« Agir » : le mot revient plusieurs fois dans le discours de la présidente du SMGG Dominique Andrieu-Bonnet, vendredi lors de la présentation du projet, à Collias. Agir alors que « l’été 2025 a été le deuxième avec le plus de vagues de chaleur, que les effets du réchauffement se font de plus en plus sentir, avec une surmortalité, des coupures d’eau, 17 000 hectares carbonisés dans l’Aude, 94 départements sur les 96 de France métropolitaine en crise sécheresse à la fin août », énumère-t-elle.
« On va pouvoir accélérer »
Depuis trois ans, le SMGG et la CCPG ont initié un travail sur l’adaptation au changement climatique, avant de déposer l’année dernière un projet dans le cadre du programme européen LIFE, qui soutient les projets dans le domaine de l’environnement et du climat. Les deux initiateurs ont impliqué dix structures, de l’Établissement public territorial de bassin des Gardons (EPTB) à la fédération départementale des CIVAM, en passant par Agroof, la Chambre d’agriculture, le Centre permanent d’initiatives pour l’environnement du Gard (CPIE), AgroParisTech, l’INRAe ou encore le SICTOMU et le Ministère des Armées, le Camp des Garrigues étant sur le territoire couvert par le projet. Un territoire qui s’étend sur 36 communes de l’entrée des Gorges du Gardon, à Dions, jusqu’à l’embouchure du Rhône à Aramon, en passant par Nîmes et Uzès.
L’idée est de mener « un grand projet collectif pur protéger la ressource en eau, mieux la partager, redonner vie aux sols et former et sensibiliser les usagers », reprend Dominique Andrieu-Bonnet. Pour ce faire, un budget de 9,5 millions d’euros sur six ans, avec un démarrage en janvier 2026, est prévu, dont 5,7 millions d’euros de fonds européens. Tout sauf une paille : « c’est une formidable opportunité d’améliorer la capacité de notre territoire à faire face au changement climatique avec des actions concrètes », poursuit-elle.
Concrètement, il s’agit de « faire face aux effets du trop d’eau comme du pas assez d’eau », avance le président de la CCPG Pierre Prat, avec un fort soutien financier de l’Europe « qui permettra d’agir fortement, et coordonnés. » « On va pouvoir accélérer », reprend son vice-président Didier Gilles, la CCPG ayant déjà lancé la mise en oeuvre de son Plan climat air énergie territorial.
« Un véritable territoire d’expérimentation opérationnelle »
L’idée de LIFE Sources est d’agir à la fois sur la sobriété, que ce soit des agriculteurs, des habitants, communes ou acteurs touristiques, et sur les sols, en contribuant à engager de nouvelles pratiques agricoles, en renaturant des espaces urbains et plus globalement en menant des actions favorisant l’infiltration et le stockage naturel de l’eau. Bref, « activer tous les leviers disponibles pour mieux produire et sécuriser la production, comme avec la keyline design », pose Constance Helissey, coordinatrice de la candidature LIFE Sources. La keyline design est une technique d’aménagement paysager qui utilise un sillon creusé à un endroit stratégique permettant de répartir l’eau de manière uniforme sur une vallée. C’est un exemple d’accompagnement qui pourra être proposé par les acteurs du projet aux agriculteurs du territoire.
Sur le volet agricole, LIFE Sources vise aussi à créer une filière locale de compostage à la ferme, et à optimiser l’irrigation sur forage individuel. Sur le volet urbain, le projet compte accompagner à la baisse des consommations d’eau des bâtiments et espaces publics et expérimenter des solutions de gestion intégrée des eaux pluviales sur lesdits bâtiments et espaces publics. Enfin, sur le milieu anthropisé, le projet LIFE Sources a pour but d’accompagner la baisse de la consommation d’eau des hébergements touristiques et expérimenter des solutions de gestion intégrée des eaux pluviales.
Le volet formation et sensibilisation est également important. Pour le grand public, il va s’agir d’accompagner les particuliers dans la réduction de leur consommation d’eau à l’aide de solutions « low-tech », 60 foyers vont en bénéficier, de sensibiliser et mobiliser le grand public à travers une variété d’actions. Le public spécialisé bénéficiera lui aussi de cessions de formation et de sensibilisation, de journées techniques et de voyages d’étude. Avec une idée : inscrire ces actions dans le temps, et dupliquer celles qui auront fonctionné. « LIFE est un véritable territoire d’expérimentation opérationnelle », salue le maire de Remoulins et vice-président de l’EPTB Gardons Nicolas Cartailler, expérimentations qui seront suivies par les partenaires scientifiques du projet.
Notamment pour le monde agricole : « le volet agricole représente 40 % du projet, et la surface agricole 40 % du territoire, rappelle le secrétaire adjoint de la Chambre d’agriculture Philippe Cavalier. Nous travaillons depuis pas mal de temps sur ces problématiques d’eau, et il est important d’accompagner les agriculteurs sur la mise en oeuvre de ces pratiques. » Et outre la mise en oeuvre de solutions concrètes, les porteurs du projet LIFE Sources estiment ses retombées économiques à 4,2 millions d’euros pour le territoire.
