Il est 11h37. Les cloches de l'église de Saze se mettent à sonner. Les portes s'ouvrent et une procession en sort. Dans le cortège, le père Cyril Farwerck et les habitants font un tour dans le village avant de se diriger vers la place de la mairie. 

Là, se dresse un monticule d'au moins trois mètres fait de sarments, de chêne, d'olivier et, tout en haut, de branches de laurier. Il a été édifié le matin-même par les vignerons, juste au-dessus de l'écusson de la commune. Le père Cyril Farwerck fait un premier tour pour bénir les branches, puis allume ce qui deviendra un grand brasier, rapidement alimenté par les bourrasques du Mistral.

Cette tradition revient chaque 20 janvier à Saze. Quel que soit le temps, qu'il pleuve ou qu'il vente (comme c'était le cas ce jeudi), le feu est allumé. Cela fait 302 ans que ce grand événement a lieu. Toujours le 20 janvier, journée de la Saint-Sébastien, protecteur contre la peste. Si ce saint est célébré à Saze, ce n'est pas par hasard. En 1720, une épidémie de peste s'est abattu sur la région. Beaucoup de personnes ont été contaminées. Mais pas à Saze, la commune ayant été miraculeusement épargnée. On attribue cette exception à la prière des Pénitents, ceux-là mêmes qui établirent cette célébration de reconnaissance.

Depuis, chaque 20 janvier est célébré à Saze. Jusqu'au XXe siècle, c'était même un jour férié dans la commune. Alors samedi dernier, les vignerons ont préparé les fagots et les ont disposés ce jeudi matin sur la place pour satisfaire à la tradition séculaire.

Marie Meunier