Publié il y a 1 an - Mise à jour le 04.06.2022 - pierre-havez - 3 min  - vu 993 fois

AU PALAIS « Je recommencerai à être libre comme un aigle royal »

La salle d'audience du tribunal correctionnel de Nîmes. Photo Tony Duret / Objectif Gard

Soubir est condamné à 18 mois de prison, dont 9 avec sursis par le tribunal judiciaire de Nîmes, pour avoir foncé sur des policiers lors d’un contrôle, dans la nuit du 9 au 10 décembre 2021, à Saint-Gilles, obligeant l’un d’eux à plonger pour éviter d’être percuté.

Mais en garde-à-vue, l’homme jure que ce sont les policiers municipaux qui lui ont foncé dessus ! « La mémoire me revient : ils ont mis la sirène pour me contrôler. Mais j’étais en règle, j’avais le permis depuis trois ans, mon assurance et mon contrôle technique », déclare-t-il à la barre du tribunal, mardi 31 mais 2022. Puis, soudainement, sa voix se brise, lorsque la juge lui fait remarquer que sa compagne, présente dans la voiture, décrit une scène inverse. « Ce jour-là, c’était l’anniversaire de ma femme, j’avais fait des mélanges. Je ne me suis pas arrêté car je ne voulais pas gâcher sa fête, ni qu’on se sépare. On m’a mis en psychiatrie, puis on m’a incarcéré. Mais j’assume mes responsabilités, je suis un bonhomme ! »

« Je suis un cobaye »

La juge écarquille les yeux. « Vous avez pris des risques énormes, prenant des ronds-points à pleine vitesse, effectuant plusieurs tête-à-queue. Des étincelles sortaient de la voiture pendant la course-poursuite, avec elle à vos côtés ! Je ne pense pas qu’elle garde un bon souvenir de son anniversaire… », objecte la présidente Béatrice Almendros.

Diagnostiqué bipolaire, le quadragénaire a déjà connu une quinzaine d’années en détention pour de multiples condamnations, et vit avec une obligation de soin pendant dix ans. « On me fait des injections, une dans la fesse droite, une dans la gauche. Je suis un cobaye, j’ai plus de 710 grammes de médicaments dans le corps… », décrit Zoubir, avec précision.

Déscolarisé à 12 ans, placé à 15 ans, il fume, depuis, une dizaine de joints par jour. « Je bois aussi, avec modération. Mais quand je bois, c’est à fond avec des amis pendant trois jours. Puis, ensuite, pendant quatre jours je me repose : je bois de la limonade, du sirop et du thé à la menthe. », tente-t-il de se défendre.

« J’ai réussi à rester onze ans en liberté »

C’est au tour du procureur de s’étonner. « Ça fait 300 joints par mois ! Vous croyez que c’est compatible avec votre état de santé ? » l’interroge Eric Maurel. L’homme tente de faire preuve de bonne volonté. « Non, ça fait un mauvais cocktail molotov (sic), mais avec l’âge, je m’assagis, jure-t-il, avec émotion. J’ai été en prison de 15 à 37 ans, puis j’ai compris qu’il fallait que je prenne mes distances avec la Justice. Ensuite, j’ai réussi à rester onze ans en liberté, je suis fier de moi, je suis fier de moi ! » Soubir écarte alors les bras comme s’il voulait s’envoler du box des prévenus. « Je recommencerai à être libre comme un aigle royal (sic), avec ma femme, ma maison, dans le droit chemin. J’ai joué, j’ai perdu, mais je serai de nouveau libre ! », reprend-il avec force.

« Il se bagarre tous les jours contre sa maladie »

La Parquet requiert 24 mois d’emprisonnement avec sursis contre Zoubir. « Les faits sont extrêmement graves. Il avait pourtant largement la place de passer à côté, mais il s’est précipité de manière délibérée sur le policier, pointe le procureur. C’est son cinquième refus d’obtempérer… »

Son avocat plaide un aménagement de peine. « Comment peut-on dire à la fois qu’il est bipolaire et que cette maladie n’a pas de rapport avec l’infraction. Bien évidemment que c’est le mélange d’alcool et de son traitement qui a conduit à ce comportement !, fait valoir François Jehanno. Mais il est malade, il n’a rien à faire en prison. Il a un parcours de vie compliqué, mais il est positif : il se bagarre tous les jours contre sa maladie. Il sait se tenir… »

La peine ferme sera faite sous bracelet électronique. En plus, Zoubir devra se soigner et indemniser les policiers municipaux. Il lève le pouce vigoureusement et remercie chaleureusement le tribunal en partant.

Pierre Havez

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