FAIT DU SOIR Les 80 ans de la victoire célébrés dans tout le département

À Nîmes, la cérémonie s'est déroulée au monument aux morts.
- Photo : Norman Jardin.Les 80 ans de la Libération sont, cette année, l'occasion de célébrations plus marquées de la victoire de 1945. Dans un contexte international qui bafoue bien souvent les leçons tirées du dernier conflit mondial, les discours ont autant fait appel à la mémoire qu'à l'actualité.
À Nîmes
À Nîmes, près de 300 personnes se sont retrouvées au square du 11 novembre pour ce rendez-vous. Le souvenir de la Seconde Guerre mondiale est encore présent pour certaines générations qui comptent bien le transmettre à ceux qui leur ont succédé. C’est justement avec une note juvénile et poétique que la cérémonie a débuté. Des collégiens et les membres du conseil municipal des jeunes ont lu des œuvres de Jean-Pierre Rosnay, Paul Éluard, Robert Desnos et de Madeleine Guérin ainsi qu'un extrait de la lettre d’adieu d’Henri Fertet, un résistant fusillé par les Allemands alors qu’il était âgé de 16 ans.
Puis est venu un temps plus solennel avec les prises de paroles de Philippe Perrier, le délégué du comité de Nîmes pour le Souvenir français et de Jean-Paul Boré, le président de l’UDAC qui a lu un manifeste de l’Union française des associations de combattants et victimes de guerre. La partie orale de la cérémonie a pris fin avec la lecture du message de Sébastien Lecornu, ministre des Armées et de Patricia Miralles, ministre déléguée auprès du ministre des Armées, chargée de la Mémoire et des Anciens Combattants, par Jérôme Bonet, le préfet du Gard.
Enfin, les portes drapeaux sont descendus dans la crypte du monument aux morts et ils ont été suivis par les institutionnels pour le dépôt de 11 gerbes. Une fois la cérémonie terminée, les participants et les spectateurs ont rejoint l’Esplanade Charles de Gaulle où étaient exposés des véhicules militaires de civils datant de la Seconde Guerre mondiale. Le moment de souvenir s’est ensuite fini avec le verre de l’amitié au son d’un concert.
Au Vigan
S'il s'agissait de célébrer la victoire dans une guerre européenne destructrice, la maire du Vigan, Sylvie Arnal, n'a pas manqué de souligner, lors de son discours de commémoration, les autres victoires de l'époque - comme les "80 ans de l'entrée des femmes dans la démocratie" - ou ce qui n'était pas encore achevé au 8 mai, "les prisonniers de guerre et les travailleurs du STO (service de travail obligatoire, NDLR) qui n'étaient pas encore rentrés", ou encore la découverte des camps de concentration, "le regard des déportés et la maigreur de leurs corps".
"Tant que nous sommes dans notre confort, entendons-nous les cris de ceux que l'on écrase ?", a demandé Sylvie Arnal en interrogeant notre époque. "L'intolérance gagne chaque jour du terrain, a conclu la maire du Vigan. Ceux qui n'ont pas de mémoire ne doivent pas nous faire revivre ce cauchemar." Président de l'Union nationale des combattants du Pays viganais, Luc Gervais a renchéri : "La paix est en danger sur notre continent", a-t-il dit en évoquant "le plus inquiétant, le plus destructeur et le plus meurtrier de tous les conflits". "Souvenons-nous des sacrifices qu'une génération entière a accepté pour sauver le pays", a lu la sous-préfète du Vigan , avant le dépôt des gerbes qui contient toujours - spécificité locale - une gerbe au Chef Marceau, commandant du maquis Aigoual tombé en août 1944.
À Bagnols
À Bagnols, ce 80ᵉ anniversaire de la victoire des Alliés sur l'Allemagne nazie a été l'occasion de dévoiler une plaque en hommage aux résistants déportés depuis Bagnols. Le 9 février 1944, les résistants engagés dans le réseau des Francs-tireurs et partisans français, liés au Parti communiste, Josep Alabert-Pascual, Damian Ruiz, Louis Thomas, Vladimir Morozow, Ladislas Kanik et Wassili Wasilewicz Linkow étaient arrêtés et déportés. Ils y laisseront la vie. Sur la plaque figurent aussi le nom de trois résistants ayant survécu aux camps de la mort, Primo Bartoloso, Alfred Bierry et Raoul Reynaud.
"Oublier serait trahir, se souvenir, c'est résister", lancera l'adjoint au maire de Bagnols et président local du Souvenir Français Christian Baume, en présence notamment de l'historienne Mireille Justamond, des Amis de la Fondation pour la mémoire de la déportation. "Ils ont été arrêtés ici, chez nous, pour avoir osé dire non", rappellera ensuite le maire de Bagnols Jean-Yves Chapelet. "Nous Bagnols, nous ne les oublions pas, nous gravons leurs noms dans nos mémoires, dans nos lieux, dans nos âmes."
Une cérémonie précédée d'une polémique, la première version de la plaque ne faisant pas figurer le nom de Damian Ruiz, comme l'a relevé le secrétaire de la section Gard rhodanien du Parti communiste français, Elian Cellier. Erreur réparée in extremis, et le maire rappellera que le nom de Damian Ruiz serait bientôt officiellement celui du parvis de la gare de Bagnols.
La journée de commémoration s'est poursuivie avec deux cérémonies aux deux monuments aux morts de la ville, en présence du sous-préfet Mathias Nieps. L'occasion de rappeler que le 8-mai a mis un terme à six années de guerre durant lesquelles "l'Europe a subi l'ignoble", rappelle Jean-Claude Mougenot, de l'Union fédérale des anciens combattants de Bagnols, avant de rendre hommage à tous ceux morts pendant la guerre, civils ou militaires, à "cette jeunesse sacrifiée à la guerre, à qui nous devons notre liberté, reprendra l'ancien combattant. Soyons vigilants."
Ici aussi, la transmission était un élément important des cérémonies, avec une forte présence de jeunes issus du Conseil municipal des enfants et des jeunes, et d'élèves du lycée Einstein membres du Service national universel. Une présence saluée par le maire, qui lancera : "Comment ne pas s'inquiéter d'un retour possible de la guerre quand un jeune sur quatre ignore ce qu'est la Shoah ?" Alors que le contexte international n'incite pas à l'optimisme : "Comment ne pas entendre aujourd'hui l'écho lointain des pas sur nos pavés ?", demandera le maire, avant d'affirmer qu'"aucun match ne se gagne depuis les vestiaires". Puis le sous-préfet conclura avec la lecture du message du ministre des Armées.
À La Grand'Combe
Place Jean-Jaurès, La Grand'Combe a vibré au rythme des dépôts de gerbes, des hymnes et des lectures portées par les jeunes. La Marseillaise a été interprétée par les élèves du lycée Pasteur et les jeunes de l'EPIDE, accompagnés de l'orchestre Variation. Le Conseil municipal des jeunes a lu un texte fort, suivi du "Chant des partisans" et du message officiel de l'UFAC.
Le discours poignant de Laurence Baldit, maire de la commune, a rappelé la nécessité de transmettre les valeurs de paix et de tolérance, en insistant sur le rôle essentiel de la culture et des livres. Elle a salué le courage des résistants d'hier et a appelé à la vigilance face aux extrémismes d'aujourd'hui. Patrick Malavieille a quant à lui retracé l'histoire locale du 8 mai 1945, notamment le retour des noms de rues supprimés par le régime de Vichy et la réinstallation du maire démocratiquement élu. Il a rendu hommage aux armées visibles et invisibles qui ont permis la victoire et à celles et ceux qui ont bâti la paix dans les années d'après-guerre.
À Alès
Devant le monument aux morts, la ville d'Alès a rassemblé élus, anciens combattants, forces de l'ordre et citoyens pour une cérémonie marquée par la solennité et l'émotion. Neuf dépôts de gerbes ont ponctué les prises de parole, dont celles du préfet du Gard, Jérôme Bonnet, du maire Christophe Rivenq, et d'élus locaux. Un moment fort a été la remise de la Légion d'honneur à Jeremi Monsalvo, reconnaissance de la Nation pour son engagement.
Dans son discours, Christophe Rivenq a salué "la mémoire des combattants, des résistants, des déportés, mais aussi de celles et ceux qui, dans l'ombre, ont tendu la main, protégé, désobéi à l'inhumain". Il a souligné que "le 8 mai est une borne, un jalon : il marque la fin d'un cauchemar et le retour de la lumière". Pour le maire d'Alès, « la paix n'est jamais acquise » et la mémoire doit rester "une boussole pour le présent". Il a appelé les jeunes à s'en emparer pleinement : "Soyez vigilants, soyez libres, soyez courageux. La démocratie a besoin de vous."
Le préfet Jérôme Bonet a pour sa part rappelé les sacrifices consentis par une génération entière : "Pas un acte de courage ou d'abnégation, pas une larme, pas un deuil n'a été vain." Il a insisté sur la nécessité de ne jamais oublier ces enseignements alors que "les équilibres mondiaux se reconfigurent". Les élèves du lycée professionnel privé Cévenol ont participé à la lecture de l'ordre du jour n°9 du 8 mai 1945, renforçant une fois encore le lien entre les générations et la transmission de la mémoire.
À Arles
Plusieurs cérémonies étaient également organisées ce jeudi sur la commune d’Arles à l’occasion du 80ᵉ anniversaire de la Victoire du 8 mai 1945. Une première commémoration a eu lieu mercredi 7 mai à l’occasion de l’inauguration de la stèle à la mémoire des cheminots Arlésiens morts pour la France, réinstallée dans le parc des Ateliers d'Arles. S’il n’était pas encore possible de lire le texte officiel du 8 mai, des élèves ont lu les noms des cheminots morts pour la France.
Il s’est ensuivi un dépôt de gerbes par Patrick de Carolis et Guy Rouvière, conseiller municipal chargé du devoir de mémoire, par l’union locale CGT d’Arles, ainsi que par la SNCF. "La culture cheminote a toujours été un poumon de la ville d’Arles avec plus d’un millier d’employés à son apogée", rappelle Patrick de Carolis, le maire de la ville. Dix cheminots sont morts durant la Seconde Guerre mondiale, quatre en camp de concentration, quatre victimes des bombardements, un dans le cadre du service du travail obligatoire et un fusillé par les Allemands.