénateurs, Henri Cabanel (PS) et Robert Navarro (divers gauche), et deux députés, Patrick Vignal et Philippe Huppé (La République en marche) de l'Hérault ont interpellé le Ministre par courrier sur le même thème. Ils prônent le contrôle drastique de l'étiquetage en grande surface et celui des camions à la frontière. Les signataires réclament par ailleurs qu'un véritable dialogue s'instaure rapidement entre le ministre français et son homologue espagnol pour lutter contre la fraude.