Publié il y a 1 mois - Mise à jour le 18.03.2024 - Camille Graizzaro - 4 min  - vu 516 fois

FAIT DU JOUR Le sort de l'abattoir d'Alès défendu au concours bovin et ovins de Nîmes

Patrick Viala, Fanny Tamisier, Patrick Gravil et Jean-Pierre Prodel.

- C. Graizzaro

La quatrième édition des concours bovins et ovins de Nîmes se tenait aujourd’hui au Mas des agriculteurs à Nîmes, mais ce n’était ni les Aubracs, ni les Limousines, ni les Mérinos qui étaient au cœur des discussions, mais bien les abattoirs d’Alès.

De nombreux agriculteurs, mais aussi bouchers, restaurateurs et autres professionnels de la viande, ainsi que quelques visiteurs étaient présents au Mas des agriculteurs ce matin pour la quatrième édition des concours bovins et ovins de Nîmes. Si certains, comme Nadège et Patrice, sont venus avec leurs enfants pour voir le bétail de près, certains éleveurs ont présenté bœufs et agneaux destinés à la vente aux jurys.

Les bovins étaient divisés en trois catégories: les génisses limousines, les génisses Aubrac, et les toutes races. • C. Graizzaro

Uniformité des lots d’agneau, forme des muscles ou tenue des bêtes, ces dernières sont examinées sous toutes les coutures. Quatre vaches ainsi que quatre lots d’agneaux se sont vus récompensés. « Je veux faire découvrir mes animaux au grand public », explique Jérémy Dufas, éleveur ovin à Fontarèches. « Mais on est aussi là pour trouver des acheteurs potentiels ! » Parce que c’est bien là tout l’enjeu du concours : les bêtes récompensées sont mises aux enchères, les autres proposées à la vente gré à gré après la cérémonie de remise des prix.

Jérémy Dufas, éleveur ovin et lauréat du concours ovin 2024. • C. Graizzaro

Pourtant, en cette quatrième édition, c’est un autre sujet qui est présent dans tous les discours : le sort de l’abattoir d’Alès. En effet, ce dernier est passé devant le tribunal de commerce du Gard cette semaine, dont le délibéré sera annoncé le 20 mars prochain. Le seul abattoir du département est en cessation de paiement, et tous les éleveurs présents ici ont décidé de se mobiliser pour le « sauver » comme l’indique le t-shirt rouge que la plupart d’entre eux ont arboré.

Une cagnotte a été mise en place, inaugurée par les 17 employés du Mas des agriculteurs qui ont déboursé 300 euros, ainsi que l’Intermarché de Saint-Privas-des-Vieux qui s’est engagé à reverser l’équivalent d’un pourcent de la dette qui accable l’abattoir alésien. Cinq pourcents des montants des enchères seront également reversés à cette cause, et tous les discours appellent à la mobilisation. « Nous avons conscience que notre temps est compté pour la sauvegarde de cet abattoir. Nous invitons donc toutes les collectivités territoriales, toutes les filières autour de l’élevage… Nous demandons la solidarité de tout le monde », clame Patrick Viala, président du collectif Bienvenue à la ferme. « Sans abattoir, pas d’élevage, ni de circuit court. Si l’abattoir d’Alès venait à mourir, que tous ceux qui ne feront rien dans les jours qui suivent, ne viennent pas larmoyer le jour des funérailles. »

Eleveurs, bouchers, élus... tous ont affirmé aujourd'hui leur soutien à l'abattoir d'Alès. • C. Graizzaro

« Aujourd’hui, l’abattoir est en danger de mort ! » s’exclame Christophe Rivenq, président d’Alès Agglo. « Ce n’est pas un problème d’argent, c’est un problème de mobilisation générale, c’est un problème d’apport de viande, il nous en faut 3 500 tonnes par an et c’est possible ! Si cet abattoir n’est pas sauvé, ce sera de notre responsabilité collective, il ne suffit pas de mots, il suffit d’actions. Si nous voulons demain pouvoir conserver nos agriculteurs, nos éleveurs, il va falloir entre autres sauver cet abattoir. » Tous les acheteurs aux enchères ont fait connaître leur intention de faire appel aux abattoirs d’Alès pour les bêtes acquises aujourd’hui.

"Un abattoir qui a 60 ans ne peut pas fonctionner aussi bien qu'un abattoir neuf."

La nécessité de construction de nouveaux locaux est également soulevée à plusieurs reprises. « Un abattoir qui a 60 ans ne peut pas fonctionner aussi bien qu’un abattoir neuf », pointe Christophe Rivenq. « L’objectif pour que perdure ce vieil outil c’est bien sûr la construction d’un abattoir départemental neuf, adapté à la réalité des volumes du monde contemporain », ajoute Patrick Viala. Le manger local a aussi été cité comme une solution d’avenir, notamment via l’exemple de l’abattoir paysan du Vigan, qui grâce « à une poignée d’éleveurs acharnés » subsiste malgré son petit tonnage, et participe ainsi à la sauvegarde de leurs modes d’élevage et des circuits courts dans les Cévennes.

Tous les élus présents (Philippe Ribot, président de l’association des maires du Gard, Laurent Burgoa, sénateur, Cathy Chaulet, élue départementale, Éric Giraudier, président de la CCI du Gard, la mairie de Nîmes, Michel Sala, député du Gard, Bruno Weitz, maire de Saint-Félix, Nathalie Saumade, présidente de la Chambre d’agriculture du Gard, mais aussi des représentants de la FDSEA et du syndicat des Jeunes agriculteurs) ont également affirmé leur soutien à l’abattoir d’Alès et aux agriculteurs lors de leurs discours de remise des prix aux éleveurs lauréats (et à leurs acheteurs).

Le jury bovin en pleine délibération. "Quoi qu'il en soit, ce n'est pas parce qu'une bête est moins bien classée que sa viande est moins bonne, elles sont toutes exceptionnelles" assure Jean-Pierre Prodel de la coopérative Altitude Aurillac, venu jouer les comissaires priseurs lors des enchères. • C. Graizzaro

Du côté des ovins, c’est Jérémy Dufas qui a obtenu le grand prix d’excellence avec son lot d’agneaux Mérinos croisés Île-de-France, achetés 14 euros le kilo carcasse par la maison Joassan, grossiste. Il est suivi en deuxième place par Pascal et Mathieu Duplan, qui ont vendu leur lot 12 euros du kilo carcasse aux Halles de la Vaunage à Caveirac. Chez les bovins, c’est une Aubrac du Clos Saint Jean à Aimargues, elle aussi achetée par les Halles de la Vaunage pour 20 euros du kilo de viande qui a remporté la première place. Elle est suivie de près par une bête de Claude Méjean achetée 10,10 euros le kilos carcasse par le super U d’Anduze.

Florent Giboulet et son fils, lauréats du concours bovin 2024 à Nîmes. • C. Graizzaro

Les organisateurs de l’événement ont également tenu à saluer le travail des éleveurs, notamment les plus jeunes ou ceux ayant une exploitation hors contexte familial. L’accent a également été mis sur l’autonomie en alimentation : certains producteurs produisent aussi le fourrage, les céréales ou les protéines pour leur bétail, fonctionnant ainsi en totale autonomie et en toute maîtrise de l’alimentation de leurs bêtes.

"J'ai 10 euros, qui me donne 10,10 euros? Allez, c'est toujours le plus compliqué ce passage de 10 centimes!" • C. Graizzaro

Camille Graizzaro

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