Cela fait 32 ans que Paul Robert habite ici, à côté de cette chapelle datant du Moyen-Âge sur laquelle on distingue encore un ancien rempart. Au pied de cet édifice qui a traversé les siècles, se trouvaient au départ des sophoras séculaires, un cyprès, un olivier et un pin. C'est tout. Dominique, la femme de Paul Robert décédée depuis, s'attelle alors à transformer ce terrain de 1 200 m2 en véritable havre de biodiversité. 

En 2010, elle commence à ouvrir le jardin aux visiteurs. Juste pour le plaisir des yeux. À partir de 2013, l'entrée deviendra payante et sera entièrement reversée à l'association "Chengdoma" que Paul Robert a fondé la même année : "J'étais parti faire un trek au Népal. Avec mon ami guide, nous sommes tombés sur une petite fille de 9 ans qui était exploitée dans un lodge touristique. Même si c'est interdit par la loi, la pratique perdure. On s'est dit qu'on devait la sortir de là. Ça a été le point de départ de l'association qui porte son nom." 

Maintenant Chengdoma a 18 ans, entame sa 2e année en post-secondaire et prépare un diplôme de management. Paul Robert espère qu'elle viendra en France en octobre à l'occasion du dixième anniversaire de l'association. Association qui prend en charge deux autres enfants âgés de 16 et 17 ans, en assumant tous les frais afférent à la scolarité mais aussi à l'hébergement, à l'habillement, à la santé et aux loisirs. 

"Tout le mois d'avril, on y passe huit heures par jour"

Pour financer tout cela, l'association organise des actions tout au long de l'année, notamment les visites du jardin qui ont repris depuis trois ans. En effet, en 2021, Paul Robert, peu initié jusqu'alors au jardinage, décide tout naturellement de reprendre en main l'éden initié par sa défunte épouse. Avec sa nouvelle compagne, Marie-Claire, ils passent beaucoup de temps à tailler, arroser... "En ce moment, c'est un travail à temps plein. Tout le mois d'avril, on y passe huit heures par jour. C'est un peu fatigant mais c'est prenant, on ne voit pas le temps passer", assure-t-il. 

Lui et sa nouvelle compagne ont décidé de garder l'identité du lieu à la fois "protégé à l'écart du monde" et paradoxalement "ouvert à la découverte puisqu'on y trouve des espèces des cinq continents", comme l'arbre de Jade qui vient d'Afrique du Sud, la Sisyrinchium une curieuse plante exotique ou encore la Thévétia originaire du Pérou. Et bien sûr le Ficus religiosa qu'il a ramené en avion du Népal. "Le jardin a plusieurs caractéristiques notamment d'être très parfumé, d'avoir des floraisons toute l'année et d'être parcouru d'allées en pierre des garrigues", décrit Paul Robert.

Une vingtaine de variétés de rosiers

Toujours en évolution, le jardin fait aussi le bonheur d'hôtes à carapace, que sont les tortues d'Hermann. Elles apprécient la fraîcheur des lieux... et aussi les salades du potager qui ont dû être bardées de protection en bois pour résister à leur appétit. Les visiteurs pourront apprécier aussi la cascade, le bassin où poussent des lotus et également un mur parcouru de poteries en suspension dans un esprit patio andalou.

Le voyage se poursuit à travers les caractéristiques de chaque fleur : du galant de nuit qui ne s'ouvre que le soir et ne dévoile son parfum qu'une fois le soleil couché, à l'arbre que les Anglais surnomment "Yesterday, today and tomorrow" (en français "Hier, aujourd'hui, demain") car ses fleurs changent de teinte tous les jours passant du violet au blanc. Sans oublier le curieux Billbergia, les notes d'agrumes du Pittosporum, les massifs de pivoines, les petites fleurs blanches des Guirlandes d'amour et une vingtaine de variétés différentes de rosiers. Dépaysement garanti.