Publié il y a 28 jours - Mise à jour le 05.04.2024 - Propos recueillis par Gil Lorfèvre - 3 min  - vu 368 fois

NÎMES Philippe Croizon : « Il ne faut pas avoir peur d’oser ! »

Philippe Croizon entouré d’Aurélia Bortoluzzi, chargée de la communication, Jacques Gaudibert, président de Cobaty Nîmes et Didier Colin, président de la commission événementiel.

- Photo Gil Lorfèvre

Hier soir, le Cobaty Nîmes – Le Cobaty connu également sous le nom de Fédération internationale de la construction, de l’urbanisme et de l’environnement dont l’objectif est « d’imaginer et bâtir un meilleur cadre de vie pour les femmes et les hommes du XXIe siècle » - organisait une conférence à l’hôtel Imperator avec plus de 400 invités sur le thème "Tout est possible", animée par Philippe Croizon, athlète français et aventurier hors norme amputé des quatre membres à l’âge de 26 ans après une électrocution.

Objectif Gard : Quel est le leitmotiv de votre conférence à Nîmes ?

Philippe Croizon : Je suis là pour dire aux gens d’oser. Il ne faut pas avoir peur ! Bien sûr ici à Nîmes je prêche à des convaincus car la plupart des invités sont des dirigeants qui à un moment ou un autre de leur vie ont pris des risques et pour certains en prennent encore ! Je suis là pour booster de l’optimisme. J’ai l’habitude de dire, non sans un brin d’humour, que j’ai pris du 20 000 volts dans le corps et que depuis je suis devenu un distributeur d’énergie positive (rire).

En septembre 2010, malgré votre handicap, vous réussissiez la traversée de la Manche à la nage, cet exploit a-t-il changé votre vie ?

Oui ma vie a été bouleversée une fois de plus ! Ça a été un moment de bascule. L’histoire avait commencé un peu par hasard sur mon lit d’hôpital quand un jour j’ai vu à la télé une jeune fille, Marion Hans, traverser la Manche à la nage. Elle avait à peine 17 ans. De mon côté, je ne nageais pas, je n’avais plus de membres et je pesais 35 kg de plus qu’aujourd’hui… Mais je me suis quand même dit : « Pourquoi je ne ferai pas la même chose un jour ? ». Et après deux ans de travail acharné et le soutien d’une équipe hors pair, j’ai réussi cet exploit qui fut un grand moment de partage.

Les notions d’équipe et d’entraide sont importantes pour vous ?

C’est essentiel ! Celui ou celle qui croit tout faire tout seul n’a rien compris à la vie ! Savoir s’entourer est important, mais surtout il faut oser demander un coup de main quand on en a besoin.

"Il m’a fallu sept ans pour arriver où j’en suis aujourd’hui"

Résilience, courage, audace, sont les maîtres mots qui vous animent aujourd’hui.

Effectivement ! Mais avant d’accepter mon handicap je suis passé par les phases du deuil que sont, entre autres, le déni, la colère voire la dépression. Il m’a fallu sept ans pour arriver où j’en suis aujourd’hui. Ma famille, mais aussi le sport et l’humour – notamment l’autodérision ! – m’ont permis d’avancer et de surpasser mon handicap.

Votre compagne Suzana, rencontrée après votre accident, semble occuper une place importante dans votre vie ?

Elle me donne des palmes pour avancer. Ce n’est pas toujours facile, comme elle l’a écrit dans son livre Ma vie pour deux, mais elle est toujours là pour me soutenir et m’aider à réaliser mes rêves les plus fous.

Comment gérez-vous la notoriété ?

Je suis Philippe ! Je reste moi-même, je ne change pas, même quand je parle au président de la République. Je ne crée pas un personnage. Je considère que dans la vie, il faut rester vrai !

Le handicap : "Je ne me sentais nullement concerné"

Combien de conférences animez-vous chaque année ?

J’anime entre cent et cent-vingt conférences par an, en France mais également à l’étranger. Ce sont des conférences spectacles. Je raconte mon parcours de vie, avec les bons et les mauvais moments. Il arrive parfois, quand l’émotion est trop forte, que des gens s’évanouissent dans la salle… si, si c’est vrai ! (sourire)

Quel regard portiez-vous sur le handicap avant votre accident ?

Je ne me sentais nullement concerné ! Et pire encore... À l’époque, je travaillais chez Renault et j’avais une imposante R25. Pour qu’on ne la raie pas, au supermarché je me garais sur la place handicapée qui était plus grande que les autres ! C’était nul !

Vous attendez avec impatience les Jeux Olympiques 2024 à Paris ?

Oui, à deux titres ! Tout d’abord parce que l’Académie de natation qui porte mon nom a une athlète sélectionnée pour les Jeux Paralympiques. Ensuite, parce que j’animerai une chronique quotidienne sur RTL lors des Jeux olympiques mais également paralympiques. Je suis ravi que cette radio me fasse confiance.

Il semblerait qu’un projet de film sur votre vie soit actuellement dans les tuyaux !

C’est exact ! Le scénario est construit sur le contenu de mes deux premiers livres : J’ai traversé la Manche à la nage et J’ai décidé de vivre.

Propos recueillis par Gil Lorfèvre

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