Publié il y a 2 mois - Mise à jour le 16.09.2025 - Romain Fiore - 3 min  - vu 2213 fois

ALÈS « Il était là pour casser du flic », le manifestant arrêté de "Bloquons tout" a été condamné

bloquons tout

Le manifestant qui a été arrêté par la police, paraissait devant le tribunal en comparution immédiate ce lundi. 

- R.F.

C'était la seule personne interpellée à Alès lors des manifestations "Bloquons tout", lors de la journée du 10 septembre dans la ville des Cévennes. 

"Il était là pour casser du flic." Quentin Larroque, substitut du procureur de la République d'Alès, évoque ainsi Théodore, seul manifestant arrêté lors du mouvement national Bloquons tout, organisé dans la capitale des Cévennes. Pourtant, ce mercredi 10 septembre, Théodore assure être venu manifester pacifiquement sa colère, notamment contre l'État. Ce jeune homme de 19 ans, récemment titulaire d’un CAP en menuiserie et actuellement en recherche d’emploi, voulait avant tout exprimer sa rage contre un système qui, selon lui, l’a mis à l’écart depuis plusieurs années.

Un profil jugé impulsif et colérique

Reconnu comme souffrant de TDAH et hyperactif, le jeune homme se décrit, au fil de son audition, comme impulsif et colérique, mais nie en bloc les accusations qui lui sont reprochées. Pourtant, selon les multiples rapports de police établis le jour de la manifestation, tous concordent pour le désigner comme l’un des leaders du mouvement : « en donnant des consignes aux autres, en invectivant les policiers, en bloquant la route avec des poubelles et des caddies, ainsi qu’en jetant des pierres sur les forces de l’ordre », rapporte le représentant du ministère public.

La présidente de l’audience présente à l’accusé des photos de la manifestation. Elles montrent un jeune homme, décrit dans le rapport de police et correspondant à Théodore, qui avait par ailleurs changé de vêtements au cours de la journée. Malgré ces images, l’accusé réfute et nie être la personne identifiée sur les caméras de surveillance, ce à quoi la présidente rétorque : « Monsieur, à un moment, il ne faut pas prendre le tribunal pour des… ».

« Je n’ai rien pu faire »

Théodore admet qu’il se trouvait dans le cortège qui a filé jusqu’au rond-point de la 2x2 voies, qu’il voulait bloquer avec les autres manifestants, mais affirme « ne pas avoir pu le faire car il y avait trop de policiers sur place ». S’il est bien revenu en direction du Cratère avec le reste du mouvement, il est ensuite reparti dans les rues d’Alès, où cette fois-ci, il a été interpellé par trois policiers qui l’ont plaqué au sol. « Ils m’ont mis par terre, je n’ai rien pu faire. J’ai tendu mes mains pour me faire menotter », raconte Théodore, avant de concéder avoir « craqué dans la voiture de police » et insulté un fonctionnaire de « chien », sous l’effet de la colère.

N’est pas Che Guevara qui veut

Selon lui, « les flics ne sont pas tous des salauds ». Il dit avoir voulu manifester pacifiquement pour protester contre le gouvernement actuel et espérer un avenir professionnel digne. Mais ce jeune homme, qui se considère rejeté par la société et perdu dans sa scolarité, était déjà connu des services de police lorsqu’il était mineur. À l’époque, il avait été condamné à une amende de 500 € pour des graffitis. Depuis sa majorité, son casier judiciaire était vierge. 

Pour l’avocat des forces de l’ordre parties civiles, Me Jean-François Corral, le jeune homme cherche surtout à esquiver ses responsabilités :« N’est pas Che Guevara qui veut. On a face à nous quelqu’un qui nous prend un peu pour des imbéciles », lâche-t-il à la barre. Le substitut du procureur, Quentin Larroque, est encore plus direct : « Il est le catalyseur de cette violence, celui qui a voulu semer la zizanie le 10 septembre. Il était là pour casser du flic, ces fameux chiens de l’État. » Son avocate, Me Mendez, estime que le parquet d’Alès voulait « faire un exemple », et que son client est devenu « l’exemple cévenol pour contrer les manifestations ».

Une défense partiellement entendue

Le procureur avait requis 12 mois d’emprisonnement dont une partie assortie d’un sursis probatoire, avec obligation de travailler, ainsi que 70 heures d’intérêt général.

Le mis en cause a finalement été relaxé pour les faits de violences liées aux jets de pierres, mais reconnu coupable. Il écope de 12 mois d’emprisonnement assortis d’un sursis probatoire de deux ans, avec exécution provisoire. Il devra également effectuer, à ses frais, un stage de citoyenneté, respecter une obligation de travail et réparer les dommages causés aux victimes ainsi qu’aux finances publiques.

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