Publié il y a 9 h - Mise à jour le 10.08.2025 - Norman Jardin - 4 min  - vu 496 fois

FAIT DU SOIR  Un dimanche de bataille contre le chlore dans l’usine Hydrapro de Lédenon

Les pompiers ont lutté toute la journée pour venir à bout du sinistre.

- Photo : Norman Jardin.

Sous une chaleur étouffante, les sapeurs-pompiers du Gard ont lutté une grande partie de ce dimanche contre un incendie qui s’est déclaré dans l’usine Hydrapro à Lédenon. C’est la cinquième fois en six ans que ce site est victime d’un incident chimique.

Ce dimanche matin, aux alentours de 9h30, un incident chimique s’est produit dans une zone de stockage de produits chlorés de la société Hydrapro à Lédenon, mais qui est géographiquement plus proche de Meynes. L’évènement n’est pas anodin, car l’usine, spécialisée dans le traitement de l'eau pour les piscines, est classée SEVESO seuil haut. Le plan particulier d’intervention de l’établissement a été déclenché à 11h10 et dans la foulée, c'est le centre opérationnel départemental qui a été mis en place. Cet incident chimique a généré un important nuage de vapeurs chlorées.

« Il n’y a pas de risque pour la santé »

La population qui est située autour de l’usine, sur un périmètre de 825 mètres, a été invitée à se confiner et les habitants d’un mas voisin de l'entreprise ont été évacués à titre préventif. « Des perceptions olfactives du chlore ont peut-être été ressenties dans les villages aux alentours. Nous avons réalisé des mesures de toxicité de l’air, elles montrent qu’il n’y a pas de risque pour la santé » explique Yann Gérard le sous-préfet de l'arrondissement de Nîmes.

La perte limitée à 30 tonnes

« Dans un premier temps, nous avons mis en sécurité tous les stockages qui étaient attenants à la cellule qui brulait. Cela a permis de limiter la perte à 30 tonnes de chlore. Dans un deuxième temps, nous avons évacué les résidus de combustion et récupéré l’ensemble des produits liés à la décomposition du chlore tout en finissant l’opération d’extinction » détaille le lieutenant-colonel Bruno Marcel qui supervisait l’intervention des sapeurs-pompiers. 

Le vent s’est avéré un précieux allié des pompiers

Les drones ont permis de se rendre compte de l’étendue du sinistre dès l’arrivée des premiers secours. Ils permettent aussi de voir en infrarouge pour localiser de façon précise la position du sinistre. Sur place, 88 sapeurs-pompiers et 35 engins aidés et accompagnés par des éléments du service départemental de secours des Bouches-du-Rhône, spécialisé dans le risque chimique, ont bataillé sous une chaleur qui avoisinait les 40 degrés. Cette fois, le vent, d’ordinaire ennemi des pompiers, s’est avéré un précieux allié puisqu’il a limité le nuage de chlore sur place et facilité la tâche des soldats du feu.

Frédéric Beaume, le maire de Lédenon. • Photo : Norman Jardin.

« Ça commence à faire beaucoup »

Après le 2 juin 2019, le 4 mai 2020, les 4 et 7 juillet 2023 il faut rajouter 10 août 2025 à cette liste d’incidents dans l’usine Hydrapro. L’histoire se répète et cela interpelle Frédéric Beaume, le maire de Lédenon : « Ça commence à faire beaucoup. Les dirigeants d’Hydrapro vont être convoqués et nous participons toujours au débriefing de ce que font le SDIS (NDLR Service départemental d'incendie et de secours) et la DREAL (NDLR Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement). Nous n’hésitons pas à donner notre avis. Je vais peut-être demander l’élargissement du périmètre de confinement ».

Aucune victime n’est à déplorer et les gendarmes du Gard ont effectué les premières constatations. Dès mardi matin, les services spécialisés de l’État dans les évènements de risques industriels mèneront les premières inspections.

Le communiqué de presse Hydrapro envoyé ce 10 août

L’entreprise HYDRAPRO est spécialisée dans les produits de traitement de l’eau pour les piscines. Le site est soumis à la réglementation des installations classées pour la protection de l’environnement sous le régime de l’autorisation pour le stockage et l’emploi de substances ou préparations dangereuses pour l’environnement. HYDRAPRO exploite depuis octobre 2012 une usine de fabrication, conditionnement et stockage de produits chlorés pour le traitement de l’eau sur le site de Lédenon, Lieu-dit «Pazac -Mas de Gleyze ». Le site est implanté à environ 3 km au Sud du bourg de Lédenon et 3 km à l’Ouest du bourg de Meynes, à l’écart de toute zone urbanisée, à proximité de la RD 500. La société propose 4 familles de produits sous forme solide ou liquide destinées aux propriétaires de piscines ou de spas (privées ou publics), aux distributeurs et aux professionnels de la piscine. HYDRAPRO a une capacité de production d’environ 7 000 tonnes par an de produits solides. L’activité de fabrication consiste en des mélanges à température ambiante de matières premières sous forme de poudre au sein de mélangeurs spécifiques. Aucune réaction chimique n’est mise en œuvre. HYDRAPRO relève actuellement du régime de l’autorisation SEUIL HAUT. Le risque principal lié aux produits chlorés est un risque de fumée toxique dans le cadre d’un incendie.

Qu’est-ce qu’un site Seveso ?

La directive Seveso impose aux États membres de l’Union Européenne d’identifier les sites industriels à risque pour y maintenir un haut niveau de prévention. Les sites Seveso produisent ou stockent des substances pouvant être dangereuses pour l’homme et l’environnement. Ils sont soumis à une réglementation très encadrée qui vise à identifier et à prévenir les risques d’accident pour en limiter l’impact. Un établissement est classé Seveso en fonction de la quantité maximale de substances dangereuses susceptibles d’être présentes. Ces substances dangereuses sont listées dans la directive Seveso et ont été reprises au niveau national dans la nomenclature des installations classées pour la préservation de l’environnement (ICPE).

Norman Jardin

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