Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 06.09.2022 - pierre-havez - 2 min  - vu 1785 fois

NÎMES Homicide involontaire à la maison de retraite : l'aide soignante dispensée de peine

Photos illustration police pénitentiaire avocat Palais de justice Nîmes (Photo Yannick pons) - Yannick Pons

Marlène, 70 ans, comparaît devant le tribunal judiciaire de Nîmes, mardi 6 septembre, pour un homicide involontaire contre Fransina, une pensionnaire de 89 ans d’une maison de retraite nîmoise. Jugée coupable, elle est dispensée de peine en raison des conditions de travail de l'époque.

Le 31 août 2010, aux alentours de 18 h15, l’aide-soignante alésienne échange par erreur le plateau-repas de l’octogénaire avec celui de son voisin de chambre. Or, ces plateaux contiennent aussi le pilulier des pensionnaires. Presque immédiatement, Fransina perd connaissance avant d’être conduite aux urgences, où elle décède moins de deux jours plus tard. L’absorption de psychotrope lui est fatale en raison de sa tension artérielle. « Après avoir servi cette dame, le temps d’aller chercher le plateau suivant, je me suis rendu compte de l’inversion et j’ai immédiatement appelé l’infirmière, explique la prévenue à la barre. C’est elle qui aurait dû délivrer les médicaments. Mais pour 125 résidents répartis dans plusieurs bâtiments, c’était impossible. »

Surdosage médicamenteux

Le soir, Marlène s’occupait seule du repas, du change et du coucher d’environ 25 patients. « Dans ce pavillon, les patients Alzheimer perdaient un peu la tête, donc il fallait les surveiller en permanence. Ils étaient malins et tentaient parfois de se servir eux-mêmes », précise-t-elle aux questions du président Jérôme Reynes quant à ses conditions de travail. Le lendemain, Marlène est retournée à la maison de retraite. Aujourd’hui elle-même à la retraite, elle n’a jamais plus eu aucun problème, mais a perdu le sommeil depuis douze ans.

La procureure requiert 5 mois d’emprisonnement avec sursis contre Marlène. « Les analyses ont mis en évidence le surdosage ayant causé les problèmes vasculaires et la mort de la victime. Mais c’est une faute d’inattention qui en est à l’origine, pointe Cécile David. Cette infraction a causé la mort d’une personne, mais elle s’est produite dans un contexte difficile, avec un manque flagrant de personnel et des patients extrêmement fragilisés… »

Une infirmière pour 100 patients

Déplorant les conditions de travail qui ont provoqué la négligence de sa cliente, l’avocate de Marlène plaide à son tour pour une dispense de peine. « Je regrette qu’elle soit seule à comparaître devant vous, comme l’infirmière, même si elle était aussi dans la même situation et devait s’occuper seule de plus de 100 pensionnaires. Le médecin de garde qui n’a pas pu être contacté et n’était pas sur les lieux, et l’institution qui fonctionnait grâce aux dévouements de ses employés, énumère Khadija Aoudia. Mais malheureusement, l’être humain n’est pas infaillible, ce qui a conduit à ce drame humain. Et depuis douze ans, elle vit dans la culpabilité, elle qui a donné sa vie pour les autres. Alors il n’est pas utile d’en rajouter aujourd’hui. D’autant que douze ans après les faits, elle n’a pas la chance de bénéficier d’un procès équitable. » Le tribunal déclare Marlène coupable mais la dispense de peine.

Pierre Havez

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