TOURISME Le département et le Pont du Gard limitent la casse
Si ce n’était pas non plus la soupe à la grimace, l’ambiance était plus à la sobriété qu’à la gaudriole ce jeudi matin au Pont du Gard pour la présentation du bilan de la saison estivale dans le département et sur le site du Pont du Gard.
De là à y pressentir que les chiffres qu’un aéropage d’élus départementaux et régionaux s’apprêtaient à dévoiler seraient mauvais, il n’y avait qu’un pas, qu’il ne fallait pas tout à fait franchir.
Une saison « convenable »
« Cette saison aurait pu être beaucoup plus compliquée tant elle a mal commencé » a lancé le président de Gard Tourisme Philippe Pécout en guise d’introduction. Méthode Coué ? Pas si simple : « Dès les mois de mai et juin des facteurs nationaux, avec moins de ponts en mai, des grèves et une météo capricieuse, et internationaux sont venus perturber la saison touristique, explique l’élu laudunois. Mais juillet et août ont été beaucoup plus positifs pour l’ensemble de nos territoires. »
Philippe Pécout se base sur l’enquête réalisée par Gard Tourisme auprès des professionnels du secteur. Une enquête qui fait ressortir que si 40 % des professionnels estiment que la fréquentation touristique a été en baisse sur la saison, ils sont 60 % à la percevoir identique (31 %) ou supérieure (29 %). La palme revient au secteur du Grau-du-Roi Port Camargue, avec 79 % d’estimations à la hausse ou stables. Globalement, 65 % des professionnels se disent satisfaits de leur mois d’août, un record, et pour l’ensemble de la saison, ils sont 59 %.
« Les hôtels et les campings ont bien fonctionné, avec un bémol sur les chambres d’hôtes qui sont un peu à la baisse, par rapport à leurs très bons résultats de ces dernières années » a poursuivi Philippe Pécout avant de qualifier la saison de « convenable. » « Nous ne pouvons que nous en réjouir, compte tenu du contexte national et international. »
Le Pont du Gard souffre, mais « tire son épingle du jeu »
Un contexte qui a pesé aussi, et peut-être encore plus, sur le Pont du Gard. Si, d’après le président de l’EPCC Patrick Malavieille, le site « tire son épingle du jeu avec une baisse de 4 % en juillet-août par rapport à une année 2015 qui avait été exceptionnelle », le monument du tourisme gardois a lui aussi souffert.
Ainsi, 259 749 personnes ont visité le pont en juillet, en baisse de 3,7 % par rapport à 2015, et 273 374 personnes en août, soit - 4,04 %. Au 31 août, 1 090 000 visiteurs s’étaient rendus à l’aqueduc romain, soit un recul de près de 11 % par rapport à 2015. « C’est du jamais vu, mais ça tient au contexte, relativise le directeur général du Pont du Gard Paolo Toeschi. Après novembre (et les attentats de Paris et Saint-Denis, ndlr) tous ceux qui n’avaient pas payé des arrhes se sont décommandés. »
Un reflux principalement venu d’Asie et des Etats-Unis. Or, « le poids du tourisme international sur le Pont du Gard est considérable, c’est 45 %, affirme Paolo Toeschi. Alors dès que Donald Trump s’exprime sur la France comme il le fait, c’est sensible. » A cela s’ajoute aussi le printemps pourri du tourisme gardois qui n’a pas épargné le site romain.
Pas question de déprimer pour autant : « dans cette conjoncture, beaucoup aimeraient avoir ces chiffres là », estime le directeur du Pont, qui se réjouit du fait que l’exposition sur les Gaulois a attiré « plus de 110 000 visiteurs », quand Patrick Malavieille soulignait que « les manifestations événementielles comme les Fééries ou Lives au Pont sont des éléments importants de captation du public qu’il faut continuer. » Dans un contexte budgétaire tendu, le soutien affiché et réaffirmé de la Région via les deux conseillères Nelly Frontanau et Monique Novaretti, présentes hier matin, a été apprécié.
Si la saison estivale touche à sa fin, pas question de relâcher la bride : « Nous devons soutenir les manifestations et dynamiser les sites sur cette période essentielle des ailes de saison » a ainsi affirmé Philippe Pécout. C’est que si le printemps a été pourri, les acteurs du tourisme gardois comptent sur cet estival mois de septembre pour se refaire la cerise.
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Un nouvel outil a été mis à disposition des offices de tourisme par Gard Tourisme. RodsApp, c’est son petit nom, est un logiciel « qui permet un comptage qualitatif et quantitatif de la fréquentation des Offices de tourisme », explique Francis Laupies, président de la Fédération départementale des offices de tourisme. Parmi les premières données collectées, on constate que 29 % d’étrangers ont poussé la porte d’un OT gardois cet été, et que parmi eux près d’un tiers (29 %) venaient de Belgique. Suivent les Pays-Bas (22 %), le Royaume-Uni (15 %) et l’Allemagne (13 %).
Thierry ALLARD