"Pour les droits et la dignité des travailleurs handicapés !", scande l'un d'entre eux en entrée de cortège, suivis par d'autres membres de l'ESAT (établissement et service d'accompagnement par le travail) la Tessone, sur la portion de RD 999 qui va du fournil de l'association au rond-point d'Intermaché. Renforcé par quelques personnes initialement mobilisées sur le rond-point des gilets jaunes, le cortège approche la centaine de personnes au moment de la prise de parole de Claudine Danezan, déléguée CGT.
"Cela fait plus de dix ans que les conditions d'accompagnement se dégradent, explique-t-elle en aparté. Cela s'aggrave de plus en plus, et de plus en plus vite. On n'a plus de psychiatre depuis quatre ans, alors qu'on n'en a le financement. On n'est pas remplacé et pas un seul des services n'est avec tous ses salariés. Et on a une hausse des prises en charge à moyens constants."
"Le directeur est en arrêt, poursuit Claudine Danezan, celui des ressources humaines aussi, ainsi que la responsable qualité. Ils ont créé un poste de directeur général qui chapeaute deux établissements, le nôtre et Clarence, à Bagard. Et on n'a plus de dialogue. Cela fait plusieurs mois qu'on essaie de parler avec le conseil d'administration, mais le dialogue est sourd."
Travailleur "depuis 13 ans au fournil", Camille ressent la même chose. "Depuis qu'il y a une direction générale, ça part en sucette... On a une grosse pression depuis que cela a été mis en place, au début de l'année." Corentin, un collègue du fournil, enchaîne : "Au bureau, plusieurs personnes sont en arrêt." Et "avec le problème de personnel, ils voulaient nous faire travailler plus, s'insurge Élodie. On a une sacrée cadence, la boulangerie est ouverte sept jours sur sept. Il y a beaucoup de pression sur les moniteurs, les salariés."
"On a des locaux qui tombent en ruine et on finance un théâtre à un million d'euros, dont on ne sait pas ce qu'on va faire, reprend Claudine Danezan. Et pendant ce temps, au service de la sous-traitance, il pleut sur les travailleurs parce que le toit a des fuites." Une délégation a finalement été reçue en sous-préfecture du Vigan, en fin de matinée. Au sortir de l'entretien, Claudine Danezan s'est montrée satisfaite de l'écoute d'Anne Levasseur, la sous-préfète. Une partie des manifestants a ensuite rejoint la mobilisation qui suivait le mot d'ordre national, installée sur le rond-point des gilets jaunes du Vigan.