C'est dans la ville de Laurent Blanc avec le stade à son nom que l'AS Rousson décortique cette fin de saison de folie. De la folie, c'est forcément le cas quand on a un stade au nom du "Président", lui le fameux buteur du but en or du France-Paraguay qui a eu une carrière aux quatre coins de l'Europe couronnée de succès. C'est donc avec cette volonté et cette mentalité que le club de football de Rousson se reconstruit depuis plusieurs années. Aux commandes club, Mustapha Guiza, plus communément appelé "Mouss", un sacré personnage du football amateur local. Avec son franc-parler habituel qui en amuse beaucoup et en dérange certains, ce directeur sportif passionné de l'AS Rousson revient sur la saison magnifique que vient de traverser l'équipe première en R2, les excellents résultats des catégories de jeunes, sa relation avec Julien Ritas.

Revenir au plus haut niveau

"On a très mal démarré la saison, en ayant perdu les deux premières journées. On était dernier avec zéro point, la seule équipe du championnat à être dernière avec zéro point, et en plus, on s'est fait éliminer au premier tour de la Coupe de France avant de se faire repêcher et de passer deux tours. Et pourtant, on termine champion de notre poule et on accède enfin en Régional 1", attaque Mouss Guiza pour faire le bilan de l'équipe sénior de son club de Rousson.

Le directeur sportif est arrivé il y a plus de dix ans dans le club. Il était alors au fin fond des divisions départementales (D3). Il s'est bien relevé avec désormais 380 licenciés et de la compétitivité à tous les niveaux. Les U15-16 montent en Régional 2. Les U17 en R1, l'équipe réserve constituée uniquement de jeunes, ont terminé second de la D2. Et surtout, les U20 qui ont gagné la coupe Occitanie face à Muret, puis l'équipe première qui finit championne de R2.

Une retrouvaille en R1 après un long parcours. À la suite d'une descente administrative, le club est resté près de quatre ans en division inférieure avant de retrouver l'élite régionale. Un beau travail malgré une interdiction de recrutement. Un travail du coach Julien Ritas et Thibaud Evesque qui l'a rejoint cette saison.

S'appuyer sur des cadres et la jeunesse

Puisqu'à Rousson, pas de budget pharaonique, ni de vestiaire rempli de primes. « Je préfère jouer les quatre dernières places avec mes moyens, plutôt que de promettre de l’argent aux joueurs », martèle Mouss. Avec une philosophie qui s’appuie sur les jeunes du cru et sur quelques cadres exemplaires. C'est le cas de Jérémy Balmy qui a été attiré de l'OAC, mais aussi Aissam Fadi et Alois Chabassut qui ont également été très importants. Puis, Gorgui Fall qui est au club depuis son enfance, "il a eu une attitude exemplaire, ce sont des mecs qui ne trichent pas".

L’école de foot, pilier du club depuis des années, continue d’être le cœur du projet : « Le travail avec les jeunes, c’est ce qui nous permet de tenir. Certains jouent déjà en première, c’est une vraie fierté », insiste-t-il. «Cela permet aux jeunes joueurs du club qui ont fait toute leur carrière ici de jouer à ce niveau. C’est une récompense pour eux. Il faut savoir que l’équipe qui a gagné la finale comptait cinq joueurs qui avaient fait quelques matchs, certains étant titulaires. Cela montre que nous avons bien travaillé. »

Une montée et déjà les yeux vers demain

Pour autant, l’avenir s’annonce corsé. La R1, c’est un autre monde. « On va tomber contre des clubs comme Béziers, qui ont 180 000 € de budget. Nous, on fait avec des bénévoles et la passion. Mais on ne va pas se plaindre », affirme Mouss, lucide mais combatif. Le recrutement a déjà commencé, en tentant de garder ses cadres, comme Jérémy Balmy qui devrait rester au club, mais en essayant de renforcer l'équipe sans perdre l’âme du club. « C’est bien d’avoir des joueurs qui sont là depuis 5, 6, 7 ans pour montrer aux autres l’ADN du club au final ».

C’est d’ailleurs cette authenticité qui attire encore les joueurs. « Ceux qui viennent ici, ce n’est pas pour l’argent. C’est pour l’ambiance, la proximité, les valeurs. À Rousson, on mange des pizzas ensemble après les matchs, pas du caviar dans un lounge ».

Des soutiens précieux

Si le club tient bon, c’est aussi grâce à ses soutiens locaux. Mouss n’oublie pas de citer ceux qui comptent : «Thierry Duras de la concession Renault ou encore Rabah Tagmi d'Intermarché... Ce sont des sponsors, mais ce sont eux qui nous permettent d’exister à ce niveau. Et bien sûr, tous les éducateurs du club, même si je ne suis pas toujours d’accord avec eux ! » Un clin d’œil particulier à Zober Zerguine, qui gère l’école de foot « avec les enfants et surtout leurs parents, ce qui est parfois encore plus dur ! »