Une séance musclée, de trois heures. Ce lundi se tenait le conseil communautaire de Nîmes Métropole. Dans son discours introductif, le président LR Franck Proust a fait observer une minute de silence pour le maire décédé de Sauzet, Joseph Artal. Il a également salué la nouvelle maire élue, Sylvie Dumont, membre du bureau de l’Agglo. Le président, par ailleurs candidat LR aux municipales nîmoises, a évoqué « la concomitance » entre d’un côté, « l’inauguration, aux Jardins de la Fontaine, de la statue Bernard Lazare, intellectuel et précurseur dans la lutte contre l’antisémitisme ». Et de l’autre : « En Australie, à Sydney, le monde a vu, horrifié, une tuerie mue par la haine antisémite ».
Franck Proust n’en reste pas là. Il s’autorise une sortie, jugée par certains des plus tendancieuses, contre LFI sans citer la formation : « Je voudrais que le parti qui, pour des raisons de potentiel électoral, joue depuis quelques années avec ces leviers ignominieux, ait le courage de regarder en face les résultats de cette fracturation de la société qu’il prône. Les premiers résultats, par la recrudescence des actes antisémites sur notre sol, en sont une preuve irrévocable. » Des propos auxquels Vincent Bouget, opposant de gauche et candidat aux municipales, répondra : « Vous ne nous épargnez jamais de vos introductions, qui sont toujours d’une finesse remarquable ! Attention à l’instrumentalisation de l’histoire, parfois on se prend les pieds dans le tapis. »
Passe d’armes sur le budget 2026
L’ordre du jour se composait surtout du vote du budget 2026. Le vice-président aux Finances, Frédéric Beaume, a indiqué qu’il n’y avait pas de grosses différences avec le rapport d’orientation budgétaire. Les chiffres sont les mêmes, à 100 000 € près sur le budget de fonctionnement : 210 M€ de dépenses, 269 M€ de recettes et une épargne brute de 58,6 M€. Le budget d’investissement est projeté à 109 M€. La dette devrait augmenter de 8 M€, atteignant une capacité de désendettement de 8,3 années. La gauche et le RN ont voté contre. Le président de la gauche unie, Vincent Bouget, estime que « la situation financière est préoccupante, avec un endettement en hausse de 8 M€, sans compter la dette de la SPL (Société publique locale) Agate ».
Franck Proust lui répondra qu’en six ans, la dette a baissé, atteignant 493 M€ contre 510 M€ en 2020, « le tout avec un effort de redressement de l’État demandé à hauteur de 2,3 M€ ». L’ensemble des taux d’imposition ont également été votés, avec une baisse de la taxe sur les ordures ménagères. L’élue PCF Sylvette Fayet s’autorise un coup de gueule : « Il faut être honnête un minimum en politique ! Cette taxe baisse parce qu’il y a eu 4,5 M€ d’économies sur le nouveau contrat de l’incinérateur, qui fait passer le coût de la tonne incinérée de 107 € à 44 €. Quand même ! Que ce soit moi qui sois obligée de dire cela, c’est un peu fort ! » Franck Proust répondra : « Ce n’est pas que ça… C’est du 60/40 %. » Et au vice-président chargé des déchets, Bernard Angelras, de citer la hausse du tri, la réforme des tournées de ramassage…
L’absence très remarquée de Franck Proust
Après la présentation du rapport du conseil de développement par David Tebib, Franck Proust s’absente. Les délibérations s’enchaînent. Un quart d’heure plus tard, Vincent Bouget prend la parole : « Où est passé le président ? » Le premier vice-président, Frédéric Touzellier : « Je ne peux pas vous dire où il est… » L’élu Parti radical de gauche, du groupe la gauche uni, Bruno Ferrier, lui répond : « Il est à la halle des sports » pour l’inauguration de l’arbre de Noël de Nîmes Olympique. Leur groupe quitte la salle : « C’est surréaliste ! C’est un manque de respect et surtout, ça ne fait pas sérieux. Au bout d’un moment, il faut arrêter de mordre le trait », commente Vincent Bouget dans le couloir.
Le directeur de cabinet de Franck Proust, Bernard Baumelou, veut relativiser : « C’est ridicule, le président est parti un quart d’heure. Cet après-midi, le président du Nîmes Olympique, Thierry Cenatiempo, l’a appelé à plusieurs reprises : il souhaitait qu’il y ait l’un des acteurs du sauvetage du club vienne saluer les gens qui travaillent pour Nîmes Olympique. Il a donc fait un aller-retour lorsque toutes les délibérations de gestion étaient passées. » La trêve des confiseurs risque de faire du bien à tout le monde…