Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 12.07.2018 - corentin-corger - 4 min  - vu 2080 fois

FAIT DU JOUR Avec eux, la base aéronavale de Garons subsiste

Une poignée d'anciens marins du ciel, mais pas seulement, continue d'entretenir l'avion Breguet 1150 Atlantic exposé sur l'ancienne base, visible depuis la Route de Saint-Gilles.
Patrick Mouret et Pierre Drimaracci de l'Amicale des marins et anciens combattants de Nîmes-Costières qui entourent Paul-Émile Clément, président du Conservatoire historique de l'aéronavale à Nîmes (photo Corentin Corger)

Le plus dur est de lutter contre la corrosion sur un avion stationné à Garons depuis 1997 (photo Corentin Corger)

La présence d'Hervé Morin, il y a une dizaine de jours à Nîmes, pour les Universités d'été des Centristes a fait reparler de la base aéronavale de Garons.

Ministre de la Défense en 2011, il avait acté sa fermeture. Réunis sous le Conservatoire historique de l'aéronavale de Nîmes, quelques anciens marins du ciel et passionnés se réunissent toujours à l'ancienne base pour entretenir l'avion Breguet 1150 Atlantic, fleuron de l'aviation militaire française.

Vous avez déjà forcément tourné la tête en longeant le casernement du 503e régiment de Garons, sur la Route de Saint-Gilles, pour admirer l'avion qui est exposé. Il s'agit d'un Breguet 1150 Atlantic, vestige de la Marine nationale. Un avion dans la Marine ? Ce monstre des airs, de conception française, servait à la patrouille maritime sur la Méditerranée et même sur une partie de l'océan Indien et l'Atlantique sud.

Durant la Guerre Froide, pour répondre à la menace soviétique, le Conseil de l'Atlantique Nord demande aux pays signataires de l'OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique Nord) de concevoir un avion de lutte anti-sous-marine. En 1959, parmi vingt-quatre projets, c'est le programme français qui remporte la compétition. Mais comme il s'agit d'une coopération militaire entre plusieurs états, les Anglais avec leur moteur Rolls-Royce et les Américains participent également à la construction du Breguet.

Mis en service en 1965, ce patrouilleur avait un long rayon d'action pouvant permettre des vols d'une durée supérieure à 16 heures, sans ravitaillement. "On est allé jusqu'au Pôle Nord avec ! ", se remémore Paul-Émile Clément, ancien officier chargé des opérations radio et des détections magnétiques. "Nous faisions de l'assistance et du sauvetage en mer de tout navire ou avion en difficulté, de l’appui aux forces navales par un système de renseignements très élaboré et de la recherche de tous trafics illicites, clandestins, drogues et armes", détaille Paul-Émile en repensant aux missions de l'avion qu'il a tant côtoyé.

Une bande de copains

Ce bijou de la technologie française a connu ses heures de gloires avec la base aéronavale de Garons pendant près de 35 ans. Au début des années 2000 c'est le Breguet Atlantique qui a pris le relais. En partenariat avec l'Armée de terre, l'association du CHAN (Conservatoire historique de l'Aaéronavale à Nîmes) se réunit chaque jeudi pour entretenir ce joyau des airs et le maintenir dans de bonnes conditions de présentation. L'ancre de la marine est présente sur le site pour rappeler que ces hommes ont appartenu à la marine, d'où le surnom de Marins du ciel.

Cette bande de copains, âgés de 65 à 75 ans, se compose essentiellement d'anciens militaires. "J'ai quitté la marine en 1978 pour le bâtiment. Mais arrivé à la retraite j'ai voulu retrouver mes anciens camarades", confie Gérard, dit Zap, pour les intimes. Ils sont plusieurs dans ce cas à être revenus à leur première passion et surtout par amitié avec Paul-Émile Clément. La famille recrute large et notamment Hugues, ancien professeur de SVT. "J'ai rencontré l'équipe lors de la Feria de l'air en 2015 et j'ai eu envie de découvrir le côté intime des avions. Je suis jamais reparti."

Déjeuner sous l'aile d'un avion : elle est pas belle la vie ! (photo Corentin Corger)

Toutes les semaines et par tous les temps, ils sont une dizaine à se retrouver en fonction des disponibilités de chacun. Les salopettes sont de sortie et la bonne humeur également. Tout commence par un bon coup de tondeuse pour nettoyer le site et le préposé c'est Dominique, debout sur l'image avec la casquette, devant sa machine de guerre. Place ensuite a un état des lieux complet de l'appareil avant de se mettre au boulot. Tout le monde met la main à la pâte avant la pause du midi où chacun participe au repas. C'est l'heure où les souvenirs de mission vont bon train et où la nostalgie alimente les discussions.

Ça rigole et l'heure tourne, il faut se remettre au boulot. Boulonné à cet endroit, depuis 1997, l'avion est dans les mains du CHAN seulement depuis 2011. Une structure qui résiste au temps bien qu'elle soit exposée en plein air. "À Garons, on a la chance d'avoir un air sec. Les avions conservés à Lorient, par exemple, s'abîment très vite, avec la corrosion", explique le maître des lieux. Malgré l'avantage du climat, la corrosion reste le combat majeur de ces bricoleurs de l'extrême. Après avoir traité tous les points, l'objectif est de repeindre entièrement la bête.

Appel aux civils

Le Breguet 1150 Atlantic exposé à Garons (photo Corentin Corger)

L'équipe en profite pour passer un appel à la population afin de combattre... la corrosion ! Tous les profils sont acceptés et pas forcément des anciens marins. Des carrossiers retraités ou des spécialistes de la peinture sont plutôt recherchés. Mais l'essentiel est d'avoir de la main d'oeuvre. S'il y avait un titre à donner à l'annonce, ce serait : "toutes les bonnes volontés sont les bienvenues". D'autant plus qu'il suffit seulement de régler 10 euros de frais d'adhésion pour intégrer la bande. Entre nous, c'est quand même plus sympa de réparer un avion que de s'inscrire au club tricot ou tarot.

Et en matière de travail, il y a de quoi faire. Même si personne ne se met pas la pression, le but est que l'avion soit le plus élégant possible pour le dimanche 21 octobre, date de la Feria de l'air, une journée importante pour le CHAN, où en même temps se déroule la journée portes ouvertes du 503e Régiment du Train avec passage obligé dans le Breguet. Paul-Émile et les siens comptent bien encore se retrouver tous les jeudis pour partager leur passion, jusqu'à prendre leur envol.

Corentin Corger

Informations et inscriptions sur le site : chan-nimes.org 

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