AVIGNON OFF Interview avec Taha Mansour, un mentaliste au Festival

Taha Mansour
- @Loïc BartoliniÀ travers son spectacle, le mentaliste Taha Mansour vous invite à un voyage poétique vous incitant à remettre en question votre perception du fonctionnement du monde en portant attention aux conséquences de vos actions du quotidien. Taha Mansour vous embarque dans un voyage bluffant que vous n'êtes pas près d'oublier. Entretien.
Objectif Gard : Taha Mansour, pouvez-vous vous présenter ?
Taha Mansour : Je suis auteur, metteur en scène et mentaliste. Après une formation d'ingénieur à Centrale Paris, je me suis tourné vers l'art de la scène et la psychologie cognitive pour développer des spectacles qui mêlent science, poésie, théâtre et mentalisme. J'enseigne également diverses compétences d'influence et de négociation en entreprise et grandes écoles.
Votre spectacle s’appelle L’effet papillon. Qu’est-ce qui vous a inspiré ce titre et en quoi résume-t-il l’expérience que vous proposez au public ?
Ce qui m'a inspiré est le phénomène initial de L'effet Papillon. Conceptualisé en 1961 par le scientifique Edward Lorenz, il décrit comment un simple petit changement peut enclencher des conséquences plus grandioses. Comment les battements d'aile d'un papillon au Brésil peuvent engendrer une tornade au Texas. Ayant découvert ce phénomène, je me suis questionné sur son implication sur les humains. Et si nos moindres actions du quotidien avaient des répercussions inattendues ? Et si nous étions nous-mêmes des papillons qui génèrent des tornades à l'autre bout de la planète ? À travers différentes expériences interactives, le public viendra se questionner sur la conséquence de ses choix du quotidien et découvrira comment parfois un simple mot ou geste peut créer une connexion invisible entre plusieurs individus dans la société.
Vous mêlez mentalisme, hypnose et illusion. Comment travaillez-vous pour créer des numéros qui restent cohérents et autour d’un même thème ?
Je pars du message que je veux transmettre et de ce avec quoi j'aimerais que le public reparte à la fin du spectacle. Ce qui compte pour moi en premier lieu est ce que les gens retiennent et non ce qu'ils vivent au moment présent. À partir de ça, j'imagine des effets ou des expériences de mentalisme qui viendraient illustrer ces différents phénomènes, et ensuite, j'utilise ma boite à outils des différents éléments que je connais afin de développer une manière pour atteindre ce résultat qui à la base semblait impossible.
L’hypnose peut intriguer ou effrayer. Comment mettez-vous les spectateurs en confiance et quelle place leur participation tient-elle dans le spectacle ?
Le plus important pour moi est que les spectateurs sur scène se sentent bien et aient envie d'expérimenter avec moi. Pour cela, il y a deux choses que je fais qui me permettent de les mettre en confiance. D'abord, je me livre, j'explique mes intentions, l'objectif de la séance, avec bienveillance et transparence. Cela me met au même niveau que le public. Certes, je suis un artiste qui va créer des phénomènes mémorables, ou montrer des capacités qui paraissent extraordinaires, mais plutôt que de me mettre en opposition au public, je me mets en position de partage. De plus, les spectateurs que je fais monter sur scène sont valorisés et non dégradés, ce qui renforce cette sensation de confiance. C'est cette recette qui met le public à l'aise, et qui me permet de créer des expériences parfois très intimes.
Votre formation scientifique et votre intérêt pour la psychologie influencent-ils la conception de vos tours ou la mise en scène ?
Absolument. Ma formation d'ingénieur m'a donné une structure de pensée. Mes mises en scène et mes créations en mentalisme sont structurées. Lorsque je mets en scène, que ce soient mes spectacles ou d'autres, je vais écrire les règles de l'univers scénographique auquel la mise en scène devra obéir, comme les lois de physique qui réagissent notre univers. Une fois ces règles figées, je les laisse libres pour avancer et raconter l'histoire qu'il y a à raconter. Dans mes effets de mentalisme, mon processus de création est très similaire à celui d'un ingénieur résolvant un problème. Je pars d'une volonté et d'une idée qui me parait impossible à réaliser, je l'analyse et j'utilise mon savoir et mes compétences pour lui trouver une solution et la rendre faisable. En ce qui concerne mes diverses formations en psychologie cognitive, elles nourrissent directement le fond de mes textes et également mes méthodes. L'esprit humain recèle encore tant de mystères...