Publié il y a 2 h - Mise à jour le 12.09.2025 - Anthony Maurin - 6 min  - vu 134 fois

FAIT DU JOUR Chicuelo II fait vibrer les arènes et vivre les émotions

L'orchestre Chicuelo II en répétition (Photo Anthony Maurin)

L'orchestre Chicuelo II en répétition sous la baguette de Rudy Nazy (Photo Anthony Maurin)

Chicuelo II est connu pour être l’orchestre des arènes. Rudy Nazy en est aujourd’hui le chef et nous explique le rôle du groupe lors des prochaines corridas « goyesque » d’Arles et « Carmen » de Nîmes.

Chicuelo II ici aux arènes d'Arles (Photo Archives Anthony Maurin).

Lors de chaque spectacle taurin, de la novillada sans picadors à la grande corrida de gala comme le seront les corridas goyesque de la feria du Riz à Arles et la corrida Carmen de la feria des Vendanges à Nîmes, un orchestre signe les temps forts d’une course.

La musique ponctue chaque changement de phase et rend hommage au savoir-faire humain. La musique exprime parfois ce que rien d’autre ne peut sortir.

Et la musique a son importance. Elle n’est jamais choisie au hasard et permet au public comme aux professionnels

« C’est une première répétition, juste pour lire ! Nous ne sommes pas au complet mais on se prépare. Nous sommes mi-août, un dimanche, il y a les messes, les baptêmes, les vacances et ceux qui sont malades… Donc une quinzaine de musiciens a pu se libérer pour cette première répétition... On a bien fait de faire cette petite lecture ! » relève le chef de l’orchestre Chicuelo II, Rudy Nazy. Chicuelo II ? Drôle de nom pour une formation musicale !

L'orchestre Chicuelo II en répétition (Photo Anthony Maurin)
L'orchestre Chicuelo II en répétition sous la baguette de Rudy Nazy (Photo Anthony Maurin)

D’orchestre, Chicuelo a commencé par être une peña taurine créée en 1959 et portant le pseudo du maestro Manuel Jimenez Diaz, décédé en 1960 dans un crash d'avion.

Retour en arrière. Le 26 septembre 1954, un matador de toros venu d'Albacete enflammait les tendidos des arènes de Nîmes par son toreo vibrant. Il se nommait Chicuelo II. Une peña musicale se créait alors et adoptait sur un rythme d'air pamplonais, le cri de ralliement : CHI-CUE-LO !

L’enthousiasme était tel que ce groupe d'aficionados devenu une peña, un club de soutien, porte très vite le nom du maestro. Ces fans, danseurs, arborant des drapeaux et déambulant dans la ville lors des triomphes du maestro à l'occasion des ferias.

L'orchestre Chicuelo II en répétition (Photo Anthony Maurin)
L'orchestre Chicuelo II en répétition (Photo Anthony Maurin)

Cette harmonie est devenue l'orchestre des arènes de Nîmes en 1962 mais elle évolue aussi aux arènes d'Arles et un peu partout à travers la France taurine.

Depuis sa création, peu de chefs ont été à la tête de la formation, trois. René Vedel, Robert Marchand et actuellement Rudy Nazy. L'orchestre Chicuelo II joue principalement des musiques taurines, des pasos dobles. Mais, l'orchestre se produit aussi en concert lors des fêtes votives, pour des comités d'entreprise ou des associations de village et bien sûr pour les clubs taurins.

Grands standards de jazz, belles musiques latines, grands succès cinématographiques ou tubes de variété, Chicuelo est polyvalent. La meilleure des preuves sera justement cette goyesque pour laquelle le répertoire est adapté au show et à l’organisation d’un spectacle qui fête vingt années de musique, d’art et de tradition.

Chicuelo II, le chœur Escandihado et Muriel Tomao en rouge dans les arènes d'Arles lors d'une corrida goyesque (Photo Archives Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

Mais pour ces deux corridas spéciales, c’est une autre commande qui est passée. Dans la même trame, mais plus lyrique. Pour Rudy Nazy, « Sur le papier, c’est toujours bien, mais il faut jouer pour se rendre compte des choses car les arènes sont une salle un peu à part ! En plus il y aura des surprises donc il nous faut prévoir et adapter certaines choses. »

La forme elliptique de l’amphithéâtre bimillénaire, l’aspect « plein air » du monument, le probable vent, le temps et la température… Rien de facile quand on joue dans les arènes pour une corrida. Le secret ? Le travail et le savoir-faire adaptatif. « Le lieu vaut le détour même si nous y sommes habitués. C’est toujours un honneur, ce sont des lieux magiques. Si on dit que le vent est la troisième corne pour le maestro, pour nous aussi c’est un handicap. Si on a du vent il faut faire avec et que le public ne s’en rende pas compte de cette difficulté. La corrida n’est jamais écrite par avance et le vent peut se lever à n’importe quel moment après que la corrida ait démarré sereine et paisible de ce côté… »

Chicuelo II est aussi connu pour ses réorchestrations des grands airs du cinéma. Poser de tels souvenirs auditifs sur une faena des plus visuelles demeure une chose rare et chargée de sens.

Orchestre Chicuelo II (Photo Anthony Maurin)
L'orchestre Chicuelo II en répétition (Photo Anthony Maurin)

Avec la musique dans les arènes, ce sont tous les sens de l’aficion qui émergent et qui peuvent être chahutés, bousculés, apaisés.

Chicuelo a dû sortir dix albums que vous pouvez retrouver chez les bons disquaires ou en ligne. Des musiques variées pour celles et ceux qui aiment les grands airs, les paso dobles, les musiques de film ou le répertoire local folklorique.

Quelques morceaux avant le paseo, du chant et de la danse seront aussi de la partie en plus de quelques surprises ornementales et mobiles. La musique ? Un hommage. Pas toujours simple d’adapter le répertoire aux corridas, en peu de temps et avec comme mission d’être toujours impeccable, irréprochable. Le professionnalisme, l’amour de la musique et la passion opèrent alors grâce au talent de chaque membre de Chicuelo.

Chicuelo II pour fêter les anniversaires de la cité (Photo Anthony Anthony Maurin).

Ils sont professeurs de musique dans les conservatoires des environs, retraités, salariés du privé et viennent de Nîmes, d’Arles, de Saint-Gilles, de Paris ou d’ailleurs, en tout cas, ils sont tous passionnés et ce sont tous des musiciens amateurs avertis au niveau conséquent.

Et le chef d’orchestre, qui connaît le déroulé de la tarde n’improvisera pas grand-chose. C’est pour cela qu’il faut se préparer à tout. « Ça, par exemple, il faut le sucrer, ça n’a plus rien à voir avec l’original mais nous sommes obligés pour que ça rende bien. Ça, on le verra le 7 (NDLR septembre pour une autre grande répétition) directement avec eux, on risque de couper et de rajouter autre chose, je ne sais pas. »

L'orchestre Chicuelo II en répétition (Photo Anthony Maurin)
L'orchestre Chicuelo II en répétition (Photo Anthony Maurin)

Rappelons ici que depuis 2005 et la première corrida goyesque arlésienne montée par Luc Jalabert, le père de l’actuelle direction menée par Lola et Jean-Baptiste Jalabert, Chicuelo II a participé à chacun des paseos spéciaux. Les artistes se sont succédé pour décorer piste et tendidos, Rudy et les siens ont toujours appuyé le trait, sublimer l’espace par leurs sonorités.

Pour la feria d’Arles, cette année Chicuelo collabore avec le chœur d’Escandihado d’Arles et Muriel Tomao, mezzo-soprano. « Elle officie depuis quelques années avec nous, c’est une voix radieuse qui souligne les moments fort de la faena. » Mais cette année, nouveauté, seules trois des six faenas ne seront chantées. « L’empresa d’Arles a voulu que nous intervenons 20 minutes avant le paseo et 20 minutes après la corrida. Le chœur mettra son talent pour l’avant paseo, l’après corrida et pendant les faenas. »

L'orchestre Chicuelo II en répétition (Photo Anthony Maurin)
L'orchestre Chicuelo II en répétition (Photo Anthony Maurin)

Sans réellement changer le fond ou la forme, l’évolution de cet anniversaire fait que la goyesque sera organisée sous une nouvelle version.

« On va retrouver le chœur et la mezzo-soprano dans un programme différent aussi bien pour les solistes que les musiciens solistes de Chicuelo, car nous en mettrons en avant ! Ça peut permettre l’adhésion du public, surtout si la corrida sort bien. »

Retour à la corrida Carmen de Nîmes ! L’orchestre partagera l’affiche avec d’autres artistes. Valentine Lemercier, mezzo-soprano, Frédéric Cornille, baryton et le barcelonais Ignacio Encinas, le ténor. « Nous avons plutôt l’habitude de jouer des musiques taurines mais, pour une fois, nous allons jouer certaines œuvres qui ne font absolument pas partie de notre répertoire. Pour cette circonstance nous étoffons l’orchestre avec six musiciens supplémentaires, deux flûtes, un piccolo, deux cors, et un euphonium. »

L'orchestre Chicuelo II en répétition (Photo Anthony Maurin)
Après le travail, le partage d'une bonne paella pour les musiciens de Chicuelo II (Photo Anthony Maurin)

Pour une question de sonorité, par rapport au public et aux chanteurs Chicuelo II sera repositionné dans les arènes. Comme par le passé, l’orchestre revient à son emplacement médian, dans la largeur de la piste et à mi-hauteur des tendidos (au-dessus du Vomitoire 207). « Le jour J on sera entre 27 et 28, une formation conséquente pour nous puisqu’en moyenne nous sommes 22, 23, 24 dans les grands moments. C’est un projet très enrichissant pour nous, ça nous permet de faire autre chose que ce que nous avons coutume de faire ! »

C’est vrai qu’une fois de temps en temps, sortir d’une zone devenue confortable est un challenge que Chicuelo II et ses membres désirent relever. « On travaille sur ces nouvelles pièces avec plaisir en pensant à notre histoire et nous essayons de maintenir le cap insufflé par mes prédécesseurs ! »

Chicuelo II, toujours en place et partant pour mettre ambiance et rigueur musicale à l'ordre du jour dans les arènes de Nîmes (Photo Archives Anthony Maurin).

Pour Nîmes comme pour Arles, le décorum des arènes de ces deux courses spéciales sera une curiosité à ne pas manquer. Ce qu’il à quoi il faudra surtout assister ? Au-delà des corridas pures et dures, c’est à ces « concerts » atypiques que Chicuelo II livrera lors de chacune de ces sessions !

Il vous reste 80% de l'article à lire.

Pour continuer à découvrir l'actualité d'Objectif Gard, abonnez-vous !

Votre abonnement papier et numérique
à partir de 69€ pour 1 an :

  • Votre magazine en version papier et numérique chaque quinzaine dans votre boite aux lettres et en ligne
  • Un accès illimité aux articles exclusifs sur objectifgard.com
Anthony Maurin

Actualités

Voir Plus

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio