PRÉSIDENTIELLE Au Grau-du-Roi, Marine Le Pen à la pêche aux voix
Il y avait une agitation quelque peu inhabituelle ce matin sur le quai Christian Gozioso, au port de pêche du Grau-du-Roi.
Une centaine de personnes, dont certains venus avec des drapeaux français, des affiches et même… un tableau représentant un coq, attendaient dans le froid, en compagnie d’un aréopage d’élus et de médias.
« Mon grand-père était marin-pêcheur »
Soudain, on aperçoit un chalutier au loin, et sur la proue, une dame aux cheveux blonds et à la veste blanche. Elle fait un signe de la main en direction du quai. C’est Marine le Pen, venue dès potron-minet embarquer en mer sur La Grâce de Dieu II, en compagnie d’une seule équipe de télévision, nos confrères de France 2, et du député RBM du Gard Gilbert Collard.
L’accueil sur place est chaleureux, à coups de « Marine Présidente » et de « Marine à la barre », dans une ville qui a voté à 33,6 % pour Marine Le Pen au premier tour, deux fois plus que pour Emmanuel Macron (16,02 %). Les journalistes massés sur le petit quai en tôle doivent tendre l’oreille pour entendre la candidate du FN venir affirmer son « soutien à la pêche traditionnelle qui est aujourd’hui mise en danger par les directives et les règles absurdes de l’Europe. »
La fille de Jean-Marie Le Pen a également défendu la création « d’un grand ministère de la mer de plein exercice » avant de rappeler que « (son) grand-père était marin-pêcheur » puis d’affirmer que cette virée matinale en mer lui donnait « l’énergie et la vitalité pour continuer. »
A la question d’un confrère sur la mise en scène de ce déplacement, il est vrai assez visible, et sur le tweet posté un peu plus tôt par son adversaire du second tour Emmanuel Macron (voir plus bas), la candidate du Front national estimera qu’elle « n’a pas de leçon à recevoir de la part de M. Macron. Je fais de la politique et je vais à la rencontre des gens. » Le maire FN de Beaucaire Julien Sanchez ne dira pas autre chose quelques minutes plus tard, se concentrant sur « les pêcheurs et leur situation gravissime en ce moment. »
Au delà de la pêche, la candidate profitera de ce déplacement pour tancer « la dérégulation totale imposée par l’ultralibéralisme », avant de s’en prendre à Emmanuel Macron sur la question de l’usine Whirlpool d’Amiens : « ça correspond à la politique qu’il a mis en place avec François Hollande. Emmanuel Macron propose un ultralibéralisme total et une casse sociale par ordonnance. je ne veux pas qu’on lui donne un blanc-seing pour une casse de la politique sociale, j’en appelle à tous les Français. » Pour le coup, ce sont plutôt les électeurs de Jean-Luc Mélenchon qui sont visés.
Ambiance électrique sur le marché
Après s’être difficilement engouffrée dans sa voiture, Marine Le Pen quitte les lieux. Une visite sur le marché du Grau-du-Roi, sur la rive d’en face, était initialement prévue, mais la rumeur de son annulation se répand. Qu’à cela ne tienne, les journalistes vont tout de même place du marché, au cas où. Les caméras et les perches son attirent l’oeil et rapidement une foule se forme. Finalement, on apprendra quelques minutes après que Marine Le Pen ne viendra pas sur le marché. L’ambiance est électrique. Après avoir interviewé plusieurs électeurs du FN, un confrère donne la parole à un homme opposé au parti frontiste. L'homme se fait copieusement huer, et les « Marine présidente » scandés par la foule de plus en plus compacte recouvrent ses propos, et il finit par crier : « liberté, égalité, fraternité ».
A côté de nous, une dame d’une soixantaine d’années venue voir la candidate du FN crie plus fort que les autres : « Marine présidente, Macron au trou ! Les journalistes vous êtes tous des fumiers ! » Marine Le Pen sera en meeting ce soir à Nice.
Le tweet d'Emmanuel Macron sur la visite de Marine Le Pen au Grau-du-Roi :
Madame le pen se promène à la pêche. Bonne promenade. La sortie de l Europe qu elle propose c est la fin de la pêche française. Pensez y. EM — Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 27 avril 2017
Thierry ALLARD