La rentrée scolaire approche à grands pas et avant de parler de l’école et de ses contraintes, parlons un peu des derniers instants de légèreté de l’été. Évoquons la rentrée littéraire par exemple !

La rentrée littéraire ? Oui, très français comme idée. Pour Pierre et Vincent Teissier libraires indépendant situés à la librairie éponyme Rue Régale, ont leur mot à dire.

« Nous sommes vraiment spécialisés dans la littérature, notre clientèle est dans la cible de la rentrée littéraire mais on ne fait pas d'impasse. J'ai toujours un petit coin où je mets les trucs pour le grand public, pour les cadeaux comme les Marc Levy par exemple. Mais ce n'est pas ce que je vais mettre en avant. »

Il faut dire que les éditeurs sortent donc le grand jeu et les têtes de gondoles pour mettre le futur lecteur en haleine ou plus certainement pour l’appâter à l’aide de la communication ou du bouche-à-oreille quelques mois avant les fêtes de fin d'année.

Embouteillage en série ?

C’est aussi une période où se fait le plus gros de leur chiffre d'affaires du secteur. Et, si en prime certains auteurs sont entrés dans le paysage culturel français, c’est le jackpot.

Autre possibilité de mise en avant, le gros bandeau rouge. Il va régulièrement de pair avec l’obtention d'un prix littéraire (dont la période suit la rentrée littéraire). Disons que le simple ajout d'un bandeau sur la couverture d'un livre visant à signifier qu'il a reçu l'un de ces prix, peut faire s'envoler ses ventes (surtout pour les plus prestigieux tels le Goncourt ou le Renaudot pour ne citer qu’eux).

Par tradition, certains auteurs déjà récompensés lors des concours littéraires d'automne publient après la remise des prix, en janvier. On joue sur tous les tableaux ! Pour rappel, revenons en arrière. La rentrée littéraire de septembre 2014 voyait 607 livres à la vente. C’était bien moins que la moyenne de 2005 à 2012 qui portait ce chiffre à 676.

Bien qu'en baisse par rapport au début des années 2010, les chiffres de 2021 avec 521 ouvrages retrouvaient les niveaux pré-Covid (524 ouvrages en 2019) après une baisse en 2020 (511 ouvrages). Toutefois, 2022 a amené une nouvelle fois une baisse avec le plus bas niveau en 20 ans avec 490 ouvrages publiés, 2025 est dans cet esprit.

« Je vais dire des choses dont on parle beaucoup et qui s’adressent au « grand public », mais aussi d'autres plus discrètes car c’est un peu le rôle de la librairie. Nous devons essayer de faire découvrir quelques pépites au milieu des 483 bouquins ! ».

Une passion au service du lecteur

C’est avec son frère Vincent que Pierre tient cette magnifique librairie de la Rue Régale. Mais avant eux… L’arrière-grand-père avait ouvert l’échoppe dans les années 1910. Une vraie librairie centenaire, c’est rare, alors imaginez un peu l’amour du métier et la passion qu’il faut pour connaître les près de 10 000 références !

« La rentrée littéraire est vraiment très spécifique à la France, il n'y a pas beaucoup de pays qui ont une rentrée comme ça. On commence à tout mettre en route avant l’été pour que début septembre ce flot de bouquins puisse être mis en valeur. Les représentants viennent avec leur catalogue, ils présentent et proposent, c’est le moment pour nous de faire des choix, mais aussi des impasses ! »

Chez les frères Teissier, le péquin lambda trouve vite son bonheur en dehors des sentiers battus. Comme partout, les Teissier vont aussi détailler la rentrée littéraire et Pierre poursuit. « On essaie de lire beaucoup et de conseiller au mieux les gens qui viennent nous demander. On essaie d'affiner le conseil pour chaque client. »

Le traditionnel Amélie Nothomb, valeur sûre. Le livre de Chalandon, le dernier d’Emmanuel Carrère qui n’est pas encore sorti mais dont on parle beaucoup…

« Il y a également Laurent Gaudet qui et toujours très attend et qui fait une suite à Chien 51 avec son nouveau Zem avec de la science-fiction et des états qui ont presque quasiment disparu au profit des grandes sociétés… »

Et puis il y a ce qui compte le plus, les coups du cœur des libraires. Pour Pierre Teissier, « J’ai aimé mais ces livres ne sont pas très attendus… Voyage Voyage de Victor Pouchet. Ça peut paraître un peu lourd, mais il y a un côté léger, un peu fantaisiste, une sorte de parenthèse dans le quotidien d’un couple qui va mal. Il y a aussi Lorine Roux avec Trois fois la colère, que j'ai beaucoup aimé. Elle nous amène dans une période moyenâgeuse avec une écriture qui n'est pas compliquée mais qui est un peu déroutante avec des tournures atypiques. Ça reste léger, il m'a fallu, quatre ou cinq pages pour m'y faire et après c’est très facile, c’est très original, il y a une vraie fibre romanesque qui se met en place tout de suite. » Vous avez compris, pour un parti-pris, c’est par ici !

Mais, la rentrée littéraire, c’est aussi… « La course aux prix ! C'est pour ça qu'il y a cette rentrée littéraire, parce que les éditeurs sortent beaucoup à ce moment-là. Fin octobre, vont commencer à tomber les premiers prix et potentiellement un pour Carrère. Il y a aussi Natacha Appanah avec La nuit au cœur chez Gallimard, que j’ai beaucoup aimé. C’est du roman et on pose une réflexion sur la domination masculine. Ce livre parle de trois destins dont le sien avec deux affaires qui ont vraiment existé. Autre nouveauté, la sortie, le dernier livre de Lydie Salyaire, une Nîmoise d’adoption. C’est très autobiographique, plein de petites saynètes, c’est très marrant et ça s’appellera Pas pleurer. Comme elle a obtenu le Goncourt, c’est plaisant à lire… »

À lire !

Pour un bon résumé, c’est peut-être la librairie Goyard qui a l’outil simple et facile d’accès avec son « S'il n’en restait que 100, rentrée littéraire 2025 » !

Sinon, voici les choix, toujours avisés, de Pierre Teissier :

Natacha Appanah, La nuit au cœur chez Gallimard.

Sorj Chalandon, Le livre de Kells chez Grasset.

Amélie Nothomb, Tant mieux chez Albin Michel.

Victor Pouchet, Voyage voyage chez L'arbalète Gallimard.

Laurent Gaudé, Zem chez Acte Sud.

Laurine Roux, Trois fois la colère aux éditions du Sonneur.

Autres… Il n’est pas tout à fait nouveau mais, La Sentence de Louise Erdrich a eu le prix « Nouveauté Femina étranger » en Poche, Percival Everett a reçu le prix Pulitzer 2025 avec son James aux éditions de l’Olivier. Neige Sinno, avec Triste tigre (Folio), a reçu le prix Goncourt des lycéens 2024 quand Olivier Norek remporter le Renaudot des lycéens avec Les guerriers de l’hiver (Pocket). Mon vrai nom est Élisabeth, d’Adèle Yon et paru aux éditions du Sous-sol a décroché les prix France télévisions de l’Essai, celui des lectrices d’Elle, et le prix littéraire du Nouvel Obs.

Librairie Teissier, 11 rue Régale, 30 000 Nîmes.

Librairie Goyard, 34 boulevard Victor-Hugo 30 000 Nîmes

Librairie Aux lettres de mon moulin 12 boulevard Alphonse-Daudet 30 000 Nîmes

FNAC Nîmes, centre commercial La Coupole.