C’est un fait qui pourrait rentrer dans le Guinness Book : un des plus anciens peuplements de cyprès de l’Arizona, se trouve dans le Gard. Où ? Plus précisément, dans la forêt domaniale de Valbonne, dans la commune de Saint-Michel-d’Euzet. Mercredi 1ᵉʳ octobre, une visite guidée s’est déroulée dans la parcelle. Accompagnés de Lionel Roux, technicien forestier territorial à l’Office National des Forêts (ONF), et deux chargés de recherche et développement venus d’Orléans, nous avons pu observer les espèces de plus près, pour comprendre comment elles poussent. Une réserve, de près de 500 arbres, est éparpillée dans la forêt, sur une superficie de 80 m x 130 m, soit un hectare. Robustes, ceux-ci ont traversé les époques, car ils ont poussé à partir de 1928.
120 cyprès mesurés
Équipé de sa tablette numérique, Valentin Bouttier observe le comportement des cyprès. 120 d’entre eux ont été mesurés minutieusement. Aux côtés de son assistant Titouan Mougin, ils effectuent des vérifications. Comment ? Grâce à un endomètre. « Nous mesurons la circonférence du tronc, la hauteur, est-ce qu’il se porte bien, si le cyprès a une bonne forme pour avoir une bonne production de bois, s’ils produisent de la graine », développe Valentin Bouttier. Une phase scientifique nécessaire pour répertorier le nombre d’arbres. Dans cet espace accessible au public et aux randonneurs, des cyprès originaires d’Amérique, de 11 m à 19 m, ont pu être identifiés. Pour permettre une prolifération encore plus conséquente, une méthode est réalisée : « On en enlève pour permettre à d’autres de pousser. Ils ont des vitesses de croissance différentes », reprend l’un des deux chargés de recherche et de développement, venu tout droit d’Orléans.
« Une démarche scientifique » face au réchauffement climatique
Expérimenter, pour mieux se prémunir face aux températures extrêmes et l’évolution des saisons, c’est le choix numéro 1 de ces spécialistes : « C’est une démarche scientifique, dans un contexte de changement climatique. Nous avons des essences très peu présentes en France, mais qui le sont ici. Le cyprès d’Arizona est censé être résistant à la sécheresse. Déjà à l’époque, il y avait des expérimentations massives. On se dit, qu’en cas de dépérissement des sapins, des épicéas, est-ce que cette espèce-là pourra être intéressante. On veut voir dans quel état ils sont depuis que nous les avons plantés », explique Lionel Roux. « C’est un point d’intérêt pour nous de voir comment l’espèce va se débrouiller dans le futur », ajoute Valentin Bouttier, conscient que de nouvelles études et inventaires, devront être réalisés, en Nouvelle Aquitaine et en Occitanie.
Remplacer les essences des cyprès d’Arizona, est l’une des démarches entreprises, pour lutter contre le changement climatique. D’autres existent comme le plantation d’espèces. Pour protéger la forêt qui abrite les espèces rares, la précaution est de mise : « faisons en sorte que la forêt ne brûle pas ». Une responsabilité à retenir, pour que les cyprès de l’Arizona, continuent de tutoyer les sommets.