FAIT DU JOUR À Rochefort-du-Gard, Martine, 75 ans, à la porte de sa propre maison
« C’est épuisant, ça m’est très dur comme situation. » Martine Garofalo, 75 ans, souffle en évoquant sa vie depuis un mois.
Depuis le 13 août dernier, cette sage-femme à la retraite, installée à Rochefort-du-Gard depuis une soixantaine d’années, arrive à l’aéroport de Marignane. Elle revient d’un séjour de deux ans en Guyane, où elle était partie en août 2018 pour garder la fillette de sa nièce. Au départ, elle n’a prévu qu’une escale de quelques semaines à Rochefort, avec un passage par sa maison de famille, qu’elle loue à deux locataires depuis deux ans. Un au rez-de-chaussée, un à l’étage.
Le but de ce séjour : faire un état des lieux de la maison et de son grand jardin, alors que les locataires devaient quitter la maison au plus tard au 1er septembre dernier. « J’ai mon billet retour, je n’ai pas prévu de revenir habiter ici », martèle la septuagénaire. Elle loue sa maison à un loyer modéré, 400 euros chacun par mois, avec en échange un engagement des deux locataires de tenir la maison et le jardin propres.
Or, avec le locataire du rez-de-chaussée, la propriétaire commence à rencontrer des problèmes. « Il a d’abord eu des soucis d’argent. Il n’a pas payé son loyer pendant six mois, mais ensuite il réglé ce qu’il me devait », retrace Martine Garofalo. Le locataire est difficile à joindre, « il ne répondait jamais au téléphone, seulement par SMS », poursuit-elle. Reste que le bail d’un an avec tacite reconduction est reconduit en septembre 2019 avec l’aval de Martine Garofalo.
Pour autant, la confiance n’est pas au beau fixe : « Je sentais qu’il y avait un petit quelque chose, donc je me suis dit que j’allais rentrer pour voir dans quel état se trouvait la maison », explique-t-elle. Elle prend alors la décision de congédier ses locataires, dont un, celui de l’étage, n’a plus donné ni loyer ni signe de vie depuis juillet 2019. Elle leur envoie un recommandé à chacun pour ne pas reconduire le bail en septembre 2020. « Ils ne sont jamais allés les chercher à La Poste », précise-t-elle.
« Le jardin et la maison sont complètement dévastés »
Martine Garofalo débarque donc à Marseille le 13 août dernier et arrive à Rochefort dans la foulée. Elle prévient le locataire du rez-de-chaussée qu’elle va passer. « Il m’a dit "pas question, tout va bien et de toute façon je ne vous ouvrirai pas". Et effectivement, il ne m’a pas ouvert et n’a pas daigné me rencontrer, ni me répondre au téléphone », affirme-t-elle. Problème : la voiture de Martine est dans le garage de la maison et elle en a besoin. Elle finit par la récupérer, non sans mal, et en profite pour prendre quelques photos de la maison.
Ce qu’elle y voit est sans équivoque : « Le jardin et la maison sont complètement dévastés », commente-t-elle en nous montrant les photos. On y voit une maison pour le moins très sale et un jardin à l’abandon, bien loin des engagements pris par les deux locataires. « Et encore, je n’ai pas pu voir l’étage », ajoute Martine Garofalo, convaincue que le locataire du rez-de-chaussée a profité du départ de celui du premier étage pour y élire domicile.
Or, la saleté de la maison et du jardin a attiré des rats, ce dont les voisins se plaignent. Car en partant, elle avait laissé son chien et quelques poules à la maison, dont les locataires devaient s’occuper. Résultat : « Ils ont jeté des graines et des croquettes partout », résume Martine, qui a depuis récupéré son chien.
L’huissier reste lui aussi à la porte
Ulcérée par la situation, Martine Garofalo a décidé de prendre un avocat, qui a tenté de faire établir un constat d’huissier. « Lorsque l’huissier est venu, il n’a pas pu rentrer car le locataire a bloqué le portail avec sa voiture », retrace-t-elle. Nous nous y sommes rendus mardi après-midi, et effectivement, une Ford dont la vitre arrière était brisée était collée au portail à l’intérieur. Son avocat a demandé une sommation de quitter les lieux, qui est pour l’instant restée lettre morte.
Que faire ? « La gendarmerie me dit qu’elle ne peut rien faire car il n’y a pas encore de décision de justice », tempête Martine, qui plaide pourtant la bonne foi. « Le 1er septembre, il m’a demandé une semaine pour préparer ses affaires. Il devait quitter la maison le 7 septembre à midi au plus tard. Il s’était engagé mais il est toujours là, et il fait le forcing », se désole Martine Garofalo. Alors en désespoir de cause, elle a écrit au préfet, au garde des Sceaux et même au président de la République.
En attendant, Martine a passé un mois au Lemon hôtel de la Bugade de Rochefort, ce qui lui a coûté 600 euros, avant que la mairie ne mette à sa disposition ces derniers jours son logement d’urgence dans le centre-village. « L’avocat et l’huissier disent qu’il faut que je patiente, mais ils ne se rendent pas compte de ce que je suis en train de vivre, souffle-t-elle, digérant mal le temps judiciaire. Je vois passer les jours pendant que ma maison part en vrille. »
Aujourd’hui, Martine craint une chose : le retour de la trêve hivernale au 1er novembre. « En reprendre pour un an, ce n’est pas possible », s’étrangle-t-elle. L’objectif reste de toute façon de « récupérer (sa) maison pour la faire remettre en état. » Pour la relouer ensuite, Martine Garofalo ayant prévu de repartir en Guyane ? « On verra. »
Thierry ALLARDthierry.allard@objectifgard.com
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